C'est un jeune homme ou presque- vingt sept ans, comme cela parfois paraît loin. Au milieu des convives d'une brasserie bruyante, un pléonasme, il dénote par un côté Meaulnes et joue tout autant de son ancrage contemporain: musicien d'aujourd'hui, Victor Julien-Laferrière, Premier prix du concours international Reine Elisabeth de Belgique 2017, avance avec détermination.
"Je suis né dans une famille de musiciens, dit-il, la musique a toujours fait partie de mon environnement. Les amis de mes parents étaient musiciens, les vacances se confondaient avec les festivals ou bien les stages que l'on pouvait suivre. Un enfant comme moi, passionné de musique, dans cet environnement, s'épanouissait". Les parents de Victor étaient clarinettistes - son père exerçant son art à l'Opéra de Paris. Le jeune garçon Victor ne s'est pas posé la question de savoir quel serait son métier: de façon naturelle, il se projetait dans un univers musical. Cela ne signifie pas que ce grand rêveur ne se soit jamais imaginé d'autres destins: mousquetaire ou corsaire? A l'âge de réfléchir, il fut tenté par les sciences politiques ou l'analyse de l'histoire. "Ces domaines continuent de m'intéresser, mais j'ai très tôt pris le chemin de l'étude musicale", admet-il.
Quand on lui demande s'il a prolongé les passions familiales en apprenant l'art des sons, le jeune artiste sourit, surpris par la question: "La réponse qui me vient spontanément à l'esprit, c'est que j'ai commencé à vouloir jouer de la clarinette, mes parents n'ont pas trouvé judicieux de me transmettre leur propre savoir-faire; ils m'ont laissé me travailler, mais en autodidacte. En revanche, dès que je me suis tourné vers le violoncelle, ils m'ont orienté vers de bons professeurs". Honneur à René Benedetti, premier violoncelle soliste de l'Opéra, puis à Roland Pidoux, concertiste renommé, professeur du Conservatoire National Supérieur de Paris, qui l'ont formé.
Victor Julien-Lafferrière explique avoir choisi cet instrument que l'on dit si prohce de la voix humaine parce que sa grande sœur jouait du violon et du piano, son frère du cor. "Dans les familles on essaie de répartir entre les enfants différents instruments" déclare-t-il en souriant. La musique adoucit-elle, ainsi qu'on le prétend, les mœurs au sein même d'une tribu? Que nous importe ici. Ce garçon semble solide. ( A suivre...)
A écouter: "Victor Julien-Laferrière, Live at the Queen Elisabeth Competition 2017"