Alexandre Kantorow est le premier pianiste français à remporter le prestigieux concours Tchaïkovski.
Lorsqu'il y a trois ans, quelques journalistes furent invités à écouter celui que l'on présentait comme un jeune prodige, on s'était un brin méfié: 19 ans, la sortie précoce du CNSM, tout cela sonnait comme une romance. Et puis le récital avait subjugué. Tout le monde était sorti rappelé à l'ordre: contre les préjugés, le petit gars laissait bel et bien comprendre qu'un virtuose était né.
La victoire d'Alexandre Kantorow au grand prix Tchaïkovski représente un événement de première importance. Pour lui d'abord. Le voici reconnu parmi les plus grands pianistes de sa génération. Pour notre pays aussi. Sans chauvinisme, il faut rappeler ce que fut la domination, le mépris des artistes soviétiques puis des russes pour les artistes européens, Français notamment, pour faire prendre conscience de l'ampleur de ce résultat.
Dire que cela équivaut à la première victoire des pongistes français face aux chinois n'est qu'approcher une toute petite idée de la réalité. Enfin c'est un triomphe pour la singularité de l'art. "Contre le vieux bon sens gaulois qui fait commettre toutes les bêtises" , en l'occurrence qui préconise une forme de retenue, de bienséance, Alexandre Kantorow est l'homme qui a dit non. Disposant d'une maturité artistique qui lui permet de transcender les contraintes techniques, ce jeune soliste éblouit.
Le voici au firmament. Tout commence pour lui, c'est-à-dire encore mille difficultés. Mais quel succès! Le billettiste ne peut s'empêcher de songer à son père, un grand violoniste qui a consacré l'essentiel de son énergie à l'orchestre et la pédagogie, dont on dira maintenant: "Jean-Jacques Kantorow? Mais si voyons...Vous savez bien... Le père d'Alexandre..." Belle journée à tous !