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Billet de blog 28 novembre 2012

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Une semaine avec Annick Massis, III

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Lorsqu’elle était enfant, peut-être Annick Massis, au creux d’une forêt, murmurait-elle: « On dirait que je serais… » 

Formule d’alchimistes en herbe que les chanteurs et les comédiens conservent  comme un talisman. «J’ai tout aimé interpréter, reconnaît Annick Massis dans un sourire. Ma curiosité demeure. Alors, bien sûr, certains rôles m’ont profondément marquée, sans toujours que j’en comprenne les raisons. J’ai, par exemple, adoré chanter la comtesse Adèle du "Comte Ory". Ne demandez pas pourquoi, je l’ignore moi-même. Evidemment "Lucia"…Qui m’a accompagnée toute ma carrière ». Étonnante façon de parler des personnages, commune à ceux qui pratiquent ce métier. Quand on les écoute,  on imagine presque les costumes et les visages posés sur un sofa, dans les coulisses, attendant que la cantatrice leur donne vie. La conversation roule assez vite sur la reine de l’opéra : La Traviata.

« Qui n’aime pas se projeter dans cette femme aux diverses facettes? Interroge la soprano. Sur le plan théâtral, déjà, cette figure impose de plonger en soi-même, de regarder les gouffres qui nous menacent. Au plan vocal, Verdi permet d’exprimer tous les sentiments, drames et joies, d’une manière incroyable ». Il n’est pas facile de se lancer à l’assaut de Violetta. De très grandes chanteuses l’ont portée sur la scène. Mais ce n’est pas le genre d’Annick Massis de renoncer pour autant : « Ces interprètes légendaires offrent un écho personnel qui nous enrichit, nous oblige à rechercher le meilleur chemin pour accéder à une certaine vérité ». 

Les émotions que l’artiste peut ressentir atteignent une telle intensité qu’il faut recourir au paradoxe de Diderot pour ne pas tomber. Se regarder jouer, prendre du  recul. « La dernière fois que je l’ai chantée, c’était à Liège, au printemps dernier, sous un chapiteau, se rappelle Annick Massis. Je me trouvais à un mètre de l’orchestre, au point de percevoir chaque sonorité, la respiration des musiciens. Le public n’était guère plus éloigné. C’était à la fois formidable, une impression comme autrefois pouvaient l'éprouver les gens qui se produisaient dans les cabarets, mais cela m’a perturbée, parce que cette promiscuité m’invitait au mimétisme plutôt qu’à l’expression d’une singularité ». Tandis que la chanteuse évoque cette aventure, un soleil glisse au dessus du zinc, en douce, consolation matinale aux souvenirs chafouins.

A suivre…

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