La journée d'hier a donné l'occasion d'une pause, à la semblance du carré vide, au coin gauche-ou droite? de la maison de "La Vie mode d'emploi". C'est aussi par l'incomplétude que la vie peut vraiment s'installer.
Ce matin, le souvenir des quatre garçons dans le vent de la Libération s'épanouit. "La confiture" à l'aube et l'"entrecôte" au crépuscule; entre les deux, toute la tendresse du monde. Alliage singulier d'exactitude et de spontanéité, les "Frères Jacques", avec le temps, sont devenus l'un des plus beaux trésors de la musique.
Avez-vous tenté l'expérience? Glissez pour un enfant de sept ans l'un de leurs disques sur la platine. Aussitôt, la petite fille ou le petit garçon devient l'adepte de ces drôles de zig- sans renier pour autant les "Variations goldberg" auxquelles ses parents l'ont initié, car la musique de Bach...enfin bref, ne nous égarons pas...
Les Frères Jacques ont eu deux "George Martin": Pierre Philippe, un pianiste élégant, trop souvent sévère à leur égard et Hubert Degex, accompagnateur un brin plus jazzy qui prit la relève en quelques mois. Georges Perec a écrit: "Je me souviens que deux des Frères Jacques ont vraiment frères et qu'il s'appelle Bellec". Des quatre amis, deux seulement survivent: Paul Tourenne et Georges Bellec.
En leur hommage, une question: "lesquelles, parmi les chansons qu'ils ont interprétées vous touchent le plus?" Pour lancer le débat, ces trois propositions: "Quartier des halles", "La marquise a dit", "La branche".