Le parolier, poète et producteur de musique Pierre Barouh- que l'on voit ici en compagnie de Nicolle Croisille- est mort hier, à l'âge de 82 ans.
Contrairement à ce que l'on croit souvent, ce n'est pas grâce aux immenses droits d'auteurs que lui avaient procuré le succès de la chanson "Un homme et une femme" qu'il avait fondé Saravah, label qui lui permit de faire connaître ou de soutenir des dizaines d'artistes venus d'Amérique du sud ou de la butte Montmartre. Au contraire: c'est dans l'espoir de récolter les fonds nécessaires à l'achèvement du tournage de ce film que Pierre Barouh créa cette belle aventure artistique. Une générosité qui signe les hommes de convictions.
Notons au passage qu'il n'a jamais écrit: "chabadabada", onomatopée que l'on attribue toujours à la chanson du film, mais "voix badabada"...Qu'importe, ou presque. Un parolier n'est pas un homme de lettres mais d'images. Il est poète, mais il offre ses intuitions au compositeur de la mélodie. Inversement, le compositeur d'une chanson ne peut se confondre avec un symphoniste, parce que les mots lui sont indispensables. En deux mots, Pierre Barouh n'était pas Kundera, Francis Lai ne s'est jamais pris pour Gustav Malher. Et pourtant, l'alliance de leur talent n'en constitue pas moins l'une des sources les plus belles de nos plaisirs contemporains. Telle est la grandeur d'un art non pas mineur mais trivial: partir de l'émotion, de l'instinct, pour atteindre au sublime.
On se souvient d'avoir croisé Pierre Barouh lors de la cérémonie d'hommage à Roger Pic, un photographe merveilleux qui demeurait dans une allée du quartier Montparnasse. Avec humilité, douceur, il avait prononcé quelques mots, simples et vrais.
Les gazettes- qui, dans la savane Internet, volent plus qu'elles ne courent, avec une aisance qui subjugue- rappellent depuis ce matin qu'il y a quelques semaines avait été célébré l'anniversaire du label Saravah. Ce terme signifie: "bénis sois-tu". On ne saurait mieux dire...