Le nouveau livre de Rémi Jacobs et François Anselmini retrace l'histoire d'un fameux trio.
Disons-le tout net, c'est une invite à la joie de vivre en musique. Thibaud de Bordeaux, Cortot de Bourgogne et de Suisse, Casals de Catalogne: on ne pouvait concevoir des chemins, des tempéraments plus dissemblables. Et pourtant ces artistes que rapprochaient non seulement l'excellence mais encore une conception passionnelle de l'interprétation se sont pendant quelques années considérés comme des amis véritables.
En un style clair, alerte, élégant, les deux musicologues évoquent la fougue de ce trio qui a su porter très haut la musique de chambre. Ils ne masquent rien non plus des chamailleries, ni de la fracture tragique des années trente et quarante.
Encouragés par leur admirateur Léon Blum à se produire en scène, dreyfusards tous les trois, Cortot, Casals et Thibaud se divisent devant le totalitarisme. De cette rupture, la figure de Casals émerge en modèle, quand ses camarades se compromettent-gravement pour Cortot. La réconciliation du violoncelliste et du pianiste, en un dernier concert à Prades -le violoniste ayant disparu dans un accident d'avion quelques années plus tôt- bouleverse et constitue le plus bel hommage à la musique.
Un très bon livre, qui décrypte les partitions sans jamais ennuyer, qui donne envie d'écouter, plusieurs fois par jour, ces trois artistes d'exception.
A lire:
"Le trio Cortot-Thibaud-Casals" par François Anselmini et Rémi Jacobs. Editions Actes-Sud 243 pages, 22,80 €