Revenir à la musique, enfin. Le chant, ce sera pour une autre fois.
Michel Plasson ne s'est pas contenté de plonger dans la fosse- aux musiciens, aux lions, c'est tout comme en certaines villes- ainsi qu'en témoigne le coffret de musique française toujours disponible aujourd'hui.
La marque de ce chef d'orchestre, quand on y songe, est bien la volonté de laisser vivre son inspiration. "J'ai joué sous la direction de Charles Munch, aime-t-il à rappeler. Il dressait un tableau qui n’existait que dans sa rêverie, mais nous serions morts pour lui parce qu'il faisait surgir une vérité musicale. Quoiqu'il nous ait beaucoup influencés, je n'ai jamais cherché à l'imiter: c'eût été me tromper, tromper les autres, me fourvoyer". Sage conduite, liberté qui permet, paradoxe ultime, au disciple de se rapprocher du maître. On savoure en sa compagnie les cordes chaleureuses et profondes, un mouvement fluvial des émotions. Sous la direction de Michel Plasson cependant l'architecture et le nerf de l'oeuvre demeurent- à défaut de quoi les instrumentistes se divertissent à la façon d'un sous-préfet au champ.
Cet équilibre le signe, autant que l'amitié, l'attention, la fraternité qu'il dispense au premier regard. Un musicien comme on les aime.
A noter:
-"Michel Plasson et la musique française", coffret de 37 CD, label EMI Classics
-"Michel Plasson et l'Opéra Français", coffret de 37 CD, label Erato.
-Michel Plasson dirige Werther de Massenet à l’Opéra de Paris jusqu'au 12 février 2014. Mise en scène de Benoît Jacquot. Avec Roberto Alagna, Jean-François Lapointe, Karine Deshayes, Hélène Guilmette, Jean-Philippe Lafont.