Il est de bon ton, ces jours-ci, de reconsulter les classes populaires, la population en général, les votants et les non-votants, les sans-dent et les appareillés. Après les « conventions citoyennes », Grenelle, Bauveau, Ségur ou autres forfanteries, et à la suite des « grands débats » ou des relevés de « doléances », voici réapparaitre un engouement pour le référendum. On apprendra peut-être un jour à quels montants se sont élevées ces opérations, pour peu bien sûr qu’on en retrouve l’archive dans quelque tiroir oublieux.
Des référendums, donc. Sans doute avec des questions simples, que tout le monde pourra comprendre : pour ou contre moins d’agences d’État pour faire des économies ? Ou encore : convenez-vous d’une dette insupportable, que tout nous presse de rembourser ? Voire, en plus accessible : doit-on réduire les déficits ?
À propos d’agences, on en compterait dans le pays près de 1200. Dit comme ça, cela fait en effet beaucoup. Parmi celles concernées, la CNIL (https://www.cnil.fr/fr), l’ADEME (https://www.ademe.fr/), le Conservatoire du littoral (https://www.conservatoire-du-littoral.fr/), mais aussi les universités – entre autres.
Justement ! Le moment n’est-il pas opportun pour en débattre, alors même que la Science a le vent en poupe ? En témoigne le show présidentiel, ce 5 mai 2025, autour de l’« inédite » initiative « Choose Europe for Science », dotée d’un budget top et et d’une com à tout casser. Initiative quelque peu singulière, diront d’aucuns rabat-joie, de la part d’un pouvoir politique dont les services ont placé les trois quarts des universités en faillite, déchaussé leurs personnels et fait déguerpir de nombreuses pointures. Qu’on le veuille ou non, détricoter tout ce bazar fait partie du travail…
Et les think tanks – eux ou les magazines et encyclopédies en ligne qu’ils subventionnent – de se déchainer tantôt sur les opérateurs publics, avec cette implacable conclusion : la plupart de ces agences ne répondent que peu ou pas du tout aux standards des ODAC maastrichtiens (https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1091). D’aucuns influenceurs ou commentateurs évoquent à cet égard le fabuleux exemple argentin, consistant à repartir d’un budget « zéro », à charge ensuite pour ces fichus machins de justifier « la légitimité de leurs actions ». Certes, on imagine mal une consultation des citoyennes et des citoyens sur ce qu’il nous appartiendra d’en conclure, du type : vu les justifications apportées, quel budget concéderiez-vous à telle agence ? La conserveriez-vous ? Cela ferait 1100 référendums at least... à moins de regrouper les questions?
Pour simplifier à nouveau, autant à ce moment-là confier la tâche à des cabinets « indépendants », dont l’implication dans les services de nos ministères s’est accrue proportionnellement à la diminution… du nombre d’opérateurs de l’État, de leur côté en baisse constante depuis 2010 (cf. sur ces points le rapport n°578 (2021-2022), tome I, du Sénat, et celui sur les opérateurs annexé au PLF pour 2025 : https://www.senat.fr/rap/r21-578-1/r21-578-1.html / https://www2.assemblee-nationale.fr/static/17/Annexes-DL/PLF2025-Jaunes/22-Jaune_operateurs.pdf).
Notons, en passant, que parmi les agences « débattues » figurent la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF), le Groupement d’intérêt public de l’enfance en danger (qui gère notamment la plateforme du 119), l’Institut national des jeunes sourds (INJS) ou encore les Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH). Il n’est pas certain que les enfants et leurs familles soient les premiers bénéficiaires desdites discussions.
Et encore moins des conclusions.