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Billet de blog 12 août 2025

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Discernement

Qu’est-ce que faire preuve de discernement ? Avant tout, prendre les faits tels qu’ils sont, sans présupposé, et en parler dans des termes que tout le monde peut comprendre.

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Que se passe-t-il à Gaza ? Voici des enfants affamés dans la poussière des camps, déplacés et tirés à vue devant des sacs de farine. Pères, mères, cousins sont là-bas, quelque part dans la misère ou sous les amoncellements de béton. Les débris de l’enclave parlent d’eux-mêmes : on peut tout prétexter, éliminer preuves et témoins, têtus sont les charniers. Les décombres eux-mêmes décrivent une géographie du Mal qu’une frange de fanatiques tente de banaliser.

L’Histoire nommera bientôt ce que sont devenues Jaballa, Beit Hanoun, Deir al-Balah, Gaza, Khan Yunis et Rafah : le portrait de l’infâmie, celui de la plus ignoble des oppressions, dont l’archive montrera qu’elle n’a pas débuté ce non moins infâme 7 octobre 2023.

Nommons les faits : la bande de Gaza est devenue un cimetière, celui de toutes les hontes et des plus basses exécrations. Que nous rappellent les déclarations du furieux Netanyahou consistant à vouloir « nettoyer » l’enclave des Palestiniens ? Qu’exprime cette « Autorité d’émigration », instituée en mars 2025 pour organiser le déplacement généralisé des Gazaouis vers des pays tiers ? Rien de moins qu’une déportation, de celles qu’a vécues le peuple Juif opprimé lui-même, lui-même victime du pire, dans les périodes les plus funestes de notre histoire contemporaine.

Certains présidents sans envergure, marionnettes d’un folklore hypocrite n’appelant à la reconnaissance d’un État palestinien que pour mieux la conditionner le moment venu, semblent durcir le ton depuis quelques semaines. Qui peut encore les croire, quand en juin dernier un discret cargo est venu chercher à Fos-sur-Mer, près de Marseille, des tonnes de munitions et de pièces pour les mitraillages infligés aux civils palestiniens ? Quand en juillet 2024, un aéroplane ayant transité par Paris a largué trois bombes de 900 kg à Al-Mawasi, ainsi qu’à Khan Younis, tuant au moins 90 civils ? Mediapart a aussi clairement documenté, dès septembre 2024, « l'opacité sur les millions d'euros d'armes françaises livrées » à l'État hébreu, reprenant notamment un rapport du gouvernement établissant que la France a livré pour 30 millions d'euros d'armes à Israël rien qu’en 2023.

Comme le rappelle France 24 (Jean-Luc Mounier, 12 juin 2025), le ministère des Armées français a prétendu à Mediapart avoir « suspendu certaines licences d'exportation d'armement accordées à Israël » tout en précisant, dans ce en même temps si pitoyable qui caractérise l’actuelle diplomatie française, « que ces suspensions ne concernent pas la catégorie des "bombes, torpilles, roquettes, missiles, autres dispositifs et charges explosifs" ». Tout est dit.

Pour décrire ce qui se passe sur place, rien de tel que rapport de l’UNICEF du 28 mai dernier : « Depuis la fin du cessez-le-feu le 18 mars, 1 309 enfants auraient été tués et 3 738 blessés. Au total, plus de 50 000 enfants ont été tués ou blessés depuis octobre 2023. Combien d’autres petites filles et petits garçons devront encore mourir ? Quelle atrocité devra encore être diffusée en direct pour que la communauté internationale se mobilise pleinement, use de son influence et prenne des mesures fortes et décisives pour mettre fin à ce massacre impitoyable d’enfants ? ».

« Plus d’un enfant tué par heure » : on ne peut mieux résumer ce qui se déroule sous nos yeux dans l’enclave palestinienne, que ne le fait le Washington Post du 30 juillet 2025.

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