En ce temps-là l'Occident ronronnait.
Nous étions tous d'heureux consommateurs,
endormis sur de pieuses valeurs
et une tranquillité de bien nés.
Nous jouissions d'une santé de nantis :
problèmes de gras, de cœur et de dépression,
mais rien qui ne pouvait être anéanti
par l'industrie et ses prescriptions.
Les financiers avaient raflé la mise,
imposant en ville et à l'hôpital
leur algorithme néolibéral.
Aux soignants des queues de cerise,
temps limité en convalescence
et moins de lits aux urgences.
Du jour où frappa coronavirus
la dégradation des capacités d'accueil
expédia direct au cercueil
les hommes par milliers comme des puces.
Par cette vue basse nous fûmes contraints
de vivre guère mieux que des rats.
Chacun chez soi ! Que s'arrêtent vols et trains !
Désormais de ton voisin tu te méfieras…
Depuis, chers amis, nous confinons,
qui dans son jardin, qui dans sa cité,
certains paisibles, d'autres plus agités,
de toute façon, impossible de dire non.
Allons-nous pour autant nous remuer,
contenir nos instincts prédateurs
et de la nature ne plus être destructeur ?
A nous de choisir : disparaître… ou évoluer.