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Billet de blog 7 février 2011

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Les bourgeois selon Libé

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A lire l’éditorial de Laurent JOFFRIN ce lundi dans Libération, le monde serait donc rempli de petits bourgeois peureux plus occupés à préserver leur situation qu’à œuvrer pour la démocratie et les droits de l’homme. Ce qu’il y a de pernicieux dans l’éditorial de Monsieur JOFFRIN, c’est son manichéisme : on est soit au côté du « valeureux peuple en marche vers la liberté et la démocratie », soit le sbire de la dictature.
Ce qui n’empêche pas le journal Libération de nous expliquer samedi dernier dans un long article fort bien documenté que ce n’est pas le peuple tunisien et la révolution du jasmin qui ont mis fin au régime Ben Ali mais seulement les manœuvres en coulisse de quelques-uns et surtout du ministre de l’intérieur.
Monsieur JOFFRIN, le monde n’est ni noir, ni blanc. Car le monde est gris. Il peut être au mieux gris clair et souvent gris foncé, mais il est gris et un seul principe guide l’homme depuis la nuit des temps : Il protège ses intérêts.
Il faut être bien naïf pour croire que les classes moyennes égyptienne ou tunisienne, tous les possédants d’aujourd’hui, sacrifieront leurs biens contre un espoir, en plus bien lointain, de liberté et de démocratie. Que s’est-il passé en France en 68 ? Le même phénomène de crainte des classes moyennes qui a abouti à une contre-révolution dans les urnes…
Personne ne commente le fait que la contestation en Egypte ne représente qu’un à deux millions de personnes sur une population de 100 millions d’individus. Que pensent les 99% de la population Egyptienne ? Ils pensent à leur présent immédiat et à préserver la situation qu’ils ont réussi, dans un monde beaucoup plus difficile que le notre, à se créer ou les maigres biens qu’ils ont pu accumuler jusqu’ici.
Aux dernières nouvelles, la démocratie n’a jamais mis du beurre dans les épinards. Car les revendications des manifestants, essentiellement des jeunes, ne sont que des revendications à court terme et bien compréhensibles d’ailleurs : du pain et du travail ! Or, qu’adviendra-t-il à court terme de la situation sociale de la Tunisie et de l’Egypte, si, comme il est probable, leur économie se retrouve rapidement en lambeaux.
Et qui empochera les fruits politiques du désastre économique ?
Pensez-vous que c’est la démocratie qui nourrira les peuples ?
La Tunisie, tout le monde s’en fout. On y va en vacances, même nos ministres, mais le pays ne présente aucun enjeu stratégique. Pas de pétrole, pas de frontières avec Israël ou les pays du Golfe… D’ailleurs depuis la fuite de Ben Ali qui parle de la Tunisie ? Les gens ont-ils trouvé miraculeusement du travail, de quoi se nourrir et vivre décemment ? Il n’y a plus un touriste et je me demande bien avec quoi le minot de Tataouine qui vendait ses crayons au bord de la route survit aujourd’hui…
L’Algérie, c’est réglé. Il y a du gaz et du pétrole. Terminé, il n’y a rien à voir. Les chinois pourront tranquillement continuer à envoyer leur main d’œuvre construire les bâtiments…
Et l’Egypte, c’est encore pire avec sa position stratégique et son canal de Suez. On diabolise Moubarak mais personne ne s’offusque que le pouvoir soit désormais confisqué par le patron des services secrets…Le patron des services secrets ! Voilà un homme qui n’a sûrement rien fait de répréhensible…
Finalement, tout est une question d’échelle. Selon l’observatoire des inégalités, les 10% de Français les plus riches possèdent 46% de la fortune nationale…Ok, en Tunisie, c’est peut être 1% qui possédaient 80% des richesses.
On nous rabâche sans cesse la corruption et les biens mal acquis. Mais aux dernières nouvelles les entreprises du clan Ben Ali employaient des gens et dégageaient des bénéfices, souvent d’ailleurs grâce aux partenariats noués avec nos entreprises du monde dit libre et démocrate. Quelle est donc la différence avec les retraites chapeaux et les primes mirobolantes que se versent les quelques dirigeants de nos grand groupes occidentaux. Tout est une question d’échelle…
On nous dit que le scandale c’est le népotisme et que toutes les richesses profitaient aux membres d’une seule famille, ce que d'ailleurs vient démentir l'affaire du copain Miled de MAM - Michèle A L'OEIL Marie. Mais quelle est la différence lorsque notre président nomme qui à la tête d’une banque, qui à la tête d’un groupe de télécommunications ou qui à la tête de la télévision publique. Ou quand son fils se présente pour diriger un organisme public fort lucratif ? Tout est une question d’échelle.
La seule différence et elle est de taille, c’est qu’en France nous avons encore le droit de dire tout cela sans être inquiété physiquement. Pour combien de temps ? Là est la question. Remarquez bien que nous ne vivons qu'un semblant de démocratie puisque nos gouvernants sont capables de revenir par voie parlementaire sur la décision souveraine du peuple....

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