À Vichy, cité thermale, patrimoine de l'UNESCO, ville qui se veut pôle sportif, la municipalité a fermé, en septembre dernier, une école élémentaire d’un quartier populaire du centre-ville, école classée REP, qui était largement fréquentée par des élèves du bas de l'échelle sociale, laissant orpheline l'école maternelle, également classée REP, qui envoyait les petits devenus grands dans cette école.
Cette école maternelle est la suivante sur la liste, à moyen terme.
À titre informatif, cette école élémentaire était la plus ancienne de la commune et apparaît dans un album jeunesse : Avant La Télé.
La tendance actuelle est au regroupement d'écoles afin de créer de grosses écoles primaires, rouleaux compresseurs pour les élèves fragiles de ces milieux populaires et pour leurs familles : allophones, écrans omniprésents, mal logement, violences … Au passage, on supprime le classement REP.
Il est bien évident qu'on ne ferme pas une école en claquant des doigts. Les édiles s'organisent comme suit :
Phase 1 : fermeture de l'élémentaire qui oblige les élèves à fréquenter une école plus éloignée de leur domicile, on parle ici de familles qui n'ont pas de véhicule ( à Vichy, les bus, c'est toutes les 20 minutes … ) et de près de 30 minutes de marche quand on est accompagné de tout petits.
Phase 2 : cette scolarisation des plus grands incite les parents à scolariser les plus petits dans l'école maternelle à côté de l'école des plus grands.
Phase 3 : on vide l'école maternelle du quartier.
Phase 4 : on ferme l'école maternelle par manque d'élèves.
Et comme on a affaire à des parents qui sont dans des situations délicates ou allophones, aucune protestation. Certains parents votent, d’autres marchent.
Dans ces conditions, comment permettre à ces élèves d'acquérir les valeurs de la république, quand celle-ci, par l'intermédiaire d'élus, les maltraite dès leur plus jeune âge ?
La bienveillance universelle est à la mode mais l'élève n'est plus au centre du système éducatif. Seule la logique comptable l’est.
La guerre public / privé est une réalité à Vichy. Les élèves du public ont classe le mercredi matin, pas ceux du privé puisque le maire ne souhaite pas passer à la semaine de 4 jours. Les petits deux ans peuvent fréquenter l'école à la journée dans le privée, pas ceux du public puisque la Directrice Académique des Services de l’Éducation Nationale s'oppose catégoriquement à la scolarisation des tout petits à la journée ( alors que ces élèves en auraient bien besoin et que ceux des départements alentour le peuvent ).
Les parents peuvent protester, être écoutés mais sans grand espoir d'être entendu. Certains, à l'annonce de la fermeture envisagée de leur école, étaient en larmes.
Cette école est dynamique et le personnel fait tout pour pouvoir apporter à ces petits élèves une sérénité que beaucoup ne connaissent pas au quotidien.
Quels genres d'adultes deviendront-ils ?