Reprenons au début. Le programme de score social de la République Démocratique de Chine, c'est un projet d'attribuer à chaque citoyen une note. Elle variera en fonction des actions quotidiennes :
"S’occuper de ses parents âgés, élever ses enfants, rembourser ses crédits et relayer les informations émanant du gouvernement font gagner des points, tandis que critiquer le gouvernement sur Internet, acheter des jeux vidéos ou avoir de « mauvaises fréquentations » sur les réseaux sociaux en font perdre."
Les conséquences seront lourdes : accès à l'emploi, au crédit, au logement et aux déplacements seront conditionnés à cette note. Je vous laisse imaginer les conséquences en termes d'autocensure et de trappe à pauvreté : une fois logé dans une banlieue en ruine avec interdiction d'en bouger, bon courage pour faire remonter ta note ! Une victime a même déclaré : « C’est encore pire que d’être en prison, parce qu’au moins une peine de prison est limitée. »
Heureusement, je vis en France, et un tel cauchemar techno-futuriste ne pourra jamais nous arriver. Jamais ?
Il existe pourtant un score social, lourdement encadré par le gouvernement, qui suit chaque Français depuis sa naissance. On l'appelle familièrement le pognon. Le blé. L'argent. Rien à voir avec le crédit social chinois ?
Lorsque j'ai eu l'idée de cet article, je pensais lister les similitudes et les différences entre les deux systèmes. J'ai beau chercher, les différences m'échappent.
L'État définit-il votre quantité de monnaie ? La réponse est oui, par une multitude de mécanismes. Les impôts. Les allocations. Les lois.
Ces mécanismes visent-ils à contrôler le comportement des habitants ? Encore oui. Mariez-vous, payez moins d'impôts. Enfreignez la loi, recevez une amende.
Les moins bien notés subissent-ils des restrictions importantes aux logements accessibles, à l'emploi et aux déplacements ? Trois fois oui.
Ça remonte un peu, mais qu'est-ce qui a poussé les gilets jaunes à la révolte au départ ? De nouvelles taxes sur le carburant. Que demandent les révoltes populaires ? Que les scores les plus hauts baissent et que les plus bas remontent.
En conclusion, le score social chinois est une aberration effroyable, une machine à broyer les gens qui se montrera d'une rare efficacité. Et cette paille dans l'œil de notre lointain voisin nous fait oublier la poutre dans le nôtre : la France utilise déjà une version artisanale du même système ! Avec le succès que l'on sait : en 10 années, 600 000 Français sont passés sous le seuil de pauvreté !