4,5 milliards de pesos (270 millions d’euros), c’est la somme débloquée en urgence par le gouvernement mexicain pour aider la population à surmonter la flambée des prix alimentaires. Début mai, l’inflation - 4,5% sur les douze derniers mois - a brutalement décollé. En quinze jours, la seule tortilla, la galette de maïs nationale, a connu un bond de 22% ! Ce plan de sécurité alimentaire suffira-t-il ?
"Nous ne laisserons pas les familles les plus pauvres payer les conséquences d'une situation causée au-delà de nos frontières", a réagi dimanche dernier le président Felipe Calderon. Ses mesures prévoient d’ici juillet une aide de 120 pesos (7,3 euros) par mois, destinée aux 5,2 millions familles mexicaines en extrême pauvreté. Pour stabiliser leur pouvoir d’achat, les taxes sur le blé, le maïs, le riz, le sorgho et les pâtes de soja seront supprimées, alors que celles sur le lait en poudre doivent être réduites de moitié. Les mesures du gouvernement comprennent également "la promotion de la production alimentaire et l'élévation de la productivité des régions rurales mexicaines". Une réaction rapide, dont se félicite les leaders du PRI (Parti de la révolution institutionnelle) au pouvoir durant 71 ans jusqu’en 2000.
Mais les députés de gauche ne partagent pas cet avis : « Ce plan est tardif, insuffisant, médiatique et démagogue », critiquent-t-ils en fustigeant l’Alena (Accord de libre échange nord-américain entre le Mexique, les Etats-Unis et le Canada). Selon l’opposition, le Mexique a perdu sa souveraineté alimentaire avec l’ouverture totale des marchés agricoles, imposée par l’Alena depuis le 1er janvier dernier. « Doper nos importations ne réglera pas le problème. Il faut un plan beaucoup plus dynamique, incluant une hausse de 20% des salaires », pointe Ricardo Monreal, sénateur du PRD (parti de la révolution démocratique). Au Mexique, le salaire minimum plafonne à 3,5 euros par jour.