La recherche médicale vient de faire une nouvelle découverte : certains cancers de la gorge, chez l'homme, pourraient être causés par le papillomavirus, un virus susceptible d'infecter les muqueuses sexuelles de nos compagnes.
Il est évident, et d'ailleurs tout le monde l'aura compris, que la contagion n'a pu avoir lieu qu'à l'occasion de caresses bucco-génitales, dont les femmes nous certifient qu'il est tout indiqué de les débarrasser du T pour qu'elles deviennent bucco-géniales. À ce propos il est intéressant de noter que fréquemment ces petits jeux se pratiquent lors d'un « cinq-à-sept », c'est-à-dire à l'heure du thé, alors qu'il n'est pas du tout question de thé. Tout est logique.
Pour les Pompéiens le cunnilingus était l'acte sexuel le plus infamant. Dès lors, le terme était devenu la plus déshonorantes des insultes qu'ils pouvaient lancer à leurs ennemis. Par association d'idées on en vient à penser au Président Félix Faure qui est mort dans les bras de sa maîtresse en 1899. La situation a bien évidemment fait des gorges chaudes (mais pas cancéreuses) et un journaliste la magnifia en lançant : « Il voulait être César, il ne fut que Pompée ».
Aujourd'hui, si l'on veut injurier quelqu'un en restant dans une proximité de termes on dirait plus volontiers : lèche-cul. Somme toute, c'est nous éloigner fort peu de notre sujet. C'est d'ailleurs ce qui se raconte dans les cours d'école et fait rire les potaches à gorge déployée (Aïe ! Aïe ! Aïe !) quand ils se demandent pourquoi Dieu a installé la salle de jeu si près des toilettes.
Si cette caresse sexuelle était jugée dégradante au temps de Pompéi, il semble que, après un retour en grâce, elle soit désormais considérée comme dangereuse, et que procédant d'une espèce de réapparition d'un châtiment moral quasi divin, venant punir le trop grand laxisme contemporain, la sexualité, qui devrait être source de vie, après le sida et son œuvre de mort, étende l'ombre des ténèbres infernales sur de nouveaux territoires
Cunnilingus vient de cunnus « vulve » et lingere « lécher ». Cunnus a donné aussi « connin » en vieux français qui est devenu ensuite « con », désignant à l'origine le sexe féminin, mais qui a perdu largement cette acception pour n'être plus qu'une insulte. Il semble bien, que de ce côté-là nous n'avons pas évolué depuis nos ancêtres Pompéiens.
Des spécialistes de la langue (dans notre cas c'est tout indiqué) reconnaissent aussi une source populaire qui trouverait à son origine « cuni » qui, en latin, veut dire lapin. C'est une explication très intéressante car elle rattrape des fantasmes présents partout. Il en va ainsi, par exemple, des fameuses Bunnies du magazine Playboy, portant des oreilles de lapin sur la tête et une petite touffe de poil sur les fesses en guise de queue. Et même le logo de la revue est une tête de lapin portant un nœud papillon.
Cela se retrouve aussi dans le langage populaire puisque dans certaines langues (pas du tout mortes, même très actives) on dit « lapin » pour désigner le sexe féminin. Alors que chez nous, nous avons glissé vers la chatte, passant donc d'un rongeur à un carnivore. Le lapin grignote des carottes. Lapine et carotte, cela va bien ensemble, et ce n'est pas Charlotte qui le démentira. Ni la cuisinière du couvent : « Mes sœurs, aujourd'hui carottes.... « Aaaahhhhh !!! » …. râpées... « Ooooohhhhhh !!! ». Le lapin n'est pas loin non plus lorsque une expression comme « brouter le minou » a l'air de faire de nous des herbivores qui broutent.
Mais il semble que le lapin évoque trop la tendresse ou la douceur, voire l'enfance, pour que nous lui préférions la chatte, un animal carnivore qui mord et qui griffe. Et qui même, désormais, peut planter ses griffes jusqu'au fond de notre pharynx et y faire des dégâts qui pourraient être mortels.
Avant nous prenions un coup de froid et nous avions un chat dans la gorge. Aujourd'hui la parité est enfin établie, et il nous est désormais possible d'avoir une chatte dans le gorge. Mais, c'est plus grave.