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Billet de blog 29 février 2016

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Une forme olympique

Le Comité Olympique a obtenu que l'Orchestre de la Loge Olympique retire l'adjectif olympique de son nom, qui pourtant existe depuis 1783. C'est médiocre, mesquin, inutile, et témoigne de la part du Comité Olympique de dispositions très éloignées des valeurs qu'il prétend défendre. Il serait donc bienvenu de signer une pétition et d'agir pour que ce bel orchestre retrouve son nom.

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Le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) a mis en demeure et obtenu que le violoniste et chef d’orchestre Julien Chauvin renonce au nom de son orchestre « Le Concert de la Loge Olympique » en faisant disparaître l'adjectif olympique dont le CNOSF s'arroge donc la seule propriété.

Julien Chauvin a ressuscité « Le Concert de la Loge Olympique » – créé par le Comte d'Ogny et Étienne-Marie de la Haye en 1783 – avec la volonté de faire revivre et rayonner l’esprit artistique et la créativité foisonnante de cette période. C’était l’une des formations musicales préférées de la reine Marie-Antoinette. Constitué de près de soixante-cinq musiciens, il était l'un des plus grands orchestres d'Europe, et les meilleurs instrumentistes, solistes, compositeurs et chanteurs ont joué en son sein.

Alors que l’ensemble rencontre aujourd’hui reconnaissance et succès sous ce nom, il se voit forcé de renoncer à son identité musicale par le CNOSF qui fait valoir des droits sur le mot olympique, lequel est pourtant utilisé, en France, par 1694 entreprises commerciales et 136 marques.

Si une telle décision est entérinée, demain tous les mots pourront être privatisés et il faudra payer pour écrire, voire pour se servir de non propre nom, pour peu que quelqu'un l'ait déposé avant. Inutile de dire dans quelles dérives cela nous engage.

D'autre part, on voit mal comment un orchestre de musique classique pourrait concurrencer ou tirer profit de la notoriété des Jeux Olympiques pour se produire dans des salles de concerts ou des festivals dédiés à la musique classique.

Et quand bien cela serait, les responsables des organismes du sport ne pourraient que se réjouir et se féliciter d'avoir ainsi contribuer à la diffusion de la Culture, témoignant ainsi qu'ils ne sont pas uniquement repliés sur le muscle et la performance. D'autant plus que la Culture est fort mal en point, que chaque jour des orchestres, parfois plus que centenaires, des festivals, cessent d'exister faute des moyens de leur survie, dans ce monde totalement matérialiste. Alors que, plus que jamais, nous avons besoin d'une culture classique qui nous apporte un supplément d'âme, les moyens de sublimer notre nature pulsionnelle, pour lutter contre la barbarie qui sourd de partout ; et peut-être même du sport quand il connaît les dérives qui ne cessent d'être dénoncées aujourd'hui.

La position choisie par le CNOSF discrédite le sport et l'olympisme dans son ensemble. Elle en donne une image rigide, jalouse de ses privilèges, intransigeante, haïssant la Culture, à laquelle s'ajoute tout ce que le sport véhicule aujourd'hui comme scandales en tous genres, magouilles, complots, tricheries, argent-roi, salaires indécents, détournements de fonds, dopage, corruption, chantages autour de vidéos pornographiques, recours aux services de prostituées mineures, violence, égotisme surdimensionné, exacerbation du narcissisme, rivalités, écrasement des autres, et cætera, et cætera.

Donc, une vision écœurante, nauséabonde, sordide, très loin des valeurs que le sport devrait promouvoir : dépassement de soi, émulation, participation à un bel esprit commun, éducation de la jeunesse, exemple moral, ouverture à des valeurs de tolérance, de respect de l'adversaire, tout ce qui se résume dans la fameuse locution : mens sana in corpore sano.

Demandons au CNOSF dans un esprit conforme à la Charte Olympique, qui promeut les principes fondamentaux de l’Olympisme – la compréhension mutuelle, l’esprit d’amitié, de solidarité et de fair-play – de simplement laisser Le Concert de la Loge Olympique conserver le nom historique lié à son identité artistique. D'autant qu'il pourrait redorer son blason en ayant un tel geste.

De mon côté, il est évident que si le sport s'obstine à rester ce qu'il est devenu, je m'en détournerai, et notamment, si le CNOSF ne change pas d'attitude, je ne regarderai plus jamais les Jeux Olympiques, et même je militerai pour qu'ils ne viennent pas à Paris en 2014.

Signez cette pétition en soutien aux musiciens qui souhaitent conserver leur nom et leur identité artistique.

https://www.change.org/p/cnosf-soutenez-le-concert-de-la-loge-face-aux-menaces-du-cnosf?recruiter=35098060&utm_source=share_petition&utm_medium=email&utm_campaign=share_email_responsive

Vous pouvez aussi écrire à Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication. Uniquement par voie postale :
Madame la Ministre de la Culture et de la Communication
3, rue de Valois
75001 Paris

Il serait aussi important d'adresser un courrier au ministre des sports Patrick Kanner (à ne pas confondre avec Leo Kanner, le découvreur de l'autisme infantile. Ceci pour espérer que notre ministre ne fera pas l'autiste fasse à une telle situation).

35 rue Saint-Dominique
75700 Paris SP 07

ou

http://www.sports.gouv.fr/spip.php?page=sg-contact

Encore deux organismes auxquels adresser ce message.

CNOSF Comité National Olympique et Sportif Français

ANOF Académie Nationale Olympique Française

Le CNOSF et l'ANOF sont accessibles par ce même lien :

http://franceolympique.com/contact/contact.phtml

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