Gaston Couté poète anarchiste, fils de paysans beaucerons quitta le domicile parental à 16 ans pour l’aventure des cabarets montmartrois. Il écrivit "Les mangeux d’terre " ( 1904), en réponse à "Mon frère paysan", l’adresse d’Élisée Reclus, le célèbre géographe, anarchiste lui aussi (c’était l’bon temps).
"Y avait dans l'temps un bieau grand chemin...
A c't'heure n'est pas pus grand qu'ma main
Par où donc que j'cheminerai d'main ?"
"En Beauc’vous les connaissez pas ? / Pour que ren n’se parde,
Mang’rint on n’sait quoué ces gas-là / I’s mang’rint d’la marde !
Le ch’min c’était, à leu’ jugé / D’la bonn’ terr’ pardue :
À chaqu’labour i’s l’ont mangé / D’un sillon d’charrue…"
"Z’ont groussi leu’s arpents goulus / D’un peu d’gléb’ tout’ neuve ;
Mais l’pauv’ chemin en est d’venu / Minc’ comme eun’ couleuve."
Et moué qu’avais qu’li sous les cieux / Pour poser guibolle !…
L’chemin à tout l’mond’, nom de Guieu ! / C’est mon bien qu’on m’vole !…
J’veux pus qu’on t’serr’ comm’ça les flancs / Car moué, j’veux d’l’espace !
Ousqu’est mes allumett’s ?… A sont/ Dans l’fond d’ma pann’tière…
Et j’f’rai ben r’culer vos mouéssons / .... J’pourrais bien l’élargir, demain !"
Les politiques ont toujours eu une dilection pour l’enfilage de perles, surtout quand elles fleurent bon la terre. Quelques exemple ... Les paysans nous nourrissent", "La terre ne ment pas", "les paysans font toujours les bons gestes” "la terre est généreuse : qui sème avec soin récolte avec abondance" ou encore "la nature donne à ceux qui savent la respecter" . De bien étranges "défenseurs" qui ne se privent pas d’exprimer leur mépris : " j’aime les paysans, ils ne sont pas assez intelligents pour raisonner de travers" qui ne les empêchent de tancer les amis d’hier et d’aujourd'hui du poète beauceron, faucheurs d’Ogm et "extinction rébellion", d’un sentencieux "ne foule pas l’herbe qui te nourrit" que ne désavoueraient ni la coordination rurale, ni la Fnsea et ses ministres de l’agriculture, ni aucun de ceux qui "... ont semé du blé su l’terrain qu’y r’tirent à ma route" mais qui quand un chemineau "... leur en d’mande un bout d’pain, y m’envoyent fair’ foute". En attendant, davantage que "les chiens qui lâchent à mes chausses ", "cheminer sur son bieau (mais pas bio), p’tit ch’min représente un danger pour sa santé, grâce à l’utilisation déraisonnable de pesticides pourtant généreusement défendus par monsieur Attal. Heureusement pour monsieur Attal et ses obligés, la pluie disperse les pesticides. A cette réserve près qu’on trouve des neonicotinoides dans de l’eau de pluie des japonais qui subissaient déjà les retombées de Fukushima. Quel rapport avec l’A69 ? Au XXIeme siècle, Couté serait un chantre pas mou, des zadistes. A Toulouse comme à Saint Nazaire et Sainte Soline ou celle qui devrait s’installer sur 31ha de terres agricoles à Sens (Yonne) pour l’implantation d’une base logistique, un grand chantier inutile voué à employer rapidement des robots avant d’être abandonnée quelques années plus tard, comme ce devrait prochainement être le cas pour la base de Carrefour, située à quelques kilomètres de là. Les mangeux d’terre sont la socialiste Delga, présidente de la région Midi-Pyrénées et les élus centristes et LR de l’agglomération de Sens qui justifient leur décision par un imparable "aujourd’hui tout le monde passe commande sur internet". Sûr, quand on s’est donné autant de mal pour tout faire disparaître et saloper, ça serait dommage de ne pas en profiter. Le Couté de 2025 aurait peut-être remplacé son "Par où donc que j'cheminerai d'main ?" par un "où donc que j’pourrai viv’ demain ?". Direction lune île privée pas encore submergée ou la planète Mars. A propos, vous avez vu ? D. Trump s’interroge sur la question de savoir si sa relation avec Musk pourra se poursuivre. Réponse dans votre prochain numéro de Points de vue fakes et Images déformées du monde. Une autre question existentielle, celle de Poutine pour qui la guerre en Ukraine est "un conflit existentiel pour la Russie". Quand les dirigeants de tous les pays pourrissent par la tête, Couté, lui est toujours bien vivant. On peut parier que si Pascal Boucher réalisait une adaptation de son documentaire " Bernard sans dieu ni chaussettes", Bernard étant Bernard Gainier, la vestale de Couté, le nouveau titre en serait " Bernard, sans dieu ni chaussettes. Ni bretelles." D’autoroutes, of course.
Ce samedi jour de "Pentecôte mais de route droite " (Jp Raffarien XXXI ème siècle ), les troupeaux de motos et les camping-cars de 18 mètres (pour Robert Desnos, la question de leur existence se pose) comblent l'absence angoissante de bruits de circulation. Depuis que l'exécutif "gauche plurielle " présidé par la socialiste Marie-Guitte Dufay, une collègue de la toulousaine Carole - A69- Delga, a supprimé les transports en commun qui desservaient 4 fois par jour le hameau-rue qui a l'honneur de m'héberger, il ne reste plus que les jours de semaine pour avoir un peu d'animation avec le passage des engins agricoles et des camions aux remorques brinqueballantes de la carrière voisine. On reconnaîtra que c'est un tantisoit monotone. Ce qui pose la question de savoir pourquoi ils n'empruntent pas la "A quelque chose" qui passe à peu de kilomètres de là.