Castaner, premier défenseur des surconsommateurs à revenu modeste. Après avoir pris une veste électorale, le lobbyiste au service de l’ordre bourgeois a pris goût aux choses de la mode. Les productions présentées sur les sites de mode jetable ou ultrafashion quand on est social rezo compatible, ont attiré son attention et renforcé ses convictions, la sur-consommation n'est valable que si elle est partagée par tous. Bref, il a trouvé une veste à son goût même s'il s'empressera demain de la retourner sans être gêné aux entournures. Son engagement au PS était fondé sur le partage non pas du sort des miséreux, faut pas exagérer, mais du moins sur la volonté de contribuer à l'amélioration de leurs conditions de vie, ce qui explique qu'il ait hésité entre la carrière de super préfet de police et celle d'abbé Pierre. La vanité de ses illusions lui est apparue, dessillant ses yeux d'enfant.
Après les sans dents, les sans culottes. Qu'avait-il encore à faire dans un parti dont le chef ne s'occupait que du bien-être des sans dents et lançait une déclaration de guerre au grand Kapital qualifiée plus tard de "fake news" (ère Trump). "Not in my backyard" ! Le doute était dans le ver qui, lui-même, était dans le fruit (vous suivez ?). C'est alors qu'il rencontre les radicaux d' "Ultrafashion", des partageux au grand coeur, sortes de Robin des Bois de la nippe militant pour le droit à la mode ultrajetable. Cri-cri retrouve le parfum de ses engagements de jeunesse sans rien oublier des débats passionnants et passionnés qu'il eut pendant son passage ministériel, avec Karl Lagerfeld, l'habilleur officiel des traîne-misère. C'est décidé, Castaner se lance à l'assaut de la magistrature suprême (piqué à un éditorialiste de téloche).
La genèse d'un engagement au service du droit à la surconsommation pour tous. Le programme est ambitieux, "changer de chemise, de pantalon, de jupe pour tous et plusieurs fois par jour si je veux" mais Castaner promet que ce droit deviendra le premier article de sa "Déclaration des droits de l'homme et du consommateur" dont l'article 2 confirmera l'obligation de surconsommation quotidienne, "Panem et merces quotidie" (latin non garanti). La foule des oubliés de la mode reprend en choeur "Sans chemise, sans pantalon", l'hymne officiel de campagne à la fin de chacun de ses meetings, ce qui réussit à émouvoir jusqu'aux habitués de la place Vendôme. Dans les émissions à pretention culturelle (t'as des noms ?), il utilise l'agit prop, détournant par exemple la phrase de Malraux "le XXI ème siècle sera celui de la sur-consommation ou ne sera pas" mais l'acte fondateur, celui qui lui ouvrit les micros et les caméras de la TNT, reste la nouvelle devise républicaine qu'il entend donner à la France s'il est élu : "Liberté de la surconsommation, Égalité par les soldes, Fraternité du low-cost", destinée à orner les devantures des boutiques et les frontons des centres commerciaux. Popularisée par le slam des deux influenceurs Popol et Luard (2 millions de vue), son programme devint viral. " Sur les frontons des centres commerciaux, sur les vitrines des boutiques, sur les bacs de leurs tiroirs caisse, j'écris ton nom surconsommation. Sur les écrans des ordis, dans les messages des applis et les cerveaux des gamins, j'écris ton nom surconsommation". Et qu'importe que sa dimension XXL la rende inadaptée aux édifices publics puisque la question de leur utilité se pose avec acuité.
"Les soldes, c'est tous les jours ! "Christophe l'a compris, il doit faire campagne en s'appuyant sur les contraintes et les atouts des réseaux sociaux. Deux slogans lui suffisent pour constituer son programme :"Les soldes, c'est tous les jours ! " et "donnez-moi mes soldes quotidiennes" . Il les utilise à la fois lors des séances "face time" avec les électeurs et à l'occasion de rencontres plus formelles avec des représentants d'institutions politiques ou commerciales, arguant des économies sur les salaires et les primes versées d'habitude aux forces de l'ordre pour empêcher la volonté populaire de s'exprimer. En effet, précise-t-il, a-t-on déjà vu des manifestations ou émeutes un jour de soldes, sauf autour de pots de nutella ou devant l'entrée d'une boutique qui vend des sacs chanel ? Et s’il existe une inflation contre laquelle les électeurs ne protesteront pas, c’est celle du nombre de jours de soldes.
Son gouvernement ultra jetable est déjà constitué. Nicole Guedj, première ministre, Carla Ginola, Jodie la petite frenchie et Manon Laime ministres des tas de fringues. Par souci d'efficacité et de cohérence, l'ultra-low président Castaner s'attachera les services de cabinets conseils tels H&M ou Zara. Enfin, notre futur président se réserve une double charge, confondre les affaires du pays avec les siennes propres. Il demeurera en effet président du conseil de surveillance du port de Marseille Fos. Une décision que les dockers réunis en assemblée générale ont salué avec enthousiasme, le développement du transport maritime des containers depuis la Chine leur garantissant quelques mois de salaires. Une perspective, certes précaire qui n’empêchera pas leur remplacement par des robot. Comme dans l’agglomération de Sens où les élus favorisent l’artificialisation de 31ha de terres cultivables pour installer des stockages des produits de l’ultra shit fashion.
Nuit de Shein, nuit câline. Ancien porte-parole du gouvernement, Castaner n'oublie pas l'importance de la politique étrangère dans "une période aussi troublée " (source "mon voisin"). "Puisque l'Amérique nous trumpe", aurait-il annoncé, "je demanderai aide et protection au président Xi Ji Ping en lui proposant le rattachement de la France, de ses Dom, de ses Tom au Home de la glorieuse république populaire de Shein." Le candidat Castaner conclut son premier meeting de campagne en entonnant le nouvel hymne de la république du consommateur et du citoyen : "Nuit de Shein, nuit câline".