Lundi matin, la revue de presse de la radio « à l'esprit d'ouverture » recense les appréciations flatteuses que les médias étrangers portent sur les jeux olympiques. Des tombereaux de clichés dignes d'une séance diapos de quand qu'on a "fait" un pays. Là, ils ont "fait" Amélie aux j.o. Ça va de l'obligatoire « la plus belle ville du monde » au plus littéraire "Paris est une fête" en passant par les ethnologues partis à la rencontre des "valeurs du sport". ... rien, évidemment sur le très previsible retour de bâton que ne manqueront pas de subir, au-delà des accros du spectacle sportif, l'ensemble des français. Pris comme ça, le sport favorise l'unité nationale.
Le double objectif de la bande des 4 (*) est atteint. D'une part, accélérer la transformation déjà bien entamée de la capitale en une étape incontournable du road-trip-advisor touristique des villes gangrenées par le sur-tourisme, d'autre part, favoriser la naissance d'une mystique olympique qui permet de faire oublier d'autres réalités, au moyen de cérémonies mi-païennes, mi-religieuses, organisées dans des lieux déterminés et facilement repérables. Au rebut, la figure ringarde des révolutionnaires et leurs combats. Aujourd'hui, les écrans connectés célébrent le culte de l'athlète suprême avec des spectacles grandioses. On n'aurait pas connu ça, dans la première moitié du XXème siècle ? Paris est une fête mais quelle fête et pour qui ? Paris outragé, Paris transformé en image d'Epinal qui doit correspondre à l'imaginaire touristique des aspirants touristes, loin des tentes (des grimpeurs égarés ?), de la multiplication des sdf qui n'est pas un miracle. Sans les embouteillages, les grèves, les manifestations et les immondices glissés à temps sous le tapis. A temps mais pour combien de temps ?
Macron n'ayant pas précisé la durée de la trêve politique selon son cœur, Darmanin pourrait rester ministre de l'intérieur et des cultes sportifs, le temps de confirmer que « la France est un grand pays de sécurité ». Conforté par la légitime aspiration à vivre dans un environnement apaisé, relayée par les médias, le pouvoir suivan, quel qu’il soit, sera probablement tenu de garantir peu ou prou le même niveau de sécurité. Et c'est bien normal. Il faudra astiquer les tasers, les drones, les matraques et les hélicos pour mater les fauteurs de désordres qui nous empechent de dormir en paix. Impossible en effet, d'espérer qu'un "pouvoir" parvienne à bouter hors de france l'idéologie libérale de la concurrence saine et non faussée entre les nationaux et les étrangers, entre les urbains et les ruraux et qui provoque tant de troubles et de misères, en organisant la guerre de tous contre chacun. Les compétitions sportives n'en sont qu'une variante. Elles sont la meilleure façon de marcher sur les mains des copains, de jeter les éliminés au rebut, de rendre un culte aux vainqueurs et par là aux valeurs de souffrance et de dépassement de soi. L'enfumage olympique, bénéficiant de l'alibi d'un Coubertin mysogine et réactionnaire, est plus efficace qu’un grand débat sur la théorie du ruissellement. La France réunie et enfin apaisée, "un pays joyeux et qui se parle". Macron précise "On n'a pas envie que la vie reprenne ses droits,". S'agit-il d'un message subliminal envoyé au NFP ?
Il reste encore à donner un dernier coup de collier avec les jeux paralympiques. La leçon de morale du jour, laissez venir à moi les paralympiques et la publicité envahit ma messagerie électronique proposant des places à 15€, chères qu'une séance de ciné ou une place à la Comédie française, Leve-toi et marche, saute, cours, nage ... sois utile et instrumentalisé, camarade zhandicapé pour permettre aux visages de la bande des quatre (*) d'afficher ce sourire béat (**) qui va si bien aux ravis de la fan-zone. C'est bien le moins que vous leur deviez sans compter qu'il serait injuste de faire mentir Macron le Modeste quand il affirme "on a changé les jeux", une phrase qu'il faut s'entraîner à prononcer sans rire ni sourire.
(*) Macron, Hidalgo, Oudea-Castera, Pécresse. Sans oublier Hollande sans qui rien n'aurait pu avoir lieu.
(**) on ne peut pas empêcher un brin de nostalgie. Qui a prononcé cette forte sentence ?