On n'a pas tous les jours un petit Émile sous la main. Plutôt que de compter sur le hasard pour renflouer les audiences, surtout les jours de week-end, lorsque l’actualité descend à l’étiage du dessous, les propriétaires ont établi un programme d’événements destinés à satisfaire les envies des téléspectateurs et fasse différer retenir son geste auguste de zappeur jusqu’à la prochaine page de pub’ (2). Parmi les opportunités offertes et qui doivent dépasser la saison trop courte de cueillette des champignons ou la période de la chasse trop tôt finie pour espérer une recrudescence d'accidebts mortels, par empoisonnement pour l'une, par balles pour l'autre, les enlèvements de personnes, surtout ceux d'enfants, offrent un haut potentiel marketing. Il fallait qu'une commission informelle s'attache à explorer des contenus ignorés jusque-là afin de nourrir l’imagination des aspirants ravisseurs, sans oublier de les inscrire dans leur environnement naturel en produisant un vademecum du ravisseur.
Le portait idéal de la victime. une mère de famille, jeune encore, mariée voire divorcée mais pourvue d’une progéniture destinée par conséquent à fréquenter un orphelinat catholique. Bien sûr, privilegier le sexe féminin, plus vendeur, surtout s’il est blanc. Vingt-huit ans reste un âge suffisamment jeune pour que les larmes viennent à écouter les témoignages des proches, devant une vie trop tôt achevée. Mais 28 ans est également un âge suffisant pour récolter des temoignages croustillants de faits qui auraient pu arriver à la disparue et explorer une piste au fumet particulièrement odorant, celle d'un aïeul violent ou incestueux quand il ne serait pas question d'un amant d’autant plus suspect qu’il viendrait de loin. Eviter la disparition de vieillards, a priori moins vendeuse : rapt ou Alzheimer, un doute subsisterait. D'autre part, entre une vie déjà bien remplie et l’imprudence à vouloir sortir de chez soi, il serait difficile d'atteindre l'acmé obtenu avec de plus jeunes sujets. On viserait alors un sponsoring du coté des laisses technologiques pour vieillards, de la télésurveillance à domicile et des Ehpad où k'on est mieux k'chez soi.
Le dispositif sur le terrain. Les correspondants sur place s'attacheront à se trouver en bordure de forêt pour présenter des images de battues en forêt. Pour ne pas lasser les spectateurs des portraits de la victime, de préférence flous et attachés à des grilles et éclairés par des bougies flambant neuves, on interrogera les bénévoles partis à la recherche de la disparue. Ce serait bien le diable si parmi eux ne se trouvaient pas quelques jaloux et des mécontents. Pour éviter les coûts superflus, la production piochera dans le stock des années précédentes pour .
Choisir le moment optimal. Le rapt de la joggeuse, survenu quelques jours avant la tenue du marathon de Paris représente l’illustration parfaite de l’intérêt à retenir la période la plus adaptée au projet. Sans compter qu'une démarche concertée, profitant à tous et à chacun favorise le sponsoring. A ce propos, qu'on me permette de trouver regrettable que le sponsor de cet événement sportif n'ait pas imposé que la course se tienne dans le périmètre où sont organisées les recherches. Dommage pour les images pleines d'émotion des chaussures à crampon foulant peut-être l'endroit précis où la joggeuse pourrait être enterrée (paris sur F.D.J. com). Sur les stands, plutôt que les habituelles boissons et des fruits secs, les participants auraient trouvé des pelles et des pioches. Running for a cause ... il n'est pas trop tard pour permettre aux ponts du mois de mai de s'inscrire dans cette démarche certes audacieuse, en établissant des partenariats "gagnant-gagnant". Par exemple, le 1er mai, un petit chaperon rouge parti cueillir du muguet dans les bois ne revient pas. L'incertitude est à son comble à BFM et LCI qui installent une cellule de veille destinée à compléter leurs quotas de créations audiovisuelles en français. Si elle remue encore les lèvres, Chantal Goya pourrait tirer une bien belle chanson de l'histoire d'un loup affamé (salauds d'ecolos) et de son gouter bio (classification B) à consommer avec modération après un quatre heures bio. Une autre version avec un Emile Louis bénéficiant d'une permission (salauds de juges rouges laxistes) pour remplir la grille de programmes d'un long week-end de trois jours. France télévisions qui a une obligation de service public complèterait en présentant une enquête sur les vendeurs des bords de route, les prix indécents qu'ils pratiquent et un documentaire sur la raréfaction du muguet, conséquence du réchauffement climatique. Les jeux vidéos, cette activité dont s'enorgueillit la ministre de ma culture stimulerait l'imagination des concepteurs bénéficiant de l’intelkigence artificielle pour reléguer le Gilles de Rais de Jeanne d'arc sur l'étagère des proto-ravisseurs ringards d’enfants. Quant à pentecôte... inutile d'expliquer pourquoi un enlèvement par parachutisme ascensionnel ou sur un kite surf occuperait les journaux télévisés. La diversité des ces piste nous permettrait d'être enfin délivrés des forêts de micros, tendus sur le quai d’une gare ou dans le hall d'un aéroport aux otages de grévistes sans coeur qui n’hesitent pas à séparer les grands-parents de leurs petits enfants. Des grévistes qui, va savoir, nous privent peut-être d’une catastrophe ferroviaire télégénique ou du suspense dû au détournement d’un avion vers l'aérodrome de la ville de Pau.
(1) A moi aussi les apocopes censées faire "djeune".