L’IA ouverte inclusive et éthique... c’est beau comme un slogan de la sécurité routière, un slogan dont chacun se doute de l’avenir et de la réalité. Cela n’empêche pas les adorateurs béats du culte du progrès technologique de psalmodier leur soumission au représentant sur terre de cette nouvelle maison "dieu", dès qu’ils voient un micro ou une page blanche arriver à proximité. Parmi la farandole d’arguments déployés, ceux que j’ai trouvés sur le site "je suis numérique". La carte postale du bonheur domestique tout simple, supposé faire rêver les populations à un avenir radieux made in I.A. vient du même article. Les arguments avancés ont pour nom "efficacité industrielle", "nouvelles approches commerciales", "genèse d’emplois spécialisés", "performance dans les domaines de la finance et de l’économie " ... Autant d’atouts, te dis-tu in petto amie lectrice, ami lecteur mais pas de quoi s’enthousiasmer. Attends, on arrive dans le "dur". "Surveillance en temps réel" (y en a que ça fait rêver ), "détection des catastrophes naturelles" quand météo france existe et surtout cette dernière "La cybersécurité, grâce à l'intelligence artificielle, est sur le point de devenir proactive plutôt que réactive." Vous avez aimé les jeux olympiques, vous bénéficierez des mesures préventives de surveillance. T’ar ta gueule à la récré si jamais l’algorithme prédit que ton attitude, ton comportement, ton physique ont de quoi inquiéter. Le rêve de ce précurseur de Sarkozy devient réalité, détecter lesmauvais éléments dès l’école maternelle ... Je passe sur "l’éducation 2.0.", "l’amélioration de l’expérience client", "la rationnalisation dans les domaines de la logistique", "la conduite autonome", une "personnalisation à son paroxisme", "aide à la prédiction et à la décision" applicables à tous les domaines dont celui de la politique et de la vie dans la Cité. Le geek résolu mais à l’intelligence limitée qui squatte l’Élysée a-t-il bénéficié des milliers de "nouveaux algorithmes" qui aident à la prédiction et à la décision pour dissoudre l’assemblée nationale ?
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Pour achever de convaincre les indécis, le rédacteur de la page (une IA ?) nous envoie la carte postale d’un bonheur quotidien simple mais qui fait froid dans le dos avant de conclure d’une phrase qu’il voudrait que nous acceptions tautologique : "Le monde voit en ces nouvelles technologies une promesse d'amélioration de la qualité de vie pour tous." La preuve est faite, There Is No(more) Alternative, Galilée reviens, ils sont devenus encore plus cons. Et plus dangereux. Quant à un programme européen qui limiterait l'influence du gouvernement de fascistes américains, il ne ferait guère que déplacer les problèmes.
Depuis que la mode est aux simulacres de débats biaisés, impossible de ne pas y sacrifier, alors ... Dans le camp des modérés de la nouvelle technologie, des sociaux démocrates de l’intelligence artificielle, des voix raisonnables montent qui emploient des termes parfaitement inadaptés aux changements qu’entraînent cette technologie et ses caractéristiques. Modération, éducation, doute, remise en question, respect des règles d’une IA qui devra être "ouverte inclusive et éthique". Géniale trouvaille ! Pourquoi ai-je aussitôt pensé à Macron et aux multiples exemples de concurrence déloyale, entre pays européens, déjà ?). Vox politi, vox médiati, vox dei, cette expression qui fait flores depuis le sommet de Macron à Paris, est révélatrice du niveau d’estime dans lequel nous tiennent les acteurs de ce progrès technologique. Au bout du compte, ce sont eux "les demeurés". Deux illustrations. Pour la directrice du numérique à France télévision, rien de plus simple, pour "séparer le bon grain de l’ivraie", celui de la Vérité, celle des mensonges, une armée de fast checkers suffira (le fast checking combien de divisions ?). Sa voisine, créatrice d’un site new tech for ladies reste muette sur les questions primordiales relatives aux dégâts déjà prévisibles et observés des toujours plus big data centers sur leurs environnements humains et naturels. Heureusement, étant sans doute une pédagogue expérimentée, elle propose la refonte des programmes scolaires avec une éducation au numérique à l’école, dès le plus jeune âge. Ça devrait faire l’affaire ... en prime, au feu les matières devenues inutiles, français, géographie, histoire et la maîtresse au milieu. Pour la philosophie, un abonnement à chat gpt fera l’affaire. Forcées de convenir que les data Center et autres garde-mangers technologiques sont de très gros consommateurs d'énergie, la vox médiati assene sa botte secrète, le recours au nucléaire, une énergie non carbonée. Le rêve de macron de voir la planète couverte de mini Epr, choose France. Il reste à souhaiter que, comme à leur habitude, les thuriferaires ne se plantent pas et que l’intelligence artificielle soit en mesure de prédire et décider des mesures en cas très probable d’un accident d’origine nucléaire, puisqu’au moins en France, aucune simulation grandeur nature n’a encore été réalisée depuis la construction des premières centrales.
De l’autre côté de la table, les refuzniks du progrès, probables adeptes du boulier et des signaux de fumée pour reprendre la caricature qu'en font les soi-disant modernes. Le directeur d’un organisme traitant du risque numérique, alerte les sénateurs des dangers dont celui d’une surveillance totale et liberticide et de l'impossibilité de maîtriser les contenus et la façon dont ils sont reçus. Les programmes d'éducation, les "fast checkers" et les modérateurs étant pour lui, au mieux des cache-misère peu efficaces. Il faut dire que temps de réflexion, croisement des sources sont deux notions résolument incompatibles avec l’essence même de ce qu'est cette technologie.
A propos d’histoire... Hitler n'a pas eu besoin de l'IA pour propager la "falschmendungen" de l’incendie du reichstag puis deux ans plus tard pour embarquer la population dans l’adhésion aux lois et au programme nazis. Soixante ans plus tard, il a également suffi qu'une radio crache sa haine des Tutsis pour provoquer un génocide, néanmoins, cauchemardons un instant en imaginant qu'ils aient eu à leur disposition un "chat gpt" ou un "deepfake web".
Reste une sinon la question essentielle : à quoi sert vraiment l'intelligence artificielle, quel est son intérêt au-delà des risques et des dégâts qui l’accompagneront inévitablement ? "La santé" en aidant à prédire et soigner certaines pathologies qu’elle aura contribué à faire apparaître ou à développer ? Mieux qu’un référendum aujourd'hui "tendance", organisons une consultation dans la salle des fêtes de la mairie comme à la télévision, avec des intervenants qualifiés aux arguments contradictoires.
Circulez y a rien à voir. Puisqu’on nous prédit que cette intelligence artificielle provoquera un changement civilisationnel, cela oblige pour une fois d'éviter des décisions hâtives et impose d'avoir tout le temps nécessaire et davantage encore, celui de la prédiction, de la réflexion avant celui d'une décision citoyenne qui autoriserait temporairement ses promoteurs à en développer l’usage et dans certaines limites seulement. Le temps de savoir si nous acceptons vraiment la forme d’esclavage moderne que promet cette technologie qui avance masquée derrière quelques avantages dans la vie quotidienne entraîne. Le temps d'imaginer quels cataclysmes nous devrions affronter.