L’agent orange, Tran To Nga, franco-vietnamienne de 81 ans, elle le connaît dans sa chair, depuis son enfance, quand elle a rencontré en 1966 "un nuage blanc" à Cu Chi. Rappelons que malgré sa couleur, l’agent orange n’est ni un militant infiltré du modem, ni une lotion solaire qui protégerait des cancers de la peau mais un herbicide utilisé pour augmenter la production agricole. Mais pas seulement. En effet, ce produit a été commandé par l’armée américaine auprès d’entreprises toujours gaillardes soixante ans plus tard comme Monsanto, Bayer et une dizaine d'autres. Le commanditaire, exigeant a été satisfait du résultat. Côté humains, des centaines de milliers de morts et de pathologies cancéreuses. Côté forêts et mangroves, quelques millions d’hectares encore pollués aujourd'hui, au Vietnam, au Cambodge et au Laos. Tran To Nga puis ses descendants ont été ou sont toujours victimes de pathologies très lourdes. To Nga a assigné les chimiquiers en justice, pas seulement pour elle mais au nom de toutes les victimes. L’ "immunité de juridiction" accordée en 2021 par le tribunal d’Evry vient d’être confirmée par la cour d'appel de Paris. Pour quel motif ? Les entreprises n’avaient fait que répondre au cahier des charges transmis par le gouvernement américain. Un peu comme si on reprochait à IBM d’avoir fourni aux nazis les premières machines qui faciliterent les opérations de tri ou que le groupe Ugine aurait été coupable d’avoir produit du Zyklon B, d’autant que la curiosité est un vilain défaut. Il aurait été du dernier inconvenant d’interroger les ricains sur l'usage qu’ils faisaient de ces produits. Une seule préoccupation, la défense des emplois et des bénéfices des actionnaires uber alles. La cour d’appel de Paris ne dit rien d’autre. Tran To Nga qui nem sans doute que les batailles juridiques n’envisage pas d’en rester là. Courage To Nga.
Son combat : https://nga-orange.org/indexe68f.html
"Chante une femme" Jean Arnulf - Martine Merri