L'objet de la convocation pour une soirée " Fête de la guerre" mercredi 21h30, au palais Bourbon a de quoi rappeler les riches heures de Munich. Heureusement, France info lève un coin du voile (1) en précisant le programme : "Une déclaration du premier ministre suivie d'un débat entre les différents groupes." Ils sont gentils à France Info, présenter ainsi la chose laisse entendre qu’il s’agirait d’un sympathique raout estival alors que nous devrons subir les vaticinations ânonnées par le premier ministre. Il s'agit d'une véritable épreuve quand on a passé une journée de canicule à mariner sur les bancs (2). Il a beau s’écouter parler le François, ce n'est pas lui qui les entend les anecdotes pétillantes et les bons maux (sic) dont il parsème ses divagations qui vous donneraient presque honte pour lui. Si l’objet de cette opération "Micro mon beau micro" est de décerner un prix d’éloquence au soldat François, c’est raté. On ne peut que regretter la concision du général, Bruno Clermont : "Le discours de Donald Trump était remarquable, c'est la première fois qu'il fait un discours de chef de guerre» (22 juin sur le site en ligne Cnews). La guerre, quelquefois, c'est simple comme un discours de Trump. Encore faut-il y mettre le ton.
Après la somnolence bayrouyenne post-dinatoire, place aux hallucinations démocratoques du "débat" parlementaire dont le principal, sinon le seul souci est d’attirer les caméras et les voix des électeurs vers ceux qui les débitent. Des séances affligeantes qui ressemblent davantage aux punchlines de Cnews qu’à la tentative d’atteindre ’un intérêt commun qui, de toutes façons, n’existe pas. Viendra l’heure où les chefs de groupe distribuent les consignes de vote et ramassent les copies. Les godillots pourront alors remettre leurs chaussures et rentrer à la niche. Dire que le conclave n'a pas pris en compte ces facteurs de pénibilité pour le calcul des retraites des parlementaires... En quoi les séances virtuelles pendant le Covid étaient-elles moins démocratiques que celles-ci ? La buvette, bien sûr.
Quel est l’objet de cette soirée ? Condamner la déclaration du secrétaire général de l'Otan qui oublie de rappeler l'intérêt tiré par les nord-américains des commandes d'armement effectuées par les pays de l'alliance (plus de budget militaire = augmentation du chiffre d'affaires des entreprises US et de la dépendance à l'autorisationde de leur utilisation). Recommander la nomination de Trump au Prix Donald de la Paix, une flagornerie permettant d'ouvrir une ombrelle plus protectrice que le parapluie nucléaire troué mais dont l'entretien est pourtant si onéreux ? Votera-t-on pour amener Netanyahou devant la CPI , monter l'enlèvement du guide suprême iranien, nom de code "Pentecôte pour Khamenei" ou autoriser les troupes françaises à libérer le détroit d’Ormuz depuis la base militaire de Djibouti, une sorte d’after pour le salon du Bourget ? Un tour du côté des motions. Celle du FN, "Notre parti n'a pas changé de position depuis 1939. Par fidélité au Marechal, nous voterons non à la guerre. Sauf si c'est pour se faire de l'arabe et du musulman " (3). Les L.R. feront la tournée de leurs amis marchands d'armes afin de noter leurs exigences (beaucoup d'autres partis les accompagnent). Les Phénix de ces boiseries, les renaissants quoi, faîtes un effort, hésitent. Ils voteraient bien en même temps la guerre pour offrir à leur champion en guise de cadeau de départ à la retraite une inscription dans les livres d'histoire mais hésitent à peiner leur camarade Barrot qui a sacrifié tout un week-end à répéter que la France n'était pour rien dans les frappes sur l'Iran. Les deux membres de leur groupe encore présents au moment du vote, devraient demander la convocation d’une assemblée citoyenne pour l’automne. À la question "Y a-t-il un PS dans la salle", personne n’ayant levé la main, la présidente s'est tournée vers les porte-parole de L.F.I. qui ont demandé une suspension de séance afin de recueillir la parole de "Jean-Luc". Les élus du PC l'attendent également mais pour voter à l'opposé. La séance sera levée au petit matin, à l’heure où, une fois le petit-dejeuner avalé, les correspondants de presse s'abattent sur la salle des quatre colonnes où les attendent, fiers du sentiment du devoir républicain accompli les plus insomniaques des "représentants du peuple". Chacun pourra alors regagner le studio mis à disposition par l'assemblée nationale pour commencer la rédaction de "Moi, je ..." , le prochain succès de la rentrée littéraire qui devrait permettre de récolter des invitations à pérorer sur les plateaux de télévision. Ainsi va la drôle de guerre à fleuret mouchetés que se livrent les députés.
(1) expression à manier avec précaution
(2) il est toutefois préférable de mariner sur les bancs du parlement plutôt que chez ces harengs
(3) ils se sont contentés de remplacé "juifs" par "musulmans".