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Billet de blog 27 septembre 2025

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Un dimanche à Kigali

Où il est question de compétition sportive, de pente à 19%, d'amitié entre les peuples, de plein de sujets mais pas de génocide ni d'attitude et de responsabilité de la France. Faut pas mélanger le sport et la politique.

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un dimanche à Kigali(1). Le dernier week-end de septembre 2025, des championnats du monde de cyclisme auront lieu au Rwanda. La toilosphère francophone met en avant l'argument de ce qui serait "une fierté pour l'Afrique". Celle de contribuer efficacement au bilan carbone, de promouvoir les valeurs du dopage (qu'on ne vienne pas parler de contrôles ) ou de la compétition qui se transforme plus ou moins rapidement mais toujourd inévitablement dans un culte rendu au vainqueur et un passage par toutes les nuances du nationalisme et du patriotisme jusqu'à celles du chauvinisme le plus abject, facteur de conflits armés, comme les religions. Au Rwanda, cette perspective est insupportable. 

On aurait pu espérer que pour une fois les fameuses vertus du sport soient mises en pratique avec pourquoi pas, un parcours mélangeant sur la ligne de départ des participants sans distinction de sexe, d'âge, de drapeau, de pratique ou d'équipement. Un joyeux bordel où se retrouveraient ensuite celui qui a mis pied à terre et celle qui a réussi à avaler la fameuse côte-épouvantail. Pas question, ce week-end et comme à l'accoutumée, là compétition interdira ces mélanges. Les hommes avec les hommes, les femmes entre elles, les jeunes et les seniors séparés, tout comme les pros et les coureurs du dimanche. Chacun chez soi, les futurs ennemis doivent rester séparés. 

 On le sait, le seul objectif et le principal intérêt de ces rassemblements sportifs est de promouvoir les intérêts des fédérations, ici l'UCI, l'union cycliste internationale, des équipementiers et des médias. Une banale opération de marketing eans laquelle les acteurs sont volontaires et majoritairement bénévoles. Avec le Rwanda, l'UCI intensifie l'opération qui peine à defricher un territoire quasi-vierge encore, de près d'un milliard de pratiquants potentiels pour lesquels le vélo se limite à n'être qu'un moyen de transport quotidien. Une perte inconcevable. Il faut exploiter, coloniser (comme on se retrouve) pour l'avantage des vautours qui salivent en imaginant les retombées quand on sait par exemple qu'au Rwanda, un VTT ordinaire coûte entre 5 et 7 mois de salaire. Comment les habitants pourront-ils se les payer quand ils ont remisé leurs vieux clous au rencard, après avoir vu à la télé des montures plus perfectionnées ? 

Fidèle à sa volonté d'apparaître comme une radio de service public, France inter rend compte de l'événement mais à sa façon. Trente secondes pour l'interview d'un coureur français (le folklore africain c'est dépaysant ), d'un deuxième (il fait chaud mais la population est joviale ) et de ce dernier qui se félicite de leur joie à voir des vélos de pros (2) ). La compétition reprend ses droits  avec l'évocation du fameux mur de Kigali, une côte de 19%. C’est tout ce que les auditeurs entendront ce jour-là de ce " dimanche à Kigali". Ce ne sera pas piscine mais vélo.

Est-ce parce qu'il y a 31 ans, les gouvernants de la France éternelle et colonisatrice ont préfèré observer un silence complice  préférerant soutenir les responsables des massacres et de leur déclenchement, afin de ne pas gêner les enjeux d'une  Grande Diplomatie à laquelle ni vous ni moi, ne comprendrons jamais rien ? Que les responsables politiques français, de gauche comme de droite, se sont bouché les oreilles quand le président hutu Habyarimana et ses troupes fanatisees hurlaient tranquillement sur leur  leur "radio mille collines" un projet génocidaire vieux d'un siècle, conséquence de la colonisation allemande. L'Elysée ne devait pas être équipé d'antennes assez puissantes (3). La préhistoire de la communication.... Record à battre. Imagine-t-on si les reseaux avaient connu leur puissance de matraquage actuelle. Ce génocide qui a été le plus rapide et le plus efficace du vingtième siècle, avec huit cent mille ou un million de tutsis massacrés au compteur en seulement une centaine de jours aurait pu être amélioré. Bonne nouvelle pour les partisans d'un sport qui je fait pas de politique et qui rapproche les peuples, l'équipe Israël Premier Tech, fortement investie au Rwanda, sera au départ des championnats du monde.    

(1) un dimanche à Kigali : film québécois de Robert Favreau inspiré du livre "un dimanche à la piscine de Kigali "  de Gil Courtemanche.

(2) une tonalité Paris -Dakar des années Gérard Holz.

(3) la France soutenait le président hutu. Les crapules françaises, le ministre de droite Juppé (tiens, tiens), obéissant au président de gauche Mitterrand, exfiltrant les responsables génocidaires vers le Zaïre afin qu'ils ne soient pas arrêtés. 

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