« C'est ma tournée », lance Macron au gars du CIO. « Amène tes jeux d'hiver, c'est moi qui régale. J'ai déjà une ardoise ? On s'en fiche. Je te signe une reconnaissance de dette. Entre gens de bonne compagnie disruptive, pas question de ralentir le progrès avec des formalités bonnes pour les timorés ». L'Histoire retiendra cet événement sous le nom d’«Opération soldes 2024 ». Une réception fut organisée pour célébrer un traité qui conduisit le pays sur une voie de garage. Pour lui donner plus de lustre, une délégation de dignitaires GAFAM fut reçue par notre Ahuri 1er . Cette sorte de club fut baptisé sur le champ « Choose Macron » par notre DRH obsédé par son passage à la postérité. Un conseiller osa lui faire remarquer que, tout Zeus qu'il était, il risquait de servir de paratonnerre et d'attirer sur lui les foudres des pellagreux. Il se résolut à un plus modeste « Choose France ». Un mois de festivités dispendieuses s'en suivit au cours desquelles le monarque s'ingénia à faire étalage de sa puissance devant une planète étonnée qu'un état placé sous le microscope des pères fouettard de la phynance puisse dilapider de telles sommes d'argent sans être autrement inquiété. 120 millions d'euros annoncés et combien de cachés pour quelques heures de poudre aux yeux, suivies de plusieurs semaines d’enfumage à l'huile de muscle et de produits dopants, sous évaluées au doigt mouillé. Patience, murmura madame fmi aux impatients piaffant devant la perspective de se partager les restes du cadavre, notre tour viendra. Et ce jour-là … Rappelez-vous l'affaire pas si antique de la Grèce. Il subsistait cependant quelques ombres au tableau, l'acariâtre popov poussé par son compère le sournois chinois. Furieux de n'avoir pas été invité, celui-là brouillait l'écoute et les voies ferrées. Mais c'est surtout la présence d'une pathologie certes modérée, reconnaissable aux poussées de fièvre qui saisissent le corps social, connue sous le nom d'aspiration à la démocratie et dont on a craint un moment qu'elle fut contagieuse. En effet, malgré quelques progrès, aucun traitement ne peut en venir à bout. Pas plus les cachets « 5ème semaine » et « trente-cinq heures » que les sirops TNT ou les traitements de cheval QR code, les drones ou les « remèdes de bonnes femmes » à base de matraquage et de projections de gaz. Des découvertes scientifiques permettent de ralentir ses ravages (on n'est heureusement plus en 1848 ni en 1871, toutefois la maladie reste inguérissable. La recherche française, toujours à la pointe du progrès, aurait récemment découvert un médicament miracle, « l'avion taxi » dont les propriétés permettraient une observation de l'intérieur des cellules malades pour un traitement en profondeur et de façon plus efficace que les fiches S. Hélas, à cause des lourdeurs administratives avec lesquelles il faudrait en finir, on en reste à une phase d'expérimentation avec une autorisation de mise sur le marché accordée pour quelques mois seulement.
Il en aurait fallu davantage pour gâcher la fête organisée en l'honneur du CIO malgré la pluie et les voies ferrées qui disjonctent. La soirée avançant, les esprits s’échauffent, les verres se vident et les projets fusent. Pour le défilé Hiver 2030, chacun sait qu'il faudra quelque chose d encore plus démesuré. Au bout de la nuit, notre Metteur en Seine lance une proposition. Pour la cérémonie d'ouverture, provoquer la crue d'un torrent et lui faire charrier des amas de roches et de terre tombant sur le village des athlètes(**). Ceux-ci feraient alors un concours d'agilité et de réflexes en s’extrayant des hébergements sous les décombres. Les sauveteurs du SDIS accompagnés de leur brigade canine passeraient devant la tribune officielle, saluant d'un bras tendu au bout duquel un smartphone symboliserait et rappellerait à chacun, l'obligation de communication permanente. La cérémonie d'ouverture de ces jeux du réchauffement climatique se terminerait par le comptage du nombre d'athlètes écrasés par les éboulis. Les gagnants étant les pays qui en compteraient le moins grand nombre. Il ne s'agit que d'un canevas, précisa-t-t-il, une base de départ sur laquelle nous pouvons travailler. Il nous reste six ans pour le faire.
(*) note du linguiste : " connus" est un faux ami peut avoir deux significations. Ici, c'est un adjectif latin de la famille "connerie" qu'on prononce "connusse" afin de le différencier d'avec son autre acception utilisée en français.
(**) on pourra consulter : https://alpinemag.fr/premiers-elements-analyse-geomorphologique-crue-berarde/
Il n'y a pas si longtemps, cinquante ans peut-être, des portions de la route qui relie St Christophe en Oisans à la Bérarde étaient à sens unique avec des passages pour se croiser. Une situation insupportable qui gênait la fréquentation touristique (randonnées, descente en eaux vives, kayak).