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Billet de blog 31 mai 2025

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Entretenir onze imbéciles pour en calmer soixante millions

De l’utilité du football, et de ses compétitions

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« J'entretiens onze imbéciles pour en calmer huit cents qui n’attendent qu’une occasion pour s’agiter ». La déclaration de Sivardiere, est plus que jamais d’actualité. Sivardiere, c'est le président du club de foot local et PDG de l'usine, une habitude de l'époque,) dans Coup de tête, le film de Jean-Jacques Annaud (1979). Jean Bouise qui en interprète le rôle, poursuit avec un cynique « J’ai besoin qu’on fasse une bonne saison ». Rien n'a changé, sinon peut-être qu'avec l'arrivée des télés, les financiers et les Tapie avec leurs visées électorales ont remplacé les petits patrons dans le capital des clubs. Industrialisation et mondialisation obligent, le football a changé de braquet et chemine de concert sur tous les continents avec le libéralisme le plus débridé, celui de renards nourris de corruption et de fraudes dans les poulaillers de la planète. Aujourd'hui, Sivardiere aurait fait fortune dans une start-up ou à la bourse, à moins qu’il soit un roi du pétrole émirati ou un brasseur thaïlandais à tendance mafieuse. 
La peste émotionnelle à l’assaut des supporters 
Depuis la coupe du monde de 1998, « tous étaient frappés » par le fléau d’une peste émotionnelle plus ravageuse que le Covid et n'épargnant aucun groupe. Les intellectuels et les artistes devenus les idiots utiles du football, se pâment devant des exploits qualifiés très hâtivement d' « artistiques » et le public féminin après avoir obtenu le droit d’être des criminelles de chams de bataille et des supplétives du maintien de l’ordre, a conquis le droit d’être contaminé par la régression infantile qui atteint leurs homologues masculins dès qu'un ballon rond fait son apparition. Des supportrices qui semblent oublier un peu vite les agressions sexuelles et/ou racistes commises les soirs de matches. Il suffit de regarder « À mort l'arbitre » (1984), le film-documentaire de Jean-Pierre Mocky pour se rappeler que ces comportements sont loin d'être exceptionnels parmi les "les meutes hurlantes" (1) décérébrées, devant leur télé ou sur des gradins. Pour sevrer les intoxiqués des gradins, il suffirait de les enfermer dans les enceintes grillagées qui servent aux combats de MMA.  
Les « acteurs de la vue de la Cité » font monter la sauce, détournant ainsi le regard des citoyens de leurs turpitudes, mensonges et escroqueries ordinaires. Ces joueurs de bonneteau occupent le populo avec les jo, un concours de l’eurovision ou un match  de football... c’est sans doute un hasard si Bolloré est devenu à la fois propriétaire de Cnews et de Canal + ‘la chaîne du sport’ ? 
Foot et baston, deux rimes riches pour un sport de poètes.  
En misant sur le sport, le football en premier, les municipalités et leurs fan-zones, les partis, quelque soit leur étiquette politique, les gouvernements s’achètent des voix antidote, en espérant calmer ou retarder les explosions de colère. Hidalgo et Macron ne nous épargnent aucun argument ridicule et infantilisant, sur le partage de moments de bonheur et la fierté redonnée aux français. Et ça marche ! Après avoir désespéré tous les Billancourt du pays, la seule satisfaction qui leur serait permise serait donc limitée à un abrutissement à la sauce Clochemerle. Quand Zola écrivait l’Assommoir, aujourd'hui, c'est au comptoir du foot que les chaînes de télévision abreuvent leurs spectateurs. Là encore, est-ce un hasard si Pascal Praud a fourbi ses armes réactionnaires dans des émissions de commentaires footballistiques ? Sur les manchettes de ce « Jour historique », « Paris écrit sa légende »... mais quel Paris, quelle légende ? Celle d’un entrisme wahhabite triomphant qui sert des tournées d’opium du peuple,  devant lequel Retaillleau détourne le regard tant il risquerait de perdre de votes à lremettree  en question ? Le « garant de l’ordre et de la sécurité » préfère mobiliser 5 400 policiers sur les Champs Élysées plutôt que d’interdire ces manifestations de “joie innocente” mais qui occasionnent des dégâts physiques et matériels sans nombre. 5 400 flics et encore le match a-t-il eu lieu à Munich et pas à Paris ! On s’abstiendra de compter les bastons des aires d'autoroute et ceux des villes de province où seront installées ces fan-zones au goût de rassemblement fasciste assumé. Gageons que « le débat » portant sur la ré-introduction de la reconnaissance faciale (merci aux J.O.) et aux outils répressifs de l’intelligence artificielle sera vite « torché » tant l’installation des outils technologiques au service d'une dictature à venir paraîtront indispensables pour garantir la sécurité. Qui prétend que le sport et particulièrement le football, ne présentent aucune utilité ?  
Le coût des Sport Blocks
Les sites de paris en ligne devraient trouver matière à bénéfices. Combien de morts, de blessés ? Curieusement, aucun des gardiens sourcilleux de la propriété privée et de l'ordre dit républicain, n’envisage d’interdire les compétitions de football. Imagine la beauté des Champs Élysées dévastés par des émeutes XXL, leurs boutiques pillées, celle du Paris Saint Germain en premier lieu ? Le temps d’une rencontre sportive, les militants les plus radicaux se transforment en socio-démocrates pour lesquels le football est fondamentalement innocent de ces péchés, oubliant un peu vite qu’il est sous la botte d’une fédération internationale qui fait partie d’une société capitaliste. Il restera toujours des naïfs et des imbéciles pour arguer qu’il ne s’agit pas de « notre football » ni de « vrais supporters » mais de « racailles de banlieue » qui salissent tout. C’est pas moi, c’est les autres. Le pire ? Sarkozy, supporter numéro 1 ne pourra pas assister à la conquête du Graal munichois alors que, d’après Mediapart, ce serait grâce à son intervention que le Qatar a pu acquérir le PSG. Salauds de juges ! A propos, qui prend en charge le coût liés au match, surveillance des supporters, dégâts et salaires des policiers indispensables pour lutter contre ces sport-blocks ? 
Le foot, c'est la continuation de la guerre par d’autres moyens
En forme d’addendum, ce passage trouvé sur le site « Valorisation du patrimoine et Humanités numériques des Licences d’Histoire de l’Institut National Universitaire Champollion d’Albi », un article de Mathis Charrie rappelant que le sport a toujours été la continuation de la guerre par d’autres moyens et que c’en est la meilleure préparation. « L’entraînement sportif lacédémonien a-t-il pour seul but de former de futurs soldats ? L’éducation sportive constitue un rouage essentiel au sein de la cité de Sparte. En effet, l’éducation du spartiate, par le biais de l’agogé, est nécessaire dans le cadre de la préparation des guerres récurrentes entre les cités durant la période archaïque (800-480 av. J.-C.)» 
Pour ma part, j’avais espéré que les salariés de l'émir du Qatar se soient couverts de ridicule pendant cette finale et que leur bus ait défilé sur les Champs Élysées entre deux haies de supporters qui leur auraient jeté des pierres, avant qu’ils soient déportés à Saint Pierre et Miquelon ou dans la jungle guyannaise. Mais non… les Césarsss$$$ ont eu droit à un Triomphe romain avec défilé sur char électrique entre l’Arc de triomphe et le Capitole parisien du 55 de la rue du faubourg Saint-Honore. Ils auront le droit de porter la toga picta ici, un maillot bleu blanc rouge étoilé, aux armes du Qatar. Dommage. On aurait gagné quelques mois de tranquillité, échappant au concert de nationalisme naze et au chauvinisme benoîtement benêt comme celui de la Charente Libre : « Une finale pour régner sur l’Europe ». Avec comme arbitres Trump, Poutine, Xi, Van der Leyen ? Quid de Macron, te demandes-tu peut-être ami(e) lecteur(trice). Ne reculant jamais devant le ridicule ni l’outrance, en véritable homme de l’être mais surtout du néant, notre diffuseur national officiel d'enflure médiatique, de poudre de perlimpinpin et de billevesées croquignolesques s’est senti obligé d'y aller de son dithyrambe : « Champion mon frère ! » Jour de gloire pour le PSG ! Bravo, nous sommes tous fiers. Paris, capitale de l’Europe ce soir." Y a pas, le champion, c'est Macron.  

(1) “les meutes sportives. Critiques de la domination”. Jean Marie Brohm  ( L’harmattan 1993).
 

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