Préambule
Au cours de mes débats sur le site du Nouvelobs permanent entre 2001 et 2004, j’ai eu droit à de bien nombreuses « remarques » plus ou moins agréables ou pertinentes. Si je cite ce texte qui m’est adressé et que j’ai beaucoup apprécié, c’est pour montrer à quel point, les mythes bibliques jouent un rôle important en Israel où,la Bible, comme « livre de lecture » tient une place essentielle. Ici, il s’agit de Sanson figure mythique de la force des Israéliens s’est laissé séduire par la « prostituée » Dalila, une figure représentative de la duplicité des philistins, ( actuellement des palestiniens ) qui causent de paix, alors qu’ils ne pensent qu’à détruire Israël
Dans un film remarquable :Pour un seul de mes yeux, Avi Mograbi. Cinéaste israélien, s’interroge (et interroge le spectateur et son peuple) sur deux mythes israéliens, Samson et Massada, servis à volonté aux jeunes générations israéliennes, à l’école et lors de visites collectives - qui s’apparentent à des réunions de sectes - aux sites, historiques ou légendaires ...
La Feuille de Route de la Prostituée :
François
Parabole pour François, qui est sûrement un client.
Des légendes courent concernant ses origines. Certains disent qu’elle est LE serpent du jardin d’Eden. Elle réapparaît sous différentes formes et divers noms, au fil de l’histoire humaine. Beaucoup la considèrent comme un démon femelle des abysses infernaux. Partout, elle a la même façon d’agir: Montrez-moi votre vrai point faible, supplie-t-elle, et je vous promets que nous vivrons en paix pour toujours. Faites-moi confiance.
Mais elle nous est mieux connue en tant que Dalila, la prostituée de Gaza. C’est alors que Samson eut commerce avec elle. « Montre-moi ton vrai point faible », supplia-t-elle. « Je n’en ferai pas usage contre toi. Fais-moi confiance. Nous vivrons en paix ensemble. »
Mais Samson était subtil. « C’est un jeu d’enfant », plaisanta-t-il, tout ce que tu as à faire est de me ligoter fermement avec sept sarments de vigne qui n’ont jamais séché. » Il ne fallut pas longtemps pour que Dalila lui offrît ce geste de bonne volonté en faveur de la paix : son Tanzim fondit sur Samson et le ligota avec les dits sarments de vigne. [Cf. Livre des Juges Ch. 16, § 7-8]. « Mort à l’Occupant », cria-t-elle. « Par le Feu et par l’Esprit, nous te Libérerons, ô Gaza. Mais Samson brisa ces attaches comme s’il s’agissait d’un fil [Ch.16, § 9], et il lança un raid de représailles qui lui valut d’être condamné comme agresseur par le monde entier.
« Espèce d’agresseur colonialiste ! », ricana-t-elle. « Tu tournes en dérision ma Paix des Braves, n’est-ce pas ? » Mais le monde entier - y comprisla Maison Blanche– faisait pression sur Samson pour qu’il arrangeât les choses avec la prostituée. « Révèle-moi quel est ton vrai point faible », insista-t-elle. « Soit. l’autre jour j’en ai profité pour te piéger, mais, cette fois, je suis sincère. »
« C’est entendu », opina Samson. « Voici un truc, au cas où je m’assoupirais. Si on me ligote avec des cordes entièrement neuves qui n’ont jamais servi, je serai aussi faible qu’un chaton nouveau-né. «
A peine avait-il sombré dans un bref assoupissement, que le Tanzim fit irruption dans le boudoir. [Cf. Juges Ch. 16, § 10-12]. « Mort à l’Occupant ! » hurla la prostituée, et ses miliciens assaillirent le parachutiste endormi. Mais il se dressa et lança une campagne d’assassinats ciblés contre ses persécuteurs.
« Quoi ? Tu t’es encore moqué de moi? Où est ton sens de la confiance? », Gémit la prostituée. Mais la Maison Blanche s’impatientait. Elle présenta à Samson ce qu’il devait à la prostituée et à ses Philistins quelques faveurs pour le rôle utile qu’ils avaient joué dans la défaite des Chaldéens.
« C’était juste pour te mettre à l’épreuve », dit Samson. Maintenant que je sais tu es ma colombe douce et sincère, je vais te dévoiler mon secret. « Tu n’as qu’à tisser les sept tresses de ma chevelure pour en faire une carte de la Saint Valentin[fête des amoureux], et pour que je sois comme un petit enfant entre tes mains. » Ce qu’elle fit, mais il bondit et s’en alla. [Cf. Juges Ch. 16, §13-14].
« Tu es un mufle ! », pleurnicha-t-elle.La Maison Blanche était de plus en plus courroucée de l’entêtement de ce type-là, et la Belgiques’apprêtait à le juger pour crimes de guerre, du chef d’une broutille : n’avoir pas empêché les renards aux queues en feu de ravager les champs des Philistins. [Cf. J 15, 4-5].
« Cette fois, elle est sincère », insista le Secrétaire d’Etat, vous devez mettre sa bonne volonté à l’épreuve. « C’est vrai ! », appuyèrent les Euro eunuques.
« Bon ! », soupira le guerrier en signe d’apaisement, sinon d’épuisement. [Cf. J 16, 16]. « Si tu me coupes les cheveux en brosse, comme un Marine, alors je serai sans force. » [Cf. J 16, 17] [Dalila:] « Tu as déjà menti et enfreint ta promesse, alors, cette fois, plus de ruses. Cette fois, il vaut mieux que tu dises la vérité. »
On connaît la suite. Finalement, Samson eut sa revanche, mais au prix de son autodestruction, façon Oslo.
Mais, au fait, qu’est-il advenu de la prostituée de Gaza? La Bible est muette à ce sujet. Était-elle dans le temple païen que Samson fit s’écrouler sur les têtes de ces barbares? Apparemment pas, sinon, il en eût été fait mention.
Ce démon femelle a erré dans le monde, se manifestant dans les lieux les plus inattendus. Elle a épousé le Roi Achab et envoyé ses shahids [martyrs] assassiner les prophètes de Dieu. [Cf. 1 Rois 18, 4]. Elle a tenté de tromper Ulysse afin qu’il périsse. Dans les années ‘30, elle s’est emparée des âmes des dirigeants du monde, et ils ont succombé à ses charmes. « Montrez-moi quel est votre véritable point faible », roucoulait-elle. Et après chaque round, son Tanzim attaquait et perpétrait des atrocités, bientôt suivies de nouveaux flirts et de nouveaux programmes de paix basés sur le même vieux thème: « Faites- confiance. Eh bien, oui, je vous ai menti, dans le passé, mais cette fois, je suis sincère. »
Elle s’est encore cachée jusqu’en 1992. C’est alors qu’elle s’est glissée hors de son antre, et, sous le couvert d’un marécage putride, elle s’est à nouveau maquillée en prostituée. Abordant les rives de Gaza, qu’elle foulait jadis, elle soupira et railla: « Montrez-moi votre véritable point faible », dit-elle. « Faites-moi confiance, je veux seulement le connaître, mais je ne l’emploierai jamais contre vous. C’est mon offre de paix
Et commela Dalilade jadis et son gargantuesque amant éperdu d’amour, elle utilise sans cesse la même stratégie, et celui-ci lui rend les mêmes hommages amoureux. Son soupirant n’apprend jamais du comportement passé de sa maîtresse, jamais il n’ouvre les yeux. Après chaque trahison, elle revient avec le même accent de sirène.
- « Montre-moi seulement ton point faible. Tu n’as qu’à mettre ton cou dans cet amical nœud coulant. C’est pour la paix, tu sais! ».
- « Mais tu m’as trahi chaque fois que je t’ai fait confiance dans le passé! », proteste-t-il.
- « C’est parce que tu ne m’as pas vraiment fait confiance », répond-elle, avec une expression mélodramatique de sentiments blessés. « Tu as hésité, tu as rusé, tu as caché ton jeu, tu as refusé de te comporter comme un homme sincèrement amoureux et fidèle à sa parole. Tu n’es jamais allé jusqu’au bout, jusqu’à remettre ton existence même entre mes mains. Et tant que tu ne renonceras pas à tes soupçons et à ton entêtement, tant que tu ne feras pas la preuve de la sincérité de ton amour en acceptant ma feuille de route et en plaçant ton cou dans mon nœud coulant, nous n’avons rien à nous dire. »
(Nouvelobs permanent : Yo - Paris - 24.08.03 19:37)
Remarque :
. Yo se livre à une transposition de « L’épisode des portes de Gaza » Livre des Juges Chapitre 16. La mise en perspective par Yo de ce mythe qui tient une place centrale en Israël donne une image très intéressante de la paranoïa qui tient la quasi totalité des israéliens persuadés qu’ils ont presque tout fait pour conclure une « paix des braves », sans pour autant renoncer, comme le fit Sanson, dans le récit dela Bible, à leur « Puissance ». Israël a eu raison, car à chaque concession, ce sont les Palestiniens qui profitant de la « bonne volonté de paix » d’Israël ont tenté, en vain de l’abattre.
La Feuille de Route se présente donc comme un piège tendu par les « fourbes » Arabes qui parlent de paix dans le but de détruire Israël. Le renoncement d’Israël, à sa force, son pouvoir, sa « puissance divine » serait catastrophique. Sachant de ce qu’il est advenu pour Sanson, les Israéliens ne peuvent pas se permettre de perdre la face et trahir le secret de leur force ou abandonner une parcelle de leur pouvoir sous peine d’être enchaînés.
Cette inversion paranoïaque qui est à l’extrême opposé de la réalité historique actuelle, qui fait partie des mythes bibliques pour expliquer les défaites subies par Israël dans son « HISTOIRE », défaites qui sont dues à un manque de vigilance face à la « perversité » de ses ennemis qui dès que Israël lâche la garde vont se venger parce qu’ils ne sont que des « misérables », profondément jaloux de ce peuple que Dieu a choisi pour faire advenir son Règne de Justice et de paix qui concrètement aujourd’hui sont nos valeurs de civilisation pour lesquelles il est juste et bon de se battre, de faire la guerre.
Incessamment dans la Bible Yahvé rappelle à son peuple que s’il abandonne sa fidélité à ses valeurs, sa vigilance face à ses ennemis, les « adorateurs d’idoles », il se perdra, il ne chassera plus pour lui : « Ne suivez pas d’autres dieux, d’entre les dieux des nations qui vous entourent, car c’est un Dieu jaloux que Yahvé ton Dieu qui réside au milieu de toi. Sa colère s’enflammerait contre toi et il te ferait disparaître de la face de la terre » (Dt Ch. 6§ 14 à 16)