(Nouvelobs permanent : Blasphème - Bruxelles - 05.01.03)
Mais faites gaffe de ne pas vous étouffer en me mangeant, car je ne suis pas halal.
« Il me semblait qu'un forum était une chance formidable d'écouter des points de vue originaux et francs, pas de chercher à se convaincre à tout prix, encore moins de se faire insulter par des gens incapables de poser deux idées a la suite.»
Quelle chance formidable d’avoir pu écouter votre point de vue. C’était là un façon tout à fait originale d’entamer un débat en qualifiant Israël d’ « état parasite », et « à quoi bon cet état ». C’est à cela que je vous ai répondu et je ne vous ai pas insulté que je sache.
Les femmes et les gosses victimes, examinons les statistiques :Sur les deux années écoulées, plus de 50% des Palestiniens tués étaient, au moment de leur mort, activement engagés dans un combat contre les Israéliens (il s'agit, précisons-le, d'un combat les armes à la main: les lanceurs de pierres ne sont pas inclus). Parallèlement, plus de 80% des Israéliens tués étaient des non-combattants.
Un examen plus attentif encore livre d'autres enseignements. Ainsi, le nombre des victimes féminines. En deux ans, de fin septembre 2000 à fin septembre 2002, 75 femmes palestiniennes et 192 femmes israéliennes ont été tuées. La disproportion est manifeste: parmi les femmes tuées au cours du conflit, 72% sont Israéliennes. Ce chiffre donne à lui seul la mesure de ce qui se passe réellement sur le terrain. Si l'on ne prend en compte que les non-combattants tués par la partie adverse, la disproportion est plus flagrante encore: 55 Palestiniennes et 189 Israéliennes, soit 77% d'Israéliennes parmi les victimes femmes. Parmi les victimes israéliennes de l'Intifada, il y a 31% de femmes (et près de 40%, si l'on considère les seules victimes non-combattantes). Parmi les victimes palestiniennes, le pourcentage des femmes est inférieur à 5% (il est de 8% si l'on considère les seules victimes non-combattantes). Pourquoi un tel décalage? La réponse est évidente. Les femmes palestiniennes ont été victimes des "dommages collatéraux" (balles perdues, bombardements, tirs de chars…) lors d'actions militaires, tandis que les femmes israéliennes ont été victimes d'attentats touchant indistinctement la population civile.
On parle aussi d'"enfants" dès qu'il s'agit de jeunes de moins de 18 ans; en l'occurrence, cette classification-là répond à une règle internationale, mais elle est pour le moins inadaptée lorsqu'un "enfant" palestinien de 17 ans affronte, les armes à la main, un "soldat" israélien de 18 ans…
À propos de nettoyage ethnique : Au Maroc en 1947, il y avait 280 000 juifs, il en reste moins de 3000. A Jérusalem, à la même époque, il y avait 35 000 musulmans, il y en a 150 000 aujourd’hui. Qui pratique le nettoyage ethnique à Nazareth ?"Vers l'Orient compliqué, je partais avec des idées simples", écrivait naguère Charles de Gaulle à propos du Proche-Orient. Hélas, bien des Européens ont agi de même à travers les décennies et continuent à le faire, aujourd'hui plus que jamais. Depuis le déclenchement de la deuxième Intifada, ce simplisme a en effet atteint un paroxysme, aggravé encore par le véritable syndrome de Stockholm suscité sur le vieux continent par les attentats du 11 septembre. Une partie de l'opinion a effectué un singulier renversement dans la vision de cet événement majeur, la victime (américaine) devenant bourreau, les tueurs acquérant peu ou prou le statut, sinon de victimes, du moins de porte-drapeaux des "damnés de la terre". Ce plus grand attentat terroriste de tous les temps, cet authentique moment de vérité, est devenu pour certains en Europe une simple péripétie alors qu'il inaugure l'ère du nihilisme mondialisé, comme l'écrit André Glucksmann
L'antisémitisme, mis sous le boisseau pendant des décennies, commence à pointer à nouveau ici et là. Même si, dans notre pays, il reste encore marginal et moins prononcé que la xénophobie ambiante, notamment anti-maghrébine. Et même si les pouvoirs publics et la Belgique officielle ne participent nullement à ce phénomène, il a perdu son caractère jusque-là "politiquement incorrect". Les Juifs sont de nouveau confrontés au caricatural "je ne suis pas antisémite, mais... ". Beaucoup éprouvent un angoissant malaise dans ce pays, leur pays. Le phénomène n'est évidemment pas limité à la Belgique. Pour s'en assurer, on citera Monseigneur Rowan Williams, l'archevêque du Pays de Galles, qui fait partie de ces ecclésiastiques britanniques inquiets de voir que l'opposition à Israël est souvent motivée par un antisémitisme profondément enraciné dans la théologie chrétienne .
Dans une carte blanche publiée par Le Soir daté du 17 octobre dernier, Ouri Wesoly, qui fut jadis rédacteur en chef de Regards, verse lui aussi dans le simplisme le plus radical lorsqu'il traite ce malaise par un sarcasme méprisant. Son analyse, dénuée de toute lucidité, dédouane tous ceux qui, depuis deux ans, " dérapent " dans les propos qu'ils tiennent à propos des Juifs et d'Israël. Certes, nous ne sommes pas dans l'Allemagne nazie de 1933, ni dans la France maurrassienne de l'avant-guerre. La Belgique n'est pas un pays antisémite. Il n'en reste pas moins qu'un nombre croissant de leaders d'opinion recourent aujourd'hui aux clichés les plus éculés, habilement enrobés dans un discours prétendument antisioniste. L'antisionisme est devenu le discours politiquement correct d'une certaine gauche et de l'extrême droite. Il faudrait être sourd pour ne pas l'entendre. Ou vivre dans un ghetto.
" Le Soir ", ce journal avec lequel la communauté juive entretenait une histoire d'amour depuis belle lurette, n'a pas été exempt de dérapages que nous jugeons regrettables. Faut-il le dire, la publication de certains courriers de lecteurs, de cartes blanches ou d'articles que nous estimons partiaux (tel le reportage sur le terroriste expatrié de Bethléem) ont blessé une grande partie de la communauté juive et non seulement une poignée de Juifs d'extrême droite, comme Oury Wesoly se plait à le croire. Est-ce faire preuve de " l'esprit de ghetto " que de s'indigner de la manière dont certains journalistes de la presse écrite et audio-visuelle rendent compte du conflit au Moyen-Orient. Reconnaissons que le fait d'être publié aujourd'hui dans les colonnes de ce journal, exprime le désir de tourner la page.
Ni Arafat, ni Sharon ne semblent vouloir envisager une perspective pacifique au conflit qui endeuille leurs peuples mais, verser dans un simplisme qui conduit à donner un blanc seing aux dirigeants les plus sanguinaires en réservant ses foudres au seul Premier ministre d'Israël n'aide à progresser ni dans la compréhension ni dans la solution de ce conflit.
Ce manichéisme simplificateur embrouille les esprits et ne favorise pas la créativité. Or n'est-ce pas de créativité que nous avons besoin ? De cette créativité qui a su faire lever un Gandhi ou abattre le mur de Berlin. Et qui amènera les Palestiniens à renoncer aux attentats et les Israéliens à évacuer les territoires et sonner enfin, le glas de ce conflit fratricide.
Remarque Partage et Dialogue est une association juive qui estime que les Juifs ont un droit de péremption sur la Palestine, la Terre Sainte promise et donnée au peuple juif jusqu’à la fin des temps. Si les Juifs ont quitté cette Terre, ils ont un DROIT AU RETOUR incontestable. Dans leur logique « biblique », il est possible d’accepter en Palestine la présence d’une minorité arabe, mais à condition qu’elle se soumette aux conditions imposées par Israël et accepte de vivre dans les espaces, qui ne sont pas sacrés, c’est à dire dévolus par Yahvé aux « peuple juif » Si ces gens là, pétris par la Bible posent leurs revendications en termes « bibliques », les dirigeants israéliens revendiquant pour Israël le statut d’ETAT DU PEUPLE JUIF introduisent, eux aussi une sacralité qui justifie les extensions territoriales au nom de la Sécurité d’Israël.Blasphème exprime d’une façon qui se veut parfois être humoristique, mais qui en réalité est accusatrice et revendicative. Elle (ou il) reprend la thématique qui imprègne les discours sionistes :