fxavier (avatar)

fxavier

Enseignant retraité

Abonné·e de Mediapart

582 Billets

0 Édition

Billet de blog 14 avril 2013

fxavier (avatar)

fxavier

Enseignant retraité

Abonné·e de Mediapart

ISRAËL: Naissance et épanouissement du sionisme

fxavier (avatar)

fxavier

Enseignant retraité

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Naissance et développement du sionisme

10 avril 2013 Par fxavier

 « Israël est l’Occident qui a fui l’Occident, il est aussi l’Orient qui a retrouvé l’Orient. Pour les pays du « Tiers Monde », il est peut-être, il devrait être le seul mode de présence de l’Occident qu’ils puissent tolérer, où une coopération sans arrière pensée se substitue à la colonisation (Eisenberg, Le Monde 1969)

Yosef Weitz, chef du Service de colonisation de l'Agence juive, qui déclarait en 1940 : « Entre nous, il doit être bien clair qu’il n’y a pas de place pour deux peuples dans ce petit pays. Si les Arabes s’en vont, il sera libre et ouvert pour nous. Si les Arabes restent, le pays restera étriqué et misérable.

1°À PROPOS DE LA NAISSANCE ET DU DEVELOPPEMENT DU  SIONISME

On peut d’abord noter que tout particulièrement à ses débuts vers la fin du 19ème siècle Theodor Herzl, écrivain hongrois, auteur d’un livre « L’Etat Juif"  fondateur du sionisme rasait les murs face aux communautés religieuses juives d’Europe centrale, qui si elles pouvaient psalmodier dans certaines de leurs imprécations « Demain à Jérusalem » trouvaient les idées propagées par les sionistes étaient des idées  « folles » et mêmes dangereuses pour les communautés juives dans la mesure où les peuples arabes risquaient de se révolter contre la réalisation d’un injonction qui avait pris avec le temps une dimension « spirituelle ». .

La   grande majorité des Juifs, surtout les Juifs croyants et pratiquants  estimaient que les sionistes faisaient de la Torah une interprétation littérale dangereuse pour l’avenir du judaïsme en tant que modèle moral et religieux pour les nations de la terre. Ils étaient bien conscients que le sionisme risquait d’entraîner les juifs à une aventure comparable à celle des chrétiens dans les croisades dont eux et les arabes avaient  été les victimes. ..

Il faut bien reconnaître que la grande majorité des sionistes étaient à l’origine des juifs non croyants et non pratiquants, mêmes  parfois athées et communistes, ce qui ne faisait que accentuer la méfiance de la communauté juive à leur égard. Mais les idéologues sionistes étaient bien conscients des intérêts que pouvaient représenter pour les juifs ce « Retour », et dans la bonne tradition coloniale du début du vingtième siècle, ils ont  certains juifs «pauvres » en vue de la réalisation de leur projet 

Dans un premier temps, il n'était pas  question  que les Juifs aillent à la  conquête de la "Terre Sainte »,en se référant à la Bible dont les rabbins avaient fait, comme les théologiens chrétiens une interprétation herméneutique c’est à dire une interprétation qui s’attache à la signification symbolique plus qu’à une interprétation littérale des textes sacrés. Face à cette opposition formelle  de la majorité des Communautés juives, au Congrès sioniste de Bâle en 1897 Théodor Herzl se contenta de parler de la création d’un « Foyer National Juif » et d’une « occupation pacifique » par le rachat de terres à de grands propriétaires arabes, rachats financés par le Fonds International mis en place ultérieurement…

Effectivement, entre 1920 et  1936 l’immigration juive , quelques dizaines de milliers , s’est trouvée confrontée à une double résistance, bien sûr à celle des Palestiniens qui étaient chassés de leurs terres dont ils étaient les métayers vendues par des propriétaires arabes non résidents, mais aussi à celles de communautés juive de Palestine qui s’inquiétaient, à juste titre, des troubles causés par ces immigrants juifs qui érigeaient leurs kibboutzim en les entourant de fil barbelés et labouraient leurs terres le fusil sur l’épaule.

Avec l’a montée du nazisme,  entre 1936 et 1945, quelques deux cents ou trois cents mille juifs se sont installés en Palestine d’une façon un peu moins agressive que les premiers colons et ont pu se caser en tant que réfugiés sans que cela pose vraiment  trop de problèmes

A la fin de la guerre, le mouvement sioniste a mis le paquet pour réaliser son projet qui se résume en deux termes : CONSTRUCTION DU GRAND ISRAËL dans ses frontières  « bibliques », TRANSFERT ET EXPULSION DES ARABES

A tout seigneur tout honneur, Ben Gourion, le fondateur de l'Etat d'Israël écrivait, dans une lettre à son fils en 1936 : "Un Etat juif partiel n'est pas une fin, mais seulement un commencement. Je suis convaincu que l'on ne peut nous empêcher de nous établir dans les autres parties du pays et de la région."  Et de préciser sa pensée au Conseil de Paalei Zion, futur Parti Travailliste, à Tel-Aviv en 1938 : "Les frontières des aspirations sionistes, incluent le Liban Sud, le sud de la Syrie, la Jordanie d'aujourd'hui, toute la Cisjordanie, et le Sinaï." Il importe de rappeler que après le vote du Plan de Partage par l’ONU, Ben Gourion a engagé Israël   dans la guerre avec les pays arabes dans le but  agrandir substantiellement l’Etat hébreu  et d’en chasser les palestiniens conformément au projet sioniste tel qu’il est, on ne peut plus clairement exprimé  Yosef Weitz, et il a, logiquement refusé en 1949 de céder une quelconque parcelle des territoires conquis par Israël en échange de la paix avec les pays arabes.

La guerre des « Six Jours » en 1967 devait être l’ultime étape du « Grand Israël » à laquelle, les dirigeants israéliens de Lévi Eshkol à Sharon se sont attelés avec constance et obstination dès les années 67 jusqu’à nos jours, et dont Yosef Weitz, « prophète sioniste » avait tracé les contours.

Yosef Weitz, chef du Service de colonisation de l'Agence juive, qui déclarait en 1940 : « Entre nous, il doit être bien clair qu’il n’y a pas de place pour deux peuples dans ce petit pays. Si les Arabes s’en vont, il sera libre et ouvert pour nous. Si les Arabes restent, le pays restera étriqué et misérable. Quand la guerre sera finie et que les Anglais l’auront, quand les juges siégeront sur le trône de la Loi, notre peuple doit présenter ses besoins et ses droits, et la seule solution est la Terre d’Israël, ou au moins la partie occidentale de la Terre d’Israël (c’est à dire la Palestine) sans les Arabes. Il n’y a pas de compromis possible sur ce point. Jusqu’ici l’entreprise sioniste a fait du bon travail en préparant la création de l’État hébreu. Jusqu’ici on pouvait se contenter « d’acquérir » des terres, mais ce n’est pas cela qui fondera l’État d’Israël. Cela doit se faire d’un seul coup comme la Rédemption.(c’est le secret de l’idée messianique) Et il n’y a pas d’autre moyen que de transférer les Arabes d’ici vers les pays voisins… Nous n'atteindrons pas notre but s'il y a des Arabes dans ce petit pays. Il n'y a pas d'autre issue que de transférer les Palestiniens d'ici dans les pays avoisinants, de les transférer tous. Il ne doit pas rester un seul village, une seule tribuEt il n’y a pas d’autre moyen que de transférer les Arabes d’ici vers les pays voisins ; à l’exception peut-être de Bethléem, Nazareth et la vieille ville de Jérusalem, nous ne devons pas tolérer un seul village une seule tribu….La terre d’Israël n’est pas du tout petite, si seulement on la vide des Arabes et si on élargit un peu les frontières, au nord jusqu’au Litani, à l’est jusqu’aux hauteurs du Golan»  ".

Quant au statut des Arabes restés dans la Terre d’Israël Uri Lubrani, conseiller spécial aux Affaires arabes du Premier ministre israélien David Ben Gourion , déclarait en 1960, reprenant ce qui est écrit dans le Deutéronome : "Nous réduirons la population arabe à une communauté de bûcherons et de serviteurs ». 

 Pour clore ce tour d’horizon non exhaustif mais bien significatif, Raphaël Eitan, chef d'état-major des Forces armées israéliennes  en 1983, pouvait renchérir sans que cela choque beaucoup de monde :

 "Nous déclarons ouvertement que les Arabes n'ont aucun droit à s'établir ne serait- ce que sur un centimètre d'Eretz Israël. Nous utiliserons la force extrême jusqu'à ce que les Palestiniens viennent à nos pieds en rampant. "(Gad Becker, " Yediot Aharanot ", 13 Avril 1983, New York Times, 14 Avril 1983)

Le même Eitan clarifia  plus tard sa pensée en indiquant : "Lorsque nous aurons pacifié le pays, tout ce que les Arabes pourront faire ce sera de tourner en rond comme des cafards drogués dans une bouteille. "

Moralité…..

Les "sionistes politiques" qu’ils soient de droite ou de gauche, possèdent une particularité qu'il y a lieu de bien intégrer dans nos esprits occidentaux : une continuité sans faille dans les discours qui se traduit dans les faits au quotidiens

 En conséquence seule la résistance armée du peuple de Palestine, son insistance à faire respecter le droit international  peut mettre un terme au rêve insensé rêve  d’un Etat du peuple juif sur l’ensemble de la Palestine. Et c’est bien pour cette raison que tous les « accords de paix » dans lesquelles Israël impose son DIKTAT, comme dans les accords d’Oslo sont non seulement inopérants mais ont permis à Israël d’étendre ses colonies

Remarque

Nul n'est besoin de chercher ailleurs que dans la Bible, un modèle qui nous donne une des clés du comportement des Israéliens, dans la « reconquête » de la Terre Promise…. Comparer le comportement des Israéliens à celui des nazis, c'est vraiment trop trivial ; ils ont l'art et la manière pour justifier leurs crimes, comme le font d'ailleurs aussi, leurs « amis américains ».
En tout état de cause, si les rafles et représailles peuvent faire penser, par des rapprochements superficiels à des comportements nazis, ils n'ont pas l'intention d'exterminer les Palestiniens, leur seul but est de les chasser pour s'emparer de leurs terres qu'ils prétendent être «Leur Terre  » par décret divin.

Les Israéliens ne tuent que ceux qui leur résistent ou sont susceptibles de leur résister, ceux qui ne reconnaissent pas ou sont susceptibles de ne pas reconnaître que : tout Juif a droit à une parcelle  à une parcelle de la Terre Sainte, a droit au Retour contrairement aux « derniers locataires » de cette terre de Palestine qu'on été les Palestiniens

A ceux qui doutent de la pertinence de mon propos la lecture du « Deutéronome » et du «Livre de Josué » sera bien instructive ! (Nous y reviendrons plus loin)

   2°     LA SPECIFICITE DU  COLONIALISME SIONISTE !

Préambule

                  La destinée de la Palestine représente une anomalie, une déviation radicale par rapport au courant de l’histoire contemporaine. En effet, une multitude de peuples ont réussi à conquérir leur droit à l’autodétermination au moment même où les peuples arabes de Palestine sont mis dans l’impossibilité de s’opposer à l’aboutissement de la colonisation systématique à laquelle la Palestine est soumise depuis des décennies : expropriation forcée de la population indigène de sa propre terre, implantation d’une souveraineté étrangère et importation massive d’étrangers de préférence des Juifs rameutés par la propagande sioniste et attirés par des conditions de vie avantageuses par rapport à leur pays d’origine qui occupent les terres vidées de leurs légitimes habitants. (cf.: Marc Hillel « ISRAËL EN DANGER DE PAIX)

    CADRE HISTORIQUE ET ETAPES DU COLONIALISME SIONISTE

A la fin du 19ième siècle, sous l’influence du Credo Nationaliste qui balayait l’Europe, et les aventures coloniales des  « Nations chrétiennes », certains Juifs en étaient arrivés à se convaincre du fait que les liens religieux et prétendument raciaux entre Juifs constituaient une « nationalité » juive et leur conféraient le droit à la création d’un Etat juif., non pas en tant qu’avant poste d’une patrie métropolitaine, mais en tant que véritable patrie vers laquelle, tôt ou tard, la « Nation juive entière convergerait de toutes les parties du monde.

Les tentatives improvisées de la colonisation juive de la Palestine entre  1882 et 1897 furent un échec, dans la mesure où  les Juifs persécutés en Europe préféraient émigrer en Amérique, ce constat amena à un réexamen  sérieux de la stratégie au cours du premier Congrès Sioniste, tenu à Bâle au mois d’août 1897 sous la présidence de Théodor Herzl. On mit en place un programme strictement nationaliste de colonisation organisée, assortie de buts politiques bien définies : « Le but du sionisme est la création en Palestine d’un foyer pour le Peuple Juif, garanti par la loi publique. Les sionistes ont préféré l’euphémisme « Foyer » au terme explicite d' « Etat ». Herzl, note dans son journal : « A Bâle, j’ai fondé l'Etat juif. Si je m’avisais de le proclamer aujourd’hui, tout le monde se moquerait de moi. Dans cinq ans peut-être, dans cinquante ans certainement, cela n’échappera plus à personne »

    SPECIFICITE DE LA COLONISATION SIONISTE.

Les colons européens partaient  soit dans l’espoir d’accumuler une fortune personnelle moyennant l’exploitation des ressources naturelles, soit de préparer le terrain ou de conquérir à l’annexion des territoires convoités par les gouvernements impérialistes. Les  colons sionistes étaient poussés à coloniser la Palestine par le désir de conquérir pour eux même une identité nationale et d’établir un Etat juif qui serait indépendant de tout autre gouvernement et qui, avec le temps, attirerait sur son territoire les Juifs du monde entier. Contrairement à la colonisation européenne dans d’autres territoires, la colonisation sioniste était dans son essence incompatible avec le maintien de la population indigène dans le territoire convoité.

L’ALLIANCE DE L’IMPERIALISME BRITANNIQUE ET DU COLONIALISME     SIONISTE     

Jusqu’à la Première Guerre Mondiale, la colonisation sioniste livrée à elle-même n’avait pas réussi à progresser d’une façon significative. La politique britannique au Moyen –Orient avait été axé sur le maintien de l’intégrité de l’Empire  Ottoman, ses intérêts étaient mieux garantis par un Empire Ottoman plutôt malléable. Mais quand la Turquie rallia le camp des Puissance Centrales en guerre, il fallut élaborer une politique de rechange. Au début, la Grande  - Bretagne envisagea de substituer la domination impériale ottomane à une autonomie arabe, projet vite abandonné et les assurances anglaises d’indépendance faites aux Arabes s’ils se rangent aux côtés des Alliés n’empêchent pas le ministre des  Affaires étrangères, Arthur Balfour, de promettre le 2 novembre 1917, dans une lettre adressée à Lord Rothschild que « Le gouvernement de sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un Foyer pour le peuple juif »

 Les troupes anglaises entrent à Jérusalem, le pays entièrement occupé en 1918 est placé sous administration militaire britannique, et en juin 1919 Lord Balfour précise bien que : « La Palestine est un cas unique. Nous traitons non point avec les souhaits de la communauté existante, mais recherchons consciemment à reconstituer une nouvelle communauté et à y édifier définitivement une autre majorité numérique dans l’avenir ».La Conférence de San Remo  en 1920 confie la Palestine aux Anglais ainsi que la Transjordanie, alors que la France hérite du mandat sur la Syrie et le Liban

L’Angleterre préside désormais aux destinées de la Palestine. Vis à vis des Palestiniens, sa politique est classiquement coloniale. Vis à vis de colons juifs, son jeu est plus compliqué. Des courants de l’administration et de la société anglaise favorables à la création d’Etat juif en côtoient d’autres qui voient dans le développement de cette communauté « revenue » en Terre sainte, un instrument de domination locale et régionale.

La mainmise sur les terres palestiniennes se fait par  l’intermédiaire du Fonds National Juif ; les contrats de vente sont soumis à la condition suspensive pour le vendeur, de déplacer les fermiers de la terre vendue soient et d’obtenir leur renonciation à toute réclamation ultérieure. En 1945 le total des terres en propriété juive s’élève à  6,58%  de la Palestine.

Entre 1920 et 1946, les quotas de l’immigration juive, sa réglementation, sa répression ou son encouragement par les Anglais au fil de leurs intérêts, la revendications des Juifs de la rendre illimitée, celles de Palestiniens de la stopper et d’interdire les ventes des terres aux sionistes sont des questions soulevées en permanence sous le Mandat, et donnent lieu à des affrontements sanglants .Malgré les dangers qu’ils représentent, achat des terres et immigration sont insuffisants à l’accomplissement du projet sioniste.

 3° LA CREATION d’ISRAËL 

Quelques questions à se poser !

  • Comment a t il pu se faire que les crimes commis en Europe contre la communauté juive aient engendré dans des  conditions iniques  la création de l’Etat d’Israël au détriment du peuple palestinien
  • Au nom de quelle morale les injustices infligées aux communautés juives d’Europe doivent- elles être payées en retour par des injustices et de souffrances infligées au peuple de Palestine ?
  • Comment a-t-on pu faire partager et assumer au peuple palestinien et aux peuples arabes en général, non seulement la responsabilité  d’une histoire qui n’est pas la leur, mais aussi le sentiment de culpabilité consécutif aux abominations de la Deuxième  Guerre Mondiale ?
  • Comment se fait-il que la propagation  massive de la propagande sioniste  qui appelle à la colonisation  juive « d’une terre sans peuple  pour un peuple sans terre » ait bénéficié de tant de publicité et de complaisance, alors que sur la terre de Palestine vivait un peuple arabe , les palestiniens qui se sont depuis le début du vingtième siècle opposés au projet de colonisation sioniste de la Palestine  à laquelle l’Angleterre, puissance mandataire de la Palestine avait donné cyniquement , après la Première Guerre Mondiale, son blanc-seing , par la voix de Lord Balfour ? « La Palestine est un cas unique. Nous ne traitons non point avec les souhaits de la communauté existante, mais recherchons consciemment à reconstituer en Palestine une nouvelle communauté et à y édifier définitivement une autre majorité numérique dans l’avenir » Lord Balfour, juin 1919
  • Comment se fait-il que les écrits  des  idéologues sionistes  qui visent la mise en place du « Grand Israël » aient été, et son encore aujourd’hui, si peu dénoncés ? Pourtant ils sont  bien clairs  et correspondent  aux  pratiques coloniales de l’Etat hébreu, où Sharon se place dans la continuité du projet sioniste clairement énoncé par ses promoteurs, dont Yosef Weitz :

« Quand la guerre sera fini et que les Anglais l’auront gagnée, quand les juges siégeront sur le trône de la Loi, notre peuple doit présenter devant eux ses besoins et ses droits ; et la seule solution est la Terre d’Israël, ou du moins la partie occidentale d’Israël, c’est à dire la Palestine, sans les Arabes. Il n’y a pas de compromis possible sur ce point. Jusqu’ici l’entreprise sioniste a fait du bon travail en préparant la création de Etat hébreu. Jusqu’ici on pouvait se contenter d’acquérir des terres, mais ce n’est pas cela qui fondera l’Etat d’Israël. Cela doit se faire d’un seul coup comme la Rédemption. (Y. Weitz, responsable du développement des terres au Fonds national juif, décembre 1940)

 Comment a-t-il pu se faire qu’en juin 1967  le monde entier, la quasi totalité des médias tremblait face au « danger d’extermination  de l’Etat hébreu », et qu’on puisse croire que comme le déclarait André Chouraqui, député maire de Jérusalem, fin lettré et auteur d’une Bible, à la synagogue de Strasbourg: « Fort heureusement que, les Israéliens menacés d’extermination réduisirent  miraculeusement, comme aux temps bibliques les ennemis d’Israël à néant ». ?

D’ailleurs, séduits, fascinés par cette « victoire miraculeuse » bon nombre de Juifs religieux, dont le grand rabbin de Strasbourg Warschawski  qui avait envoyé auparavant son fils Michael faire son ayala et surtout  André Neher, doyen de la faculté de théologie juive de Strasbourg ,qui avait des doutes sur le sionisme et  sa dimension messianique, et bien sûr d’autres juifs non croyants attirés par la propagande sioniste pour coloniser ces terres nouvelles offertes à leurs convoitises ou pour réaliser leurs fantasmes bibliques ont afflué sur la Terre Sainte pour participer à « l’Avènement du Royaume » auquel Ariel Sharon, en ce début  des années deux mille,  prétend apporter une  touche finale avec la bénédiction des USA.

  • Comment peut-on ignorer que, quand Israël s’apprête à frapper et atteindre une nouvelle étape de son plan de conquête, ses dirigeants mobilisent les morts  présents et  ceux du passé, expriment leurs craintes, accusent les Arabes avant de lâcher leurs soldats dans leur entreprise de conquête et leurs travaux de terrassement ?
  • Comment se fait-il que les intentions du sionisme, basées sur la « Rédemption de la terre » et le regroupement des Juifs par l’établissement d’un Etat exclusivement juif aient été non seulement occultées  mais encouragées  massivement en Occident jusqu’à une date fort récente, alors que le projet sioniste était  non seulement clairement défini par les idéologues du sionisme mais encore mis systématiquement en œuvre dès la création de l’Etat hébreu par tous les dirigeants israéliens, y compris Yitzhak Rabin qui a réussi un coup de poker menteur en faisant signer par Arafat et l’OLP les « Accords d’Oslo » qui ont permis la colonisation massive des « territoires occupés » aux moindres frais pour Israël ?

Quelques remarques essentielles

  • Il y a quelque chose d’inique et même pervers, non seulement dans tous les silences assourdissants  et  toutes les complicités  bienveillantes , entrecoupés de quelques faibles protestations quand Israël  « déploie ses forces armées », pour se livrer à des actes de représailles
    • Il y a quelque chose d’injustifiable et d’immoral dans toutes les injonctions et pressions internationales  qui somment les Palestiniens à se soumettre  aux « offres généreuses d’Israël » et à renoncer à tout acte de résistance pour faire valoir leurs droits légitimes
    • Il y a quelque chose de révoltant, de sidérant même, dans l’infamante accusation d’antisémitisme portée contre tous ceux qui se refusant de tout confondre – question juive et problème israéliens – et n’acceptent pas d’approuver en mémoire des innocentes victimes du nazisme, la politique d’Israël depuis son implantation en Palestine.
    • Il y a quelque chose de « vicieux » dans ce délire paranoïaque arrivée à son apogée en juin 1967, et sans cesse réédité  pour justifier une politique coloniale sioniste agressive qui vise la colonisation juive de la Palestine et le transfert, l’expulsion des populations arabes, non juives dans les Etats arabes environnants, alors que la propagande sioniste nous parle de « refus arabe » et de « sécurité menacée »

Ce qui est unique, c’est le parti qu’ont tiré du martyr juif les sionistes et surtout toute cette bonne conscience avec ce zeste d’arrogance  des « justiciers » avec laquelle ils font payer à des innocents, en l’occurrence les Palestiniens, les souffrances passées.

Pour le professeur R. Leibovici qui fut l’une des rares personnalités juives à protester d’une façon radicale contre la « guerre préventive » de juin 67 et dénoncer cette utilisation de la « Shoah » : « Six millions de juifs n’ont pas été assassinés par les nazis pour que de jeunes sabras se conduisent parfois en jeunes hitlériens. L’honneur d’Israël restera plus longtemps incarné par Spinoza que par Moshé Dayan et les conjurés de la guerre préventive déclarée d’urgence pour mettre l’ONU devant le fait accompli »

4°A PROPOS DE QUELQUES STEREOTYPES BASIQUES SUR LES ARABES

Comment peut-on rester indifférent face à tous les stéréotypes sur les Arabes que diffusent   la propagande sioniste  et les thuriféraires de l’Etat hébreu qui vilipendent les actes de résistance du peuple palestinien, et justifient, (disent « comprendre ») les  actes de représailles  israéliens ?

Pour toutes nos « belles âmes », à quelques nuances près :

  • L’Arabe,  (tout particulièrement le kamikaze palestinien qui se livre à des « attentats ignobles  contre une population juive innocente », les combattants ou militants du F.P.L.P et du Hamas, alors qu’il s’agit bien de résistants à l’occupant qui tentent , par des attentats, de rappeler au monde qui s’en moque leur existence et leurs droits), ne serait que poussé par la haine et le seul désir de tuer les Juifs, de voler leurs biens et de les chasser de leur  « Patrie », alors que c’est bien du contraire qu’il s’agit puisque ce sont bien les juifs qui sont les usurpateurs  des terres des palestiniens, alors que ces derniers étaient, dès 1949 et encore plus précisément en 1993, prêts à envisager le partage de la terre de Palestine  avec les israéliens
  • Le « bon Arabe » est celui qui accepte les valeurs juives et qui est prêt à défendre les objectifs sionistes contre ses frères de race « fanatisés par un islamisme rétrograde et sanguinaire, bref un bon « collabo »
  • Le « bon Juif » est celui qui a pitié des Arabes et qui cherche à résoudre « le problèmes palestinien » à condition que cela ne mette pas en cause le projet sioniste d’un Etat juif  et la tutelle israélienne sur l’ensemble de la Palestine. Il est celui qui veut tirer les Arabes de leur ignorance, les libérer de leurs dictateurs et vivre en paix avec les nations arabes à conditions que non seulement elles oublient les injustices commises à l’égard des Arabes palestiniens, qu’elles fassent passer en profit et pertes les implantations juives en Palestine mais encore règlent le problème des réfugiés palestiniens en les installant dans l’immense étendue des terres arabes

Il y a quelque chose d’incompréhensible et injustifiable dans toutes ces fausses symétries qui justifient les crimes contre l’humanité perpétrée par Israël au nom de son « droit à l’existence et à sa sécurité »

Il y a quelque chose d’archaïque et d’inacceptable dans ce concept de « peuple  juif  » qui fait que l’appartenance à la religion juive selon les règles rabbiniques (qu’on soit croyant ou non croyant) confère à toute personne, un « droit de propriété sur la terre d’Israël », ce droit ayant été accordé, selon la Sainte Bible qui fait toujours autorité en Israël, par Dieu à son « Peuple » jusqu’à la fin des temps.

Même si on veut bien prendre en compte l’importance structurelle des contes et légendes de la Bible, si vingt siècles après avoir été, selon leurs contes et légendes, chassés par les Romains, les Juifs peuvent se croire autorisés à réaliser leur rêve psalmodié dans leurs prières rituelles : Demain à Jérusalem, mais de là à prétendre avoir, selon la Loi de Moïse, des droits sur la Palestine, il y a un pas que nous ne pouvons franchir aussi allègrement que le font « les bons sionistes »

Comment peut-on imaginer que les Arabes qui ont été (continuent à être chassés par les sionistes),  depuis une cinquantaine d’année ne soient pas justifiés à se battre pour leurs droits avec tous les moyens qu’ils jugent appropriés pour récupérer leurs terres.

Il est inadmissible :

Que Loi de Moïse ou la Torah puisse avoir une quelconque prévalence sur le Droit international. Que la communauté juive israélienne règle ses problèmes personnels et d’ordre privé en se référant à la Loi inscrite dans la Sainte Bible, que grand bien leur fasse, mais il est  intolérable que les injustices, concernant le « droit au retour » et les nombreuses et constantes expropriations de leurs terres faites aux Palestiniens par les Israéliens depuis soixante ans, ne soient pas, comme il se doit, sanctionnée par une intervention militaire des « Forces de Paix » de l’ONU, comme cela s’est fait en d’autres occasions nettement plus contestables dans la cadre des « ingérences humanitaires »

Bien sûr, l’ONU est sous la sujétion des USA qui soutiennent Israël, mais qu’un certain nombre « d’honnêtes gens » qui de temps à autre manifestent quelques sympathies pour les Palestiniens récusent, à priori, toute intervention et nous parlent de dialogue entre Israéliens et Palestiniens est pour le moins cocasse par les temps qui courent où Sharon met en place un univers concentrationnaire pour les Palestiniens !

Il y a quelque chose de révoltant dans toutes ces leçons de morale, ces appels à la raison qu’on inflige aux Palestiniens qui refusent obstinément à sacrifier leurs droits sur « l’Autel dela Paix » apprêté par les rabbins et les dirigeants israéliens.

Il y a quelque chose de vicieux dans cette schizophrénie paranoïaque qui confèrent aux « bourreaux » : colons, (voleurs des terres palestiniennes), criminels de guerre en tout genre le statut de « victimes innocentes »

Il y a quelque chose d’hypocrite dans  cette « volonté de paix » affichée et proclamée par Israël qui se traduit dans les faits par la poursuite de la colonisation et l’écrasement du peuple de Palestine !

Malgré , peut-être à cause des « travaux d’utilité publique » auxquels se livre Ariel Sharon, et qui font un peu tache, certains Juifs prétendent « s’engager hardiment sur les sentiers du dialogue et nous causent  d’ouverture, de partage, de compréhension », mais avec une étonnante mais bien logique cuistrerie, ils condamnent tout acte de résistance des Palestiniens, et pour faire bonne mesure ils nous égrènent  tous les « bienfaits » de la civilisation judaïque qui serait orientée du côté de la vie, alors que les Arabes seraient plongés dans le marasme et ne pensent qu’à détruire !

Très concrètement, à écouter tous ces bons « apôtres », promoteurs en tout genre de la « Pax Judaïsa », les Palestiniens ont tout intérêt à faire confiance au peuple de Yahvé qui sait mieux que tout autre ce qui est juste et bon, qu’ils arrêtent donc, face aux bonnes intentions de tous « les Apôtres de la Paix »,  à résister, et Israël, saura les récompenser, comme cela s’est maintes fois passés selon les récits de la Bible, pour leur acte de soumission librement consenti

Sans épuiser le florilège de tous les stéréotypes sur les Arabes que diffusent qui  la propagande sioniste, tous les thuriféraires de l’Etat hébreu dont certains « sionistes de gauche », valent leur pesant « d’or dur(e) » et  recèlent d’évidentes contradictions

  • L’Arabe ne serait que poussé par la haine et le seul désir de tuer les Juifs, de voler leurs biens et de les chasser de leur  « patrie » alors, qu’en fait, c’est bien du contraire qu’il s’agit
  • Les Juifs veulent toujours construire, (il n’y a qu’à voir toutes les constructions et tout l’aménagement des territoires conquis par Israël) alors que les Arabes ne pensent qu’à détruire ! ! Pour ceux qui seraient dans le doute, il leur suffit de regarder les camps des réfugiés palestiniens et les « ravages » causés  par TSAHAL sur les quelques infrastructures palestiniennes mise en place avec l’aide de la Communauté européenne
  •  Le « bon Arabe » est  celui qui est prêt à défendre « ses intérêts » contre ses frères de race « fanatisés par un islamisme rétrograde et sanguinaire, bref un bon « collabo »
  • Le bon Juif israélien est celui qui veut tirer les Arabes de leur ignorance, les libérer de leurs dictateurs, il  veut vivre en paix avec les nations arabes à conditions que non seulement elles oublient les injustices commises à l’égard des Arabes palestiniens, qu’elles fassent passer en profit et pertes les implantations juives en Palestine mais encore règlent le problème des réfugiés palestiniens en installant cers derniers dans l’immense étendue des terres arabes.

Il y a quelque chose de « vicieux »

  • Dans toutes ces fausses symétries qui justifient les crimes contre l’humanité d’Israël au nom de son « droit à l’existence et à sa sécurité »
  • Dans ce concept de « peuple » juif  dans la mesure où l’appartenance à la religion juive selon les règles rabbiniques (qu’on soit croyant ou non croyant) confère à toute personne, un « droit de propriété sur la terre d’Israël, alors que ce droit, pourtant reconnu par la résolution 194 de l’ONU est dénié aux Palestiniens chassés de leurs terres.
  • Dans toutes ces leçons de morale, ces appels à la raison qu’on inflige aux Palestiniens qui refusent obstinément à sacrifier leurs droits sur « l’Autel de la Paix » apprêté par les rabbins et les dirigeants israéliens.
  • Dans cette schizophrénie paranoïaque qui confèrent aux « bourreaux » : colons, (voleurs des terres palestiniennes), criminels de guerre en tout genre le statut de « victimes innocentes »
  • Dans  cette « volonté de paix » affichée et proclamée par Israël qui se traduit dans les faits par la poursuite de la colonisation et l’écrasement du peuple de Palestine qui s'accomplit avec l'évidente complicité des "faux amis" du peuple de Palestine qui prônent le dialogue avec Israël qui en toute logique politique ne peut qu'aboutir à la mise en place du Grand Israël ! 

Strasbourg, octobre 2003

Francis Grislin

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.