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Billet de blog 21 octobre 2012

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ISRAËL Colonisation sioniste de la Palestine

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

LE COLONIALISME SIONISTE EN PALESTINE


    PREAMBULE

La destinée de la Palestine représente une anomalie, une déviation radicale par rapport au courant de l’histoire contemporaine. En effet, une multitude de peuples ont réussi à conquérir leur droit à l’autodétermination au moment même où les peuples arabes de Palestine sont mis dans l’impossibilité de s’opposer à l’aboutissement de la colonisation systématique à laquelle la Palestine est soumise depuis des décennies : expropriation forcée de la population indigène de sa propre terre, implantation d’une souveraineté étrangère et importation massive d’étrangers  (de préférence des Juifs rameutés par la propagande sioniste et attirés par des conditions de vie avantageuses par rapport à leur pays d’origine : lire Marc Hillel « ISRAËL EN DANGER DE PAIX) qui occupent les terres vidées de leurs légitimes habitants.

CADRE HISTORIQUE ET ETAPES DU COLONIALISME SIONISTE

A la fin du XIXème siècle, sous l’influence du Credo Nationaliste qui balayait l’Europe, et les aventures coloniales des  « Nations chrétiennes », certains Juifs en étaient arrivés à se convaincre du fait que les liens religieux et prétendument raciaux entre Juifs constituaient une « nationalité » juive et leur conféraient le droit à  la création d’un Etat juif., non pas en tant qu’avant poste d’une patrie métropolitaine, mais en tant que véritable patrie vers laquelle, tôt ou tard, selon le credo sioniste  qui reprend à son comte les mythes bibliques:«La Nation juive entière convergerait de toutes les parties du monde."

Les tentatives improvisées de la colonisation juive de la Palestine entre  1882 et 1897 furent un échec, dans la mesure où  les Juifs persécutés en Europe préféraient émigrer en Amérique, ce constat amena à un réexamen  sérieux de la stratégie au cours du premier Congrès Sioniste, tenu à Bâle au mois d’août 1897 sous la présidence de Théodor Herzl. On mit en place un programme strictement nationaliste de colonisation organisée, assortie de buts politiques bien définies : « Le but du sionisme est la création en Palestine d’un foyer pour le Peuple Juif, garanti par la loi publique. Jusqu’au Programme de Baltimore de 1942, les sionistes ont préféré l’euphémisme « Foyer » au terme explicite d' « Etat ». Herzl, note dans son journal : « A Bâle, j’ai fondé l'Etat juif. Si je m’avisais de le proclamer aujourd’hui, tout le monde se moquerait de moi. Dans cinq ans peut-être, dans cinquante ans certainement, cela n’échappera plus à personne »

SPECIFICITE DE LA COLONISATION SIONISTE.

Les colons européens partaient  soit dans l’espoir d’accumuler une fortune personnelle moyennant l’exploitation des ressources naturelles, soit de préparer le terrain ou de conquérir à l’annexion des territoires convoités par les gouvernement impérialistes. Les  colons sionistes étaient poussés à coloniser la Palestine par le désir de conquérir pour eux même une IDENTITE NATIONALE et d’établir un Etat juif qui serait indépendant de tout autre gouvernement et qui, avec le temps, attirerait sur son territoire les Juifs du monde entier. Contrairement à la colonisation européenne dans d’autre territoires, la colonisation sioniste était dans son essence incompatible avec le maintien de la population indigène dans le territoire convoité.

L’ALLIANCE DE L’IMPERIALISME BRITANNIQUE ET DU COLONIALISME SIONISTE

Jusqu’à la Première Guerre Mondiale, la colonisation sioniste livrée à elle-même n’avait pas réussi à progresser d’une façon significative. La politique britannique au Moyen –Orient avait été axé sur le maintien de l’intégrité de l’Empire  Ottoman, ses intérêts étaient mieux garantis par un Empire Ottoman plutôt malléable. Mais quand la Turquie rallia le camp des Puissance Centrales en guerre, il fallut élaborer une politique de rechange. Au début, la Grande  - Bretagne envisagea de substituer la domination impériale ottomane à une autonomie arabe, projet vite abandonné et les assurances anglaises d’indépendance faites aux Arabes s’ils se rangent aux côtés des Alliés n’empêchent pas le ministre des  Affaires étrangères, Arthur Balfour, de promettre le 2 novembre 1917, dans une lettre adressée à Lord Rothshild que « Le gouvernement de sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un Foyer pour le peuple juif »

 Les troupes anglaises entrent à Jérusalem, le pays entièrement occupé en 1918 est placé sous administration militaire britannique, et en juin 1919 Lord Balfour précise bien que : « La Palestine est un cas unique. Nous traitons non point avec les souhaits de la communauté existante, mais recherchons consciemment à reconstituer une nouvelle communauté et à y édifier définitivement une autre majorité numérique dans l’avenir ».La Conférence de San Remo  en 1920 confie la Palestine aux Anglais ainsi que la Transjordanie, alors que la France hérite du mandat sur la Syrie et le Liban

L’Angleterre préside désormais aux destinée de la Palestine. Vis à vis des Palestiniens, sa politique est classiquement coloniale. Vis à vis de colons juifs, son jeu est plus compliqué. Des courants de l’administration et de la société anglaise favorables à la création d’Etat juif en côtoient d’autre qui voient dans le développement de cette communauté « revenue » en Terre sainte, un instrument de domination locale et régionale.

La mainmise sur les terres palestiniennes se fait par  l’intermédiaire du Fonds National Juif ; les contrats de vente sont soumis à la condition suspensive pour le vendeur, de déplacer les fermiers de la terre vendue soient et d’obtenir leur renonciation à toute réclamation ultérieure. En 1945 le total des terres en propriété juive s’élève à  6,58%  de  la Palestine.

Entre 1920 et 1946, les quotas de l’immigration juive, sa réglementation, sa répression ou son encouragements par les Anglais au fil de leurs intérêts, la revendications des Juifs de la rendre illimitée, celles de Palestiniens de la stopper et d’interdire les ventes des terres aux sionistes sont des questions soulevées en permanence sous le Mandat, et donnent lieu à des affrontements sanglants …. Malgré les danger qu’ils représentent, achat des terres et immigration sont insuffisants à l’accomplissement du projet sioniste. Le recours aux armes sera par contre déterminant

PLAN DE PARTAGE  EN 1947

Si la Société des Nation avait été l’instrument choisi pour conférer à l’association anglo sioniste un semblant de respectabilité internationale, les Nations Unies furent, quant à elles appelées à jouer le même rôle grâce à l’entente américano sioniste. La Grande-Bretagne avait convaincu une société éminemment européenne à endosser un programme de colonisation sioniste en Palestine, les Etats-Unis amenèrent la majorité européenne à rejeter la minorité afro-asiatique à l’Assemblée générale à couvrir l’installation d’un Etat colonial sioniste au point d’intersection des continents africain et asiatique : la terre arabe de Palestine .Le plan de partage es voté le 31 août 1947, il attribue à l’Etat juif  56,5% du territoire qui regroupent à ce moment une majorité de Juifs (500 000) et une minorité de Palestiniens  (400 000), un Etat palestinien avec 43% du territoire.

En 1948, face à près de 1 400 000 Palestiniens la communauté juive totalise 600 000 membre dont 460 000 nés hors de Palestine. Il faut souligner que le flot des immigrants juifs culmine  (200 000) entre 1933 et 1939 avec la montée du nazisme et le début de la guerre.

POLITIQUE SIONISTE DU « TRANSFERT»

Malgré les dangers qu’ils représentent, achat des terres et immigration sont insuffisants à l’accomplissement du projet sioniste. Yosef Weitz, directeur du Fonds National Juif en Palestine, membre du très laïque Parti Socialiste (Mapaï) trace dès 1940, les perspectives de l’Etat hébreu qui devaient se réaliser après la victoire des Alliés sur Hitler. Sa vision prophétique, consignée dans son journal publié par les Editions Massada, Tel-Aviv, en 1965, est édifiante : «  Entre nous, il doit être bien clair qu’il n’y a pas de place pour deux peuples dans un si petit pays. Si les Arabes s’en vont il sera libre et ouvert pour nous. Si les Arabes restent, le pays restera étriqué et misérable. Quand la guère sera finie et que les Anglais l’auront gagnée, quand les juges siégeront sur le trône de la loi, notre peuple doit présenter devant eux ses besoins et ses droits ; et la seule solution est la Terre d’Israël sans les Arabes. Il n’y a pas de compromis possible sur ce point. Jusqu’ici l’entreprise sioniste a fait du bon travail en préparant la création de l’Etat hébreu. Jusqu’ici on  pouvait se contenter d’acquérir des terres », mais ce n’est pas cela qui fondera l’Etat d’Israël. Cela doit se faire d’un seul coup comme la Rédemption. Il n’y pas d’autre moyen que de transférer les Arabes d’ici vers les pays voisins, et de les transférer tous ; à l’exception peut-être de Bethléem, Nazareth et la vieille ville de Jérusalem, nous ne devons tolérer un seul village, un seule tribu. Le transfert doit se faire vers l’Irak, la Syrie ou même la Transjordanie. Nous trouverons pour cela l’argent qu’il faut, beaucoup d’argent, ce n’est que grâce à ce transfert que le pays pourra accueillir des millions de nos frères et la question juive sera résolue une fois pour toutes. Il n’y a pas d’autres issues. »

A cette solution  du transfert préconisé par Weitz, les dirigeants sionistes , (arguant du « refus des pays arabes », refus légitime de se laisser déposséder de leurs terres), vont procéder à des opérations de « purification ethnique » par expulsions  massives et expropriations en utilisant la force d’une armée entraînée et équipée avec des armements modernes face à laquelle les armées des pays arabes désunis n’ont  chance de l’emporter dans le cadre d’une guerre classique.

Tout particulièrement en 1948 près de 300 000 Palestiniens sur les 400 000 sont chassés des territoires attribués à Israël et en 1967 , 200 000 Palestiniens sont expulsés de la Cisjordanie occupée, et le général Herzog qui a organisé ce départ affirme avec une certaine impudence : « Les Palestiniens ont quitté volontairement la Judée – Samarie pour retrouver leur famille en Jordanie, il ne s’agissait pas d’un transfert au sens propre du terme, ni d’une initiative israélienne, il n’y a pas eu pression ».

Il faut aussi souligner qu’entre 1948 et 1967 , l’Etat hébreu augmente substantiellement son « Lebensraum »  pour satisfaire les immigrants principalement juifs venus d’Europe, Israël passe des  56,5 %  attribués par le plan de partage à 78% du territoire de la Palestine

Pour conclure

David Ben Gourion, ancien Premier  ministre, décrit à la perfection le caractère essentiellement étranger de l’Etat colonial sioniste

« L’Etat d’Israël fait partie du Moyen Orient seulement du point de vue géographique, ce qui en définitive, représente un élément statique. Par ses aspects bien plus décisifs de dynamisme, de vitalité créatrice et de progrès, Israël fait partie du Judaïsme Mondial. Dans ce judaïsme il puisera la force et les moyens de construire la nation d’Israël, de développer les richesses de sa terre ; grâce à la puissance du Judaïsme Mondial, il sera édifié et re-édifié à jamais »

 ANNEXE

MANIFESTE DE L’ORGANISATION SOCIALISTE ISRAELIENNE (« Matzpen »)

Mai 1967

Il ne s’agit pas ici d’un conflit ordinaire entre deux nations. Il ne saurait donc suffire de réclamer « une coexistence basée sur la reconnaissance mutuelle des justes droit nationaux des deux peuples ».

 L’Etat d’Israël est l’aboutissement de la colonisation de la Palestine par le mouvement sioniste, aux dépens du peuple arabe et sous les hospices de l’impérialisme. Dans sa forme sioniste actuelle, Israël est également un instrument pour la poursuite de « l’Entreprise Sioniste ». Le caractère sioniste d’Israël est également contraire aux intérêts des masses israéliennes, parce qu’elle signifie que le pays se trouve dans une dépendance constante des forces extérieures. Nous estimons, par conséquent, qu’une solution du problème requiert la désionisation d’Israël…. En particulier la « loi du retour » (qui accorde à tout juif du monde le droit absolu et automatique d’immigrer en Israël et en devenir un citoyen) doit être abrogée

Le problème des réfugiés arabes de Palestine de Palestine est l’aspect le plus douloureux du conflit israélo – arabe. Nous sommes donc d’avis que tout réfugié qui  désire retourner en Israël doit être mis en mesure de le faire ; dans ce cas, il devrait obtenir une réhabilitation économique et sociale intégrale…La solution du problème palestinien doit non seulement redresser les torts dont les arabes de Palestine ont été les victimes mais également garantir l’avenir national des masses hébraïques. Ces masses ont été amenées en Palestine par le sionisme, mais elles ne sont pas responsables des actions du sionisme. Tenter de punir les travailleurs et les masses populaires pour les  péchés du sionisme ne peut résoudre le problème palestinien, mais seulement occasionner de nouveaux malheurs….

Bibliographie

SIONISME CONTRE ISRAËL   Nathan WEINSTOCK   (Ed Maspero)

LES PALESTINIENS DANS LE SIECLE  Elias SANBAR  (Découverte Gallimard)

LE COLONIALISME SIONISTE EN PALESTINE   Fayez A. SAYEGH (Ed Cujas)

REVUE D’ETUDES PALESTINIENNES  N° 29

REFLEXIONS SUR L’AVENIR d ‘ISRAËL  Saul FRIDLANDER  (Ed Seuil)

ISRAËL EN DANGER DE PAIX    Marc HILLEL  (Ed Seuil)

ISRAËL  - PALESTINE le défi binational Michel WARSCHAWSKI (Ed Seuil

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