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Billet de blog 25 décembre 2009

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SAINTE FAMILLE Le PERE

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ANALYSE COMPARATIVE DES "IMAGES" DU PERE TELLES QU'ELLES NOUS SONT REVELEES PAR LES EVANGILES ET CELLES QUE NOUS PROPOSE NOTRE SOCIETE OCCIDENTALEDIEU LE PERE = PHALLUSDans la Sainte Famille, si nous prenons en considération son fonctionnement au quotidien, le père, Joseph n ' a par lui-même aucun pouvoir; il n'est pas le vrai géniteur de Jésus. Le fondateur du christianisme, Jésus, comme cela se passe quasiment pour toutes les religions importantes,a été enfanté par 1'Esprit-Saint. Le christianisme introduit le personnage de Joseph, le père nourricier, un homme bien concret et simple, un artisan charpentier, chargé d'accomplir la Volonté du Père.A 1'opposé,Dieu le Père est d'abord,à l'image du Phallus, qui bien qu ' il n'apparaisse pas dans 1'iconographie chrétienne, symbole de la puissance sexuelle "mystérieuse", et Joseph est convié par 1'Ange de Dieu à accepter 1'inacceptable pour un Juif pieux :"Et voici comment Jésus-Christ fut engendré. Marie sa mère, était fiancée à Joseph; or, avant qu'ils eussent menés vie commune, elle se trouva enceinte par le fait de 1'Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme droit et ne voulait pas la dénoncer publiquement, résolut de la répudier sans bruit. Il avait formé ce dessein quand l'ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit: Joseph, fils de David, ne crains point de prendre chez toi Marie, ton épouse; car ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit Saint; elle enfantera un fils auquel tu donneras le nom de Jésus; car c'est lui qui sauvera son peuple des ses péchés." Or ceci advint pour accomplir cet oracle prophétique du Seigneur: "Voici que la Vierge concevra et enfantera un fils auquel on donnera le nom d'Emmanuel, nom qui se traduit :"Dieu avec nous". Une fois réveillé/ Joseph fit comme l'ange du Seigneur lui avait prescrit: il prit chez lui son épouse; et, sans qu’il l'eût connue, elle enfanta un fils, auquel il donna le nom de Jésus." (Mt. Chap1; 18 à 25).Dans le Nouveau Testament, Dieu le Père personnifie donc la virilité, la puissance sexuelle surnaturelle et exemplaire; c'est Lui qui par 1'opération de 1'Esprit féconde la Vierge Marie qui doit donner naissance à Jésus,Dans l'Ancien Testament, Dieu peut rendre fertile des femmes vieilles comme Rachel qui donnera naissance à Isaac fils d'Abraham ,dans le Nouveau Testament, comme en épilogue, Elisabeth donnera naissance à Jean-Baptiste le précurseur du Christ;mais avec la conception de Jésus, Dieu le Père démontre symboliquement d ' une façon éclatante sa Volonté de Puissance, son Désir d'étendre son Royaume sur l'humanité entière, pour l'éternité."Le sixième mois,1'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de David ; et le nom de la vierge était Marie. Il entra chez elle et lui dit: "Salut, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. " A ces mots elle fut bouleversée, et elle se demandait ce que signifiait cette salutation. Mais 1'ange lui dit:"Rassure-toi Marie; car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu concevras et enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, et on l'appellera Fils du Très Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David/ son père; il régnera sur la maison de Jacob à jamais et son règne n'aura point de fin." Mais Marie dit à1'ange:"Comment cela se fera t il, puisque je ne connais point d'homme?" L'ange lui répondit :"L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très Haut te prendra sous son ombre; c'est pourquoi l'enfant sera saint et sera appelé Fils de Dieu. Et voici qu'Elisabeth ta parente vient, elle aussi, de concevoir un fils dans sa vieillesse, et elle en est à son sixième mois; elle qu'on appelait la stérile; car rien n'est impossible à Dieu." Marie dit alors : "Je suis la servante du Seigneur, qu'il m'advienne selon ta parole !"(Lc. 1; 26 à 37).REMARQUES

L'autorité qu'exerce Joseph sur 1'enfant Jésus n'est qu1une délégation de pouvoir, ce que signifie le Christ quand ses parents le retrouvent au Temple après son escapade: "II leur répondit : "Et pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez vous pas que je me dois aux affaires de mon Père?" (Lc.l; 49).

L'enfantement de Jésus par "1'opération" de 1'Esprit peut être considéré comme 1'avatar d'une croyance qui traînait déjà dans les récits mythiques de 1'Antiquité,mais pour les chrétiens sa signification dépasse les mythes antiques. D'abord il est une "réalité" constitutive de tout acte de foi, et surtout au delà de "1'événement historique" , 1'Incarnation du Christ , dogme essentiel du christianisme, signifie que Dieu prend en charge la vie de 1'homme pour lui donner une dimension "divine",mais que Dieu est aussi le seul "maître de la vie", que 1 ' homme ne peut en disposer à sa guise, mais doit, comme le Christ la mettre au service de la Volonté du Père qui agit pour le plus grand bien, à défaut du bonheur, de l'homme.L'exemplarité de la Sainte Famille est un concept véhiculé surtout dans 1'Eglise catholique qui a introduit un certain nombre de principes et d'idées qui se sont bien installés et surtout développés à partir du XIXe siècle avec le développement du capitalisme ; ils se perpétuent, encore aujourd’hui d'une façon peut-être moins abrupte que hier mais non moins réelle, dans notre société.Tout d1abord, c'est bien au niveau des relations enfants parents que s'inscrit la principale "nouveauté". Si le père biologique doit s'occuper de son enfant : le nourrir et assurer son éducation, c'est le pouvoir "légitime" qui décide en dernier ressort du destin de ses "fils", en leur imposant ses principes à travers son système d'éducation et de police, en exigeant, parfois, le sacrifice leur vie pour "sauver" la Patrie en danger!Ensuite, le christianisme s'inscrit, dès ses origines, dans la "masculinité": Dieu s'est "fait homme en la personne du Christ",les disciples du Christ nommés dans les Evangiles des hommes, et les femmes ne sont que des comparses qui sont au service du Christ et de ses disciples. La Vierge Marie, femme exemplaire entre toutes les femmes, est soumise à Dieu le Père, à Joseph, son chaste époux, et même à Jésus-Christ, son fils. Si la résistance à une égalité entre hommes et femmes reste immense dans les "milieux catholiques", les honneurs rendus à la Sainte Vierge établissent un semblant d'équilibre et on aboutit à une distribution des rôles qui fait qu'on ne parle pas, dans les discours chrétiens, en termes de domination masculine mais d'une différence nécessaire à un bon fonctionnement de la société, et comme dans la Sainte Famille il importe que chacun occupe une place et une fonction spécifique.DIEU LE PERE = PATRON EXEMPLAIREMais ce qui nous paraît plus remarquable encore, c ' est le fait que la lecture de certains Evangiles nous laisse entrevoir de la fonction du Père une image qui, à bien des égards, coïncide plus trivialement avec celle de l'idéologie dominante du capitalisme libéral teinté d'un certain esprit "social" et marqué par 1'exhaltation de 1'esprit d'entreprise dont l'Eglise est, sans faille, tout particulièrement, depuis:"L1Encyclique sur la Restauration de l'Ordre Social" du pape Pie XI,(1931), un ardent soutien.Il nous a paru intéressant de citer largement les deux paraboles, qui sont, à nos yeux, des "modèles" pour 1'idéologie capitaliste: "Les ouvriers envoyés à la vigne" et surtout "La parabole des talents". Dans la "Parabole des ouvriers envoyés à la vigne", Dieu le Père apparaît comme le patron d'une entreprise aux idées sociales avancées. En embauchant jusqu ' au soir des ouvriers sans travail, et en leur donnant à tous plein salaire, le maître de la vigne fait preuve d'une apparente bonté qui va, selon lui, plus loin que la justice. -Mais aux ouvriers de la première heure qui murmurent, il rappelle que c'est lui le maître et qu'il est libre de disposer de son argent comme il l'entend,et la réplique du maître donne ,un bel aperçu de l'arbitraire patronal éminemment paternaliste et d'une bien étrange "modernité" : "Mon ami je ne te lèse en rien:n'est-ce pas d'un denier que nous sommes convenus? Prends ce qui te revient et va-t'en. Il me plaît de donner à ce dernier venu autant qu'à toi : n’ai-je pas le droit de disposer de mes biens comme il me plaît? Faut-il que tu sois jaloux parce que je suis bon?" (Mt 20; 13 à 15) Dans la "Parabole de talents", nous ne pouvons nous empêcher d ' y voir une illustration, on ne peut plus actuelle, du mode de fonctionnement du système capitaliste. Dieu apparaît ici sous les traits d1un patron qui donne ses biens à gérer à ses serviteurs; il récompense ceux qui ont fait fructifier les biens qu'il leur avait confiés mais punit sévèrement le serviteur défavorisé, celui qui n'a eu qu'un seul talent, non seulement parce qu'il manque d'ambition mais surtout parce qu'il se révolte et se permet de dire à son maître ce qu'il pense, ce qui correspond d'ailleurs à 1'image que le patron se donne et s'attribue à lui-même. Nous ne résistons pas au plaisir de reproduire 1'intégralité de la parabole qui est,à nos yeux, une belle "Défense et Illustration",du Capitalisme moderne."Un homme qui, partant pour 1'étranger appela ses serviteurs et leur confia sa fortune. A l'un il remit cinq talents, deux à un autre, un seul à un troisième, à chacun selon ses capacités, et puis il partit. Aussitôt celui qui avait reçu les cinq talents alla les faire produire et en gagna cinq autres. Pareillement celui qui en avait reçu deux en gagna deux autres. Mais celui qui n'en avait reçu qu'un s'en alla faire un trou en terre et enfoui 1'argent de son maître. Après un long délai, le maître de ces serviteurs arrive et il règle ses comptes avec eux. Celui qui avait reçu les cinq talents s'avança et présenta cinq autres talents: "Seigneur, dit-il, tu m'as confié cinq talents: voici cinq autres talents que j'ai gagnés. " C'est bien serviteur bon et fidèle, lui dit son maître, en peu de choses tu as été fidèle, sur beaucoup je t'établirai, entre dans la joie de ton seigneur. Vint ensuite celui qui avait reçu deux talents: Seigneur, dit-il, tu m'as confié deux talents, voici deux autres talents que j’ai gagnés - C'est bien serviteur bon et fidèle, lui dit son maître, en peu de choses tu as été fidèle / sur beaucoup je t ' établirai, entre dans la joie de ton seigneur." Vint enfin celui qui détenait un seul talent : "Seigneur, dit-il, j'ai appris à te connaître pour un homme âpre au gain: tu moissonnes où tu n'as point semé et tu ramasses où tu n'as point répandu. Aussi, pris de peur, je suis allé enfouir ton talent dans la terre: le voici tu as ton bien." Mais son maître lui répondit:"Serviteur mauvais et paresseux! Tu savais que je moissonne où je n’ai point semé, et que je ramasse où je n ' ai point répandu? Eh bien! Tu aurais dû placer mon argent chez les banquiers et à mon retour j'aurai recouvré mon bien avec un intérêt. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui a les dix talents. Car à tout homme qui a r1'on donnera et il aura du surplus ; mais à celui qui n'a pas, on enlèvera même ce qu’il a. Et ce propre à rien de serviteur, jetez-le dehors, dans les ténèbres ; là seront les pleurs et les grincements de dents." (Mt. 25; 14 à 30} REMARQUESLa Toute Puissance du Père peut être mise provisoirement en échec par la révolte des vignerons qui refusent de payer au maître de la vigne sa part des fruits de la vigne, maltraitent ses serviteurs et vont jusqu'à tuer son fils. Mais ces révoltes seront durement réprimées par le maître qui, excédé par tant d'ingratitude:" viendra, fera périr les vignerons et donnera la vigne à d'autres.""Un homme planta une vigne, puis il la loua à des vignerons et partit pour 1'étranger pour longtemps. Le moment venu, il envoya un serviteur aux vignerons pour se faire remettre sa part du fruit de la vigne ; mais les vignerons le renvoyèrent les mains vide après 1'avoir battu. Il envoya encore un autre serviteur; et celui-là aussi, ils le battirent, le couvrirent d'outrages et le renvoyèrent les mains vides. Il en envoya encore un troisième; lui aussi ils le blessèrent et le jetèrent dehors. Le maître de la vigne se dit alors: 'Que faire? Je vais envoyer mon fils bien aimé; peut-être auront-ils pour lui des égards.' Mais à sa vue, les vignerons se faisaient entre eux ce raisonnement :'Voici l'héritier; tuons-le/ pour que nous ayons son héritage.' Et, le saisissant, ils le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. " Que leur fera donc le maître? Il viendra fera périr ces vignerons et donnera la vigne à d'autres. " A ces mots ils dirent :"A Dieu ne plaise!" Mais fixant sur eux le regard il leur dit: "Que signifie donc ce qui est écrit: "La pierre qu'avaient rejetée les bâtisseurs, c’est elle qui est devenue pierre de faîte, c'est là 1'oeuvre du Seigneur et elle est admirable à nos yeux?"Quiconque tombera sur cette pierre s ' y fracassera et celui sur qui elle tombera, elle l'écrasera."(Lc, chap. 20 ; 9 à 18)"Aussi je vous le dis: le Royaume de Dieu vous sera retiré pour être confié à un peuple qui lui fera produire ses fruits"(Mt.21 ; 43)Le meurtre du fils du propriétaire de la vigne, signifie pour 1'évangéliste le meurtre du Christ par les Juifs,les premiers ouvriers de la vigne. Cette parabole préfigure, si on accepte l'idée que les Evangiles rapportent les paroles du Christ, la vengeance de Dieu qui était d'ailleurs monnaie courante dans 1'Ancien Testament. Mais soulignons aussi, que cette parabole "justifie", au même titre que certains autres Evangiles, d'une façon troublante les répressions dont le peuple juif sera la victime et dont l'Eglise porte une bien lourde responsabilité à travers l'histoire et annonce le triomphe du christianisme sur le judaïsme.Cette parabole, au même titre que certaines imprécations évangéliques, donne bien la clé de l'antisémitisme si communément répandu dans 1'Eglise.C'est ainsi que jusqu'à une période récente les Juifs étaient traités de "parjures"; pendant les oraisons du Vendredi Saint on ne s'agenouillait pas; le célébrant, debout, invoquait la miséricorde de Dieu tout puissant, et priait "afin que Dieu notre Seigneur ôte le voile de leurs coeur, et leur donne de connaître, eux aussi, Jésus-Christ , notre Seigneur."DIEU LE PERE= UN BON PERE!Dans la parabole de "L'Enfant prodigue", la revendication de ses droits légitimes par le fils se situe dans l'ordre d'une possible liberté à laquelle le Père souscrit, cette démarche se termine par le retour du fils à la maison du père, et ne doit son issue heureuse qu'à la bonté du Père. Le "fils prodigue" est, par 1 ' échec de sa révolte, par 1'échec de sa tentative de vivre libéré du joug paternel, 1'illustration de 1'inanité de la révolte; il est un réconfort pour le père parce qu'il devient 1'objet de démonstration de sa bonté et le lieu de la légitimation de son pouvoir.Dans cette parabole, il ne s'agit plus d'un Pouvoir de répression mais du Pouvoir du pardon que seul le Père possède et qu'il accorde à condition que le fils fasse acte de soumission et reconnaisse ses torts.La soumission à la Loi du Père ne s'inscrit plus comme une exigence arbitraire, mais elle est justifiée par la "nécessité", elle apparaît comme 1 ' expression d1 une "liberté11 qui reconnaît ses limites. De cette démarche de soumission "librement consentie", le Père a toutes les raisons de s'en réjouir, et il peut exercer la "générosité" empoisonnée de son pardon qui confère à son pouvoir prestige et pérennité. (cf.:"Le fils perdu et le fils fidèle: l'enfant prodigue" Lc chap15; 11 à 31)REMARQUES EN GUISE DE CONCLUSION PROVISOIREToutes ces paraboles nous confirment dans 1'idée que les Evangiles sont bien "branchés" sur les problèmes de notre temps, ou plutôt que dans les solutions qu'au quotidien on nous propose, elles constituent curieusement une source inépuisable de références pour ceux qui tiennent le pouvoir dans notre société. Mais d'une façon plus globale, et éminemment symbolique entre la religion et notre culture dominante, les convergences sont saisissantes.Dans notre culture le Phallus, qui est d'une certaine façon Dieu le Père qui plane dans les cieux, est considéré comme le signifiant du désir, comme la seule voie d'accès possible au symbolique ; la non reconnaissance de la "primauté du Phallus",la négation de 1'impérieuse nécessité de "Loi du Père", apparaît comme "1'impossible", une situation de dénégation où 1'homme tombe dans le gouffre de la folie , de la barbarie ou de 1'anarchie.Pour la religion chrétienne, la non re-connaissance du Père est "le péché contre l'Esprit" qui ne sera pardonné ni au ciel, ni sur terre. Au Phallus, au Père, dont la re-connaissance est présentée, par la psychologie, comme seule voie d'accès au désir adulte, à la réalité, à la culture, répond en écho l'affirmation par Jésus-Christ de la nécessité de la reconnaissance de Dieu le Père, tel qu'il est révélé par le Fils de Dieu, comme seule voie d'accès à la "Vie".

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