Pôle Sud
Rêvolutions
Jörg Müller un circassien particulièrement doué n'est pas un inconnu à Strasbourg, il nous a déjà montré ses créations originales.
Nous le retrouvons pour une soirée à Pôle Sud en compagnie du saxophoniste Akosh S dans un spectacle intitulé: Rêvolutions, avec ces petits détails d'écriture qui en disent long sur leurs intentions. Si tout commence dans le noir absolu, c'est sans doute pour créer en nous une certaine tension, une attention propice à mieux voir, à mieux écouter ce que leurs prestations réservent.
Dans le noir certes, mais pas dans le silence, car très vite nous percevons comme le bruit du vent, comme celui d'un moteur. Il ya du mystère dans l'air, la musique est là, déjà dans ce mélange de sonorités. Peu à peu la lumière vient sur les tubes suspendus à sept mètres du sol. Ils sont une des grandes spécialité de Jörg Müller. La musique se fait plus forte, un dialogue s'instaure entre les deux artistes. Bientôt le musicien précautionneusement prend place au centre des tubes qui volent autour de lui. C'est très impressionnant. Les sons audacieux du saxo et ceux plus métalliques des tubes qui parfois s'entrechoquent créent une atmosphère magique . Jörg court après les tubes, les fait s'envoler, se croiser, se frôler, se cogner avec une attention, une précision extrêmement soutenues Il semble les apprivoiser, les convaincre de se soumettre à ses intentions qui sont de créer de la beauté.
Une danse éperdue, parfois contenue une marche, une course, des accélérations, le rythme change, les tubes volent, s'entrechoquent dans ce duo extraordinaire entre l'homme et la matière soutenu par les sons puissants du saxophone. Le public est subjugué par la perfection qui se dégage de cette prestation aérienne maîtrisée de façon remarquable par Jörg Müller si bien accompagné par les sonorités surprenantes, déchirantes que Akosh S. arrache à son saxophone.
Nous avons vécu un moment d'une exceptionnelle qualité artistique, d'une rare intensité où rêve et évolutions étaient bel et bien entremêlés
Marie-Françoise Grislin