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Billet de blog 27 juin 2013

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SYRIE;Sauvez Alep! ou Le dernier sursaut des "belles âmes"

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TRIBUNE Publié le 24 Juin 2013

Sauvez Alep !

Par Bernard-Henri Lévy

Bernard-Henri Lévy est de tous les combats pour la dignité...

 On ne sait plus sur quel ton le dire ni dans quelle langue. Quelques jours à peine après la chute de Qusayr aux mains de l’armée régulière syrienne et des milliers de miliciens du Hezbollah, venus en renfort, le syrian killer Bachar el-Assad annonce son intention de donner l’assaut à Alep, la deuxième ville du pays, sa capitale économique.

Mieux : tandis que le Parti de Dieu aurait,(Hezbollah) d’après la presse anglo-saxonne confirmant les propos de ses dirigeants, déjà déployé autour de la ville deux mille de ses combattants les plus aguerris, un responsable des services de sécurité vient de déclarer, depuis Damas : «il est probable que la bataille d’Alep commence dans les heures ou les jours qui viennent». La communauté internationale, pendant ce temps, ne bouge pas, ne réagit pas et persévère, en Irlande, dans le cadre du sommet du G8 où elle se trouve une nouvelle fois rassemblée, dans le même pitoyable jeu de rôles : Poutine versus Obama ; Poutine dictant sa loi à Obama ; Poutine plastronnant, à la télévision, sans être véritablement contredit par quiconque, qu’il ne saurait être question de fournir des missiles sol-air à des rebelles qu’il veut voir livrés, pieds et poings, à la soldatesque surarmée du régime.

Je passe, puisque cela n’a plus l’air d’émouvoir grand monde, sur ce que signifie « bataille d’Alep » en langue assadienne.

Je passe sur le fait que, quand on dit, chez Assad, «reprendre» une ville, cela veut dire la punir et que, quand on dit la punir, cela veut dire détruire, tuer par dizaines de milliers, réduire des quartiers entiers à l’état de ruines.

Et je passe, puisque tout le monde semble s’en moquer, sur l’héroïsme de ces hommes et femmes qui se sont, il y a un an, au prix de sacrifices inouïs, libérés eux-mêmes, sans soutien extérieur d’aucune sorte, et ont fait de leur ville, jusqu’à l’arrivée, ces derniers temps, dans la brèche ouverte par notre démission, des premiers bataillons salafistes, l’un des foyers de la révolution syrienne, la ville emblématique de la victoire des démocrates sur les deux monstres jumeaux que sont la dictature et l’islamisme radical, bref, une ville doublement symbole et peut-être, pour cette raison, doublement haïssable aux yeux du grand parti, sans frontières, des urbicideurs.

Les dirigeants occidentaux savent-ils, en revanche, qu’Alep est l’une des plus anciennes et des plus glorieuses métropoles de la planète ?

Savent-ils que c’est là, non moins qu’à Athènes, Babylone, Suse ou Persépolis, que fut inventée cette grande et belle chose qu’est l’idée même de ville et de civilisation par la ville ?

Savent-ils que cette cité-monde qui fut la cité des Hittites et d’Alexandre le Grand, des Romains et des califes, des Omeyyades et des Fatimides, de Saladin et des Mongols, savent-ils que cette ville qui fut le point d’arrivée, au Moyen Âge, de la route de la soie, est l’un des lieux du monde où se sont croisés, de tout temps, les langues, les religions, les arts et les cultures, et où ont donc cohabité, de tout temps aussi, Arabes, Turcs, Kurdes, Juifs, Vénitiens, Arméniens, Maronites, Grecs orthodoxes, Chrétiens syriaques et nestoriens, Coptes ?

S’ils se moquent des humains, si la chair syrienne déchiquetée par les obus ne leur fait finalement ni chaud ni froid, s’ils ont pu laisser franchir sans vraiment réagir la fameuse «ligne rouge» de l’emploi des armes chimiques qu’ils avaient eux-mêmes tracée, vont-ils laisser réduire à néant les milliers d’échoppes, les bazars aux portes de bois sculpté, les marchés aux cuirs et aux épices, les monuments sans prix, la citadelle chantée par tant d’écrivains et de poètes, qui sont un trésor vivant inscrit, en tant que tel, au patrimoine mondial de l’humanité ?

Alep livrée aux escadrons de la mort du Hezbollah, ce serait un nouveau carnage, venant ajouter ses victimes aux cent mille cadavres que compte déjà cette atroce guerre contre les civils.

Ce serait un renversement du rapport de forces qui donnerait, pour de bon, l’avantage à un Assad que rien ni personne n’empêcherait plus de sonner pour de bon le glas, et de l’insurrection, et des printemps arabes en général.

Mais, comme les bombardements de Dubrovnik il y a vingt ans, comme la Bibliothèque de Sarajevo incendiée par les artificiers de Mladic, comme les bouddhas de Bamyan abattus à la mitrailleuse par les talibans afghans, comme les manuscrits sacrés de Tombouctou livrés au feu iconoclaste des fondamentalistes maliens, ce serait un crime contre l’esprit, un désastre dans la civilisation, un pan de notre mémoire commune partant en cendres et en fumée.

 Alep n’appartient pas à la Syrie, mais au monde.

Et, de même que les crimes contre l’humanité concernent la conscience universelle, de même la destruction d’Alep serait un crime contre la communauté internationale, un crachat jeté à la face du monde et, à ce titre, nous concerne tous.

Il reste très peu de temps pour sanctuariser Alep.

 Aura-t-on le courage de tracer cette nouvelle ligne rouge et, cette fois, de s’y tenir ? Ou va-t-on, larmes aux pieds, laisser à nouveau quartier libre aux assassins des corps et de l’esprit ?

Syrie: "A Alep, le régime anéantit pierre par pierre l'héritage du pays"

Par LEXPRESS.fr, publié le 26/06/2013 à 19:49

Le maire d'Alep, Ahmad Azouz, et le gouverneur de la région, Mohamad Yahia Nanah sont cette semaine en France pour signer un pacte de l'amitié entre les villes de Metz et d'Alep. L'occasion de rappeler le destin tragique qui se joue en Syrie.

Le maire d'Alep, Ahmad Azouz, s'inquiète de la disparition du patrimoine historique et culturel de sa ville, la deuxième de Syrie.Echarpes à l'effigie du drapeau syrien autour du cou, bracelet du même acabit au poignet, le maire d'Alep, le gouverneur de la région, le directeur du conseil médical de la ville ainsi que le président du centre d'enseignement et de la culture d'Alep étaient à Paris, ce mercredi 26 juin, pour témoigner de la situation dans laquelle vivent aujourd'hui les deux millions d'habitants de la seconde ville du pays.

Ahmad Azouz, l'édile d'Alep, après avoir fait état de la tragédie humaine générée par le conflit avec "une centaine de victimes par jour", s'est inquiété de la destruction de l'héritage historique de sa ville. "Le souk, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, et le minaret de la Mosquée des Omeyyades ont été détruits, s'est indigné l'homme de 33 ans. Le régime est en train d'anéantir pierre par pierre tout un pan de l'histoire de la Syrie ."

Ahmad Azouz, qui a rencontré mardi le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, s'est dit "étonné du silence qui entoure la souffrance des habitants d'Alep (...) Aujourd'hui, nous avons perdu espoir dans les promesses du monde. Mais nous continuerons notre combat pour la liberté et la dignité." Depuis sa conquête par les rebelles il y a un an, la ville, située a une trentaine de kilomètres de la frontière turque, est le théâtre de vastes offensives menées par le régime pour reprendre le contrôle des zones tenues par les insurgés. Le gouverneur de la région d'Alep, Mohamad Yahia Nanah a de son côté rassuré sur les compétences de l'opposition en matière de gouvernance, au cas où Bachar el-Assad venait à quitter le pouvoir. "Avec la création des conseils locaux, nous avons prouvé que nous sommes capables de mettre en place des institutions pour gouverner le pays, a-t-il fait valoir.

Conscient que la communauté internationale ne leur viendra pas en aide, Mohamad Yahia Nanah en a appelé à la solidarité entre les peuples: "Même si les gouvernements nous ont laissé tomber, nous pensons que les peuples, eux, nous resterons solidaires". Un pacte de l'amitié entre Alep et Metz sera signé vendredi.

Troisième homme à prendre la parole, le Docteur Abdelaziz, directeur du conseil médical d'Alep, a rappelé la tragédie humanitaire à laquelle fait face la Syrie. Alors que le bilan de la guerre s'élève à plus de 100000 morts, le médecin a fait état de la situation dans la cité: "Nous avons quatre ambulances pour sept hôpitaux. Le nombre de blessés dépasse de loin nos capacités médicales. Le régime vise les ambulances, les hôpitaux, et même les pharmacies. Ils ont été jusqu'à attaquer un cortège du Croissant-Rouge qui emmenait des vivres et des médicaments vers la prison".  De quoi faire dire à Raphaël Pitti, médecin urgentiste spécialiste des zones de conflit, que "les héros de la guerre de Syrie sont à voir dans le milieu médical". Âgé de 63 ans, cet ancien commando marine s'est rendu plusieurs fois en Syrie ces derniers mois. "J'ai vu des étudiants en médecine, qui n'ont pas encore de diplômes, pratiquer des opérations, a-t-il rapporté. Des dentistes pratiquent des opérations chirurgicales. J'ai aussi été dans des camps de réfugiés où ne subsiste que la misère. On se donne bonne conscience en aidant les réfugiés, mais la Syrie est devenue un camp de concentration."

Fin février, Raphaël Pitti a inauguré à Bab al-Hawa, près de la frontière turque, un centre de formation à la médecine de guerre pour des praticiens venus de toute la Syrie. Le but ? Donner au corps médical les moyens de répondre aux milliers de blessés que la guerre amène chaque jour. "Mais ça ne suffira pas, déplore le docteur Abdelaziz. Pour un seul mois, il nous faudrait 100000 dollars de médicaments pour subvenir à nos besoins. En attendant, nous sommes obligés de faire des tractations avec le régime pour être fournis en produits médicaux."

En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-orient/syrie-a-alep-le-regime-aneantit-pierre-par-pierre-l-heritage-du-pays_1261372.html#RATbjjPqS3XOdD4W.99

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