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Billet de blog 28 mai 2013

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STALINE: Eloges et Mépris

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Staline  Mépris et  Eloges

Hier

Paul Eluard, à l’époque de "Liberté j’écris ton nom", écrivait ces vers en hommage à la  Staline:

 Ode à Staline (1950)

Staline dans le cœur des hommes

Sous sa forme mortelle avec des cheveux gris

Brûlant d'un feu sanguin dans la vigne des hommes

Staline récompense les meilleurs des hommes

Et rend à leurs travaux la vertu du plaisir

Car travailler pour vivre est agir sur la vie

Car la vie et les hommes ont élu Staline

Pour figurer sur terre leurs espoirs sans bornes.

 Et Staline pour nous est présent pour demain

Et Staline dissipe aujourd'hui le malheur

La confiance est le fruit de son cerveau d'amour

La grappe raisonnable tant elle est parfaite

 Le Montagnard du Kremlin (novembre 1933)

“Nous vivons sourds à la terre sous nos pieds/ A dix pas personne ne discerne nos paroles.

 On entend seulement le montagnard du Kremlin,/ Le bourreau et l’assassin de moujiks.

 Ses doigts sont gras comme des vers,/ Des mots de plomb tombent de ses lèvres.

 Sa moustache de cafard nargue,/ Et la peau de ses bottes luit.

Autour, une cohue de chefs aux cous de poulet,/ Les sous-hommes zélés dont il joue.

 Ils hennissent, miaulent, gémissent,/ Lui seul tempête et désigne.

 Comme des fers à cheval, il forge ses décrets,/ Qu’il jette à la tête, à l’œil, à l’aine.

 Chaque mise à mort est une fête,/ Et vaste est l’appétit de l’Ossète.”

 Ossip Mandelstam en 1934

Déporté dans un camp sibérien, Ossip Mandelstam y meurt d'épuisement le 27 décembre 1938.

Aujourd'hui

60 ans, c’est le nombre d’années qui se sont écoulées depuis la mort de Staline le 5 mars 1953. Grand leader, dictateur, assassin, ignare ou homme cultivé, les Russes sont toujours partagés sur celui qu’ils aiment encore appeler « Grand-père Staline ». Le Courrier de Russie a réuni l’avis de plusieurs écrivains, rédacteurs et historiens russes sur leur vision actuelle de l’ancien maître du Kremlin.

« Nous avons pardonné tout et tout le monde, il n’y a qu’à toi que nous ne pardonnons pas »

Nous nous sommes installés dans ton socialisme. Nous nous sommes partagés ce pays que tu avais construit. Puis, nous avons vendu les navires nucléaires et les brise-glaces que nous te devions pour nous acheter des yachts. Ce n’est pas une métaphore, mais un fait historique. C’est pourquoi ton nom nous brûle, nous démange à l’intérieur, nous voudrions que tu n’aies jamais existé. Tu as préservé notre peuple. Mais nous ne te remercierons pas pour nos vies et la survie de notre espèce, chien moustachu. Bien que nous sachions en secret que sans toi, nous n’existerions pas. L’être humain est ainsi fait : personne ne veut se sentir obligé envers quelqu’un d’autre très longtemps. L’activité est éreintante ! Nous acceptons d’être redevables tant que ce n’est qu’à nous-mêmes, à notre talent, notre courage, notre intellect, notre force .Il nous arrive de dire (et ce sont les rares fois où nous disons la vérité) que tu étais sans remords et que régulièrement tu décimais le peuple russe. Toutefois, nous avons pour tradition d’exagérer le nombre de victimes, de le multiplier par dix, voire par cent. En outre, nous taisons le plus important : nous sommes, au fond, indifférents au sort de ce peuple et de son élite intellectuelle .D’ailleurs, pour nous, l’extinction du peuple russe n’est que réalité objective. C’est sous ton règne que les gens étaient assassinés ; actuellement, ils meurent d’eux-mêmes. Tu n’as pas eu le temps d’en tuer autant que ce qu’il en meurt aujourd’hui de leur propre volonté. C’est de l’objectivité ça, non ?

Nous disons qu’à la veille de la terrible guerre, tu n’as pas voulu négocier avec les « démocrates occidentaux », pendant que certains de ces « démocrates occidentaux », comme nous le savons en secret, négociaient eux-mêmes parfaitement avec Hitler et que d’autres occidentaux, ainsi que certaines démocraties orientales, prêchaient le fascisme et bâtissaient des États fascistes. Nous avons pardonné tout et tout le monde, il n’y a qu’à toi que nous ne pardonnons pas.

Zakhar Prilepine, écrivain

« Pourquoi ne pouvons-nous pas démystifier le passé ? »

Quand je parle de « la Russie », ce n’est pas un seul pays mais trois, ou quatre. Et l’image de Staline rayonne dans l’une de ces Russies .Les gens qui habitent loin de Moscou sont très attachés aux médias de masse, notamment la télévision. Ils sont moins instruits, et acceptent facilement la figure radieuse de Staline. Je n’appellerais pas ça du stalinisme, mais plutôt la quête d’une autorité symbolique qui manque aujourd’hui. Ce qui caractérise la jeune génération est moins un rapport positif ou négatif à la figure de Staline que l’indifférence, qui n’est pas un très bon terreau pour l’éradication des préjugés. Un vieil écrivain a dit : « N’ayez pas peur des fanatiques, mais craignez les indifférents ». Le mythe qui se transmet de génération en génération s’affaiblit peu à peu. Pourtant, le travail qui consiste à séparer la figure de Staline de la mémoire de la victoire dans la Seconde Guerre mondiale n’a pas été effectué. La victoire dans la guerre est certes une victoire, mais elle ne nous a apporté ni la liberté, ni la richesse, ni la prospérité. La deuxième moitié des années 1940 a été à l’inverse marquée par une nouvelle vague de répressions. Alors que les gens qui avaient subi cette guerre et qui l’ont gagnée avaient un immense espoir de vivre mieux, plus humainement. Depuis, cette idée de victoire qui ne débouche sur rien est devenue très typique de la mentalité russe Pourquoi ne pouvons-nous pas démystifier le passé ? L’intelligence soviétique a vécu des choses catastrophiques, irréversibles. Et les intellectuels n’ont pas eu assez d’influence. C’est pourquoi la figure de Staline reste aujourd’hui intimement liée dans les esprits au symbole, à la grandeur de la victoire – pas à la guerre elle-même, mais bien à la victoire.

Boris Doubine, sociologue

« Sans toi, Dedouchka, on boirait de la bavarskoïe »

Loin de moi l’idée de faire l’éloge de Staline. Mais il faut reconnaître qu’il fut l’homme qui permit d’éviter l’anéantissement de la civilisation russe. À un prix certes démesuré : avec effusion de sang et monstrueuses erreurs. Mais ce n’est pas à cause des mares de sang qu’il est profondément haï. Les libéraux détestent Staline parce qu’il a monté l’Union soviétique contre l’Occident, et assuré la survie de l’Union. Mais aussi parce que sa fureur, sa terreur, ses massacres avaient pour cible les représentants du projet libéralo-occidental. Interrogez-les sur Octobre 1993 – vous verrez qu’il y a sang et sang, terreur et terreur, qu’il est finalement permis de mentir, de voler et de tuer au nom de la «démocratie »La quintessence des griefs contre Staline rejoint ce que disaient les vétérans à la fin des années 1980 : « Sans toi, Grand-père, on boirait de la bavaroise ». Aujourd’hui, nous en buvons, de cette bière de Bavière ! La seule fois où Staline est entré dans une colère noire sur autre chose que la lutte politique, c’était à propos de Dostoïevski : « C’est un génie, certes. Mais je suis prêt à le mettre en morceaux. » Parce que Dostoïevski avait, avant Gaïdar et Tchoubaïs, mis à jour l’essence du libéralisme et sa haine pour la Russie. Sans oublier que Dostoïevski incarnait le désir de justice dans l’art. Alors que Staline personnifiait le désir de justice en politique. Il n’y a rien de plus cruel dans la nature que le désir de justice. Mais il est aussi absolument indispensable.

Mikhaïl Delyaguine, économiste, publiciste et homme politique

« Staline était un père : sévère mais juste »

Sous Staline, les gens aimaient passionnément leur chef, même si chaque famille avait aussi ses raisons de le maudire. L’image de Staline répondait à une demande populaire de leader patriarcal. Et lui se comportait ainsi, en père des peuples : sévère mais juste. La terreur a amorcé des mécanismes psychologiques de défense. Les gens ont développé un instinct de survie. Ils éprouvaient pour leur dirigeant un amour sincère et étaient à l’affût des traîtres, qu’ils dénonçaient pour être épargnés, eux et leurs familles. Ils n’avaient pas conscie

nce du massacre. La période a vu naître un puissant syndrome de l’autorité absolue, qui voulait que les gens s’inclinent et se soumettent. On avait peur, partout, tout le temps. Cela engendrait, d’un côté, des sentiments d’infériorité et d’impuissance et, de l’autre, une volonté de dénoncer les plus faibles, de rechercher sans cesse les traîtres. Ce syndrome, en outre, excitait l’agressivité : quand la peur te paralyse, tu ne peux pas la garder à l’intérieur, tu dois la déverser d’une manière ou d’une autre. Pour les anciens, Staline incarnait – et incarne toujours – les grandeurs de la Russie et la victoire dans la Seconde Guerre mondiale. Si l’image de Napoléon a été fabriquée par son entourage, celle de Staline émane des évènements historiques

.Valeriya Kassam

Dans mes pérégrinations sur Internet, suis tombé sur cet irrésistible "petit chef-d'oeuvre" de propagande...occidentale qui m'éclaire sur les états d'esprit de nos "belles âmes"

Medvedev dénonce les crimes «impardonnables» de Staline

7 mai 2010 

Il se démarque de son mentor Vladimir Poutine. Le président russe Dmitri Medvedev a fustigé vendredi le régime «totalitaire» de l'URSS et les crimes «impardonnables» commis par le dictateur soviétique Joseph Staline, dans un geste hautement symbolique visant à moderniser l'image de la Russie.

Dans une interview fleuve au quotidien Izvestia à deux jours de la commémoration du 65e anniversaire de la victoire sur les nazis en présence d'invités étrangers, Dmitri Medvedev a explicitement séparé l'exploit de l'Armée rouge qui «avec les Alliés a libéré l'Europe» des nazis et les méfaits de l'Union soviétique qui ont suivi.

«L'Union soviétique était un Etat très compliqué, et pour être honnête, le régime qui a été mis en place en Union soviétique (...) ne peut être qualifié autrement que de totalitaire» où «les droits et les libertés élémentaires étaient supprimés», a-t-il déclaré.

Le président russe a concédé à demi-mot que la mainmise soviétique sur l'Europe de l'Est après la victoire pouvait être mal vécue dans ces pays. «Il est insensé d'affirmer que la période de l'après-guerre n'a apporté aux pays libérés que de la prospérité», a-t-il dit.

Ces déclarations vont dans le même sens que les signes d'ouverture à Moscou sur le dossier de l'exécution d'officiers polonais à Katyn sur l'ordre de Staline qui empoisonnait les relations entre Moscou et Varsovie, à travers la publication d'archives sur l'Internet.

Le chef de l'Etat russe a également condamné une nouvelle fois les crimes staliniens, alors que la polémique faisait rage en Russie ces dernières semaines sur fond d'initiatives de certains anciens combattants et de la mairie de Moscou de glorifier le dictateur en affichant ses portraits le 9 mai.

 «Staline a commis une quantité de crimes contre son propre peuple. Et malgré le fait qu'il a beaucoup travaillé, malgré le fait que sous son leadership le pays a enregistré beaucoup de succès, ce qu'il a fait à son propre peuple ne peut être pardonné», a souligné Dmitri Medvedev.

 Le règne de Staline fut marqué par un régime de terreur et par l'exécution sommaire ou l'envoi dans les goulags de millions de personnes. L'attitude est pourtant ambiguë à son égard en Russie où il est vu à la fois comme un tyran et comme le père de la victoire sur les nazis, et où 54% de la population admire encore son leadership, selon un récent sondage.

«Tout le monde comprend que le pays aurait pu se préparer mieux à la guerre s'il n'y avait pas eu de répressions contre les chefs militaires», a poursuivi Dmitri Medvedev. Son prédécesseur, l'actuel Premier ministre Vladimir Poutine, a rarement critiqué le régime soviétique et a même qualifié en 2005 la chute de l'URSS comme «la plus grande catastrophe géopolitique» du XXe siècle.

Dmitri Medvedev «a fait une déclaration très forte, attendue depuis longtemps», a réagi le défenseur des droits de l'homme Lev Ponomarev, l'un des critiques les plus virulents du Kremlin. Pour le politologue Alexandre Konovalov, les déclarations de Dmitri Medvedev, diffusées en boucle sur les principales chaînes de télévision russes, «vont contribuer à rétablir la vérité historique».

«Il s'efforce petit à petit de changer l'opinion publique», poursuit Alexandre Konovalov de l'Institut des évaluations stratégiques, qui souligne aussi l'importance de la présence pour la première fois au défilé sur la place Rouge de soldats de pays de l'Otan.Les déclarations de Dmitri Medvedev «visent à améliorer l'image de la Russie. Elles sont destinées à l'Occident et aux libéraux russes, mais sans poids pour les élites russes», nuance Nikolaï Petrov du centre Carnegie

P.S

Ma petite pérérégrination, àpartir de certaines idées préconconçues est vraiment délicieux

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