Les conséquences d’un droit de douane. Pour le nouveau président des États-Unis les droits de douanes sont un remède miracle pour créer un poids croissant de monopoles. Il a oublié les liens financiers, l’appréciation des liens monétaires locaux, les liens géopolitiques et les catalyseurs du développement socio-économique, etc.
Un nouveau droit de douane sur les produits français peut occasionner pour les États-Unis deux effets divergents : une augmentation des prix aboutissant à une réduction de la demande et un bouleversement dans la redistribution des revenus. Il apporte des recettes supplémentaires pour l’État importateur, il accroit les profits des entreprises importatrices mais il réduit le pouvoir d’achat des consommateurs.
L’augmentation des prix sera visible si le droit de douane est très élevé et que le pays exportateur garde ses coûts ou sa marge. Si le produit ne reste pas moins cher à l’importation, les entreprises exportatrices seront tentées de venir produire localement. Cette opération risque de ne pas atteindre le but recherché au vu du coût de la main d'œuvre américaine.
Si la politique du droit de douane exerce une pression très forte sur les prix, l’inflation par l’importation peut repartir à la hausse. Pour enrayer l’inflation, la Banque centrale américaine FED devra fixer des taux d’intérêts plus élevés pour aider à réduire la surchauffe économique d'où un frein supplémentaire aux fabricants américains. Des taux d'intérêt plus élevés augmentent la valeur de la monnaie d'un pays. Le pouvoir d’achat des consommateurs sera de nouveau réduit, la demande diminuera.
La baisse de la demande des biens français exportés se traduit par une baisse de la demande de devises étrangères et renforce le dollar américain. Un dollar américain plus fort rend également les exportations américaines relativement plus chères sur le marché français réduisant la demande de produits américains en France. Un dollar plus cher c’est un euro moins cher. La différence de change et le prix qu’un consommateur est prêt à payer peuvent compenser une partie ou la totalité de l’augmentation du droit de douane.
Pour les exportations françaises vers les États-Unis en 2023, le secteur aéronautique affiche 7,9Md€. Il représente un large impact sur l'économie des États-Unis et l’arrêt de la chaine d’approvisionnement est très risqué pour les entreprises américaines. Pour les produits pharmaceutiques pour 4,1Md€ avec une croissance des produits biologiques qui continue de dépasser les autres produits. Les consommateurs américains recherchent les produits avancés et non pas un prix. Les parfums et cosmétiques sont à 2,5Md€. L’industrie du luxe française est déjà fortement installée aux États-Unis avec des liens de longues dates avec le nouveau Président. Pour les boissons avec 3,9Md€, la taxe exceptionnelle de 25% décidée à la première présidence de Donald Trump a été supprimée dans le cadre du contentieux Airbus-Boeing, le mardi 15 juin 2021 pendant 5 ans.
La France n’importe pas d’armes des États-Unis. Pour le gaz elle se servira au moins cher sur le marché. Avec un dollar fort, le nombre de touristes américains augmentera avec une durée de séjour qui sera en hausse. La France cherchera à diversifier ses partenaires commerciaux et se servira plus en Chine ou au Canada qui auront des difficultés à écouler leurs produits au vu des droits de douanes américains.
Les liens étendus entre les États-Unis et la France. Les liens financiers étendus comme le volume des emprunts des États en devises étrangères, les effets de la valorisation des actifs en devises étrangères sur les taux de change, la remise en cause des réglementations locales et internationales pour les banques, les liens géopolitiques etc. pourraient également avoir des conséquences économiques compensatoires.
Les états souverains comme les États-Unis et la France empruntent via des obligations émises dans leurs propres devises. Fin 2023, les États-Unis avaient une dette de 34 598 milliards de dollars (dépasse 125% du PIB) alors que la dette de la France s’élevait à 3 101 Md€ (111% du PIB). Plus de la moitié de la dette française est détenue à l’étranger dont 4% par les Américains (124Md€). Uniquement 23% de la dette américaine est détenue à l’étranger dont 3% par des Français (1 038 milliards de dollars). Pour la France, la position extérieure nette en investissements directs est structurellement positive avec les États-Unis occupant la place de premier pays investisseur en France avec 15% du total investi. Avec un dollar qui décolle par rapport à l’euro, la balance de cette richesse est à l’avantage de la France.
Le nouveau Président américain vise à éliminer certains points de Bâle III. Pour les banques et les sociétés financières, il permettra de réduire les exigences de leurs fonds propres et d’évaluer leurs propres risques. La nouvelle administration est prête à ébranler les réglementations de la FDIC (Federal Deposit Insurance Corporation), agence indépendante créée en 1933. Sa principale mission est d’assurer la stabilité du système bancaire américain et de protéger les dépôts des particuliers. Ainsi que l’OCC (Bureau du contrôleur de la monnaie) et le Bureau de protection des consommateurs en matière financière la CFPB qui est la cible du milliardaire Elon Musk qui appelle à sa suppression. Pour traverser l’atlantique les nouveaux investisseurs français, ont besoin d'un cadre politique stable pour prendre des risques, en particulier autour des investissements immatériels.
Dans tous les cas, si le nouveau président des États-Unis adopte une position anti-pays européens et met fin à son appui à l’Ukraine, plusieurs pays européens pourraient faire un emprunt commun pour soutenir leurs économies et l’Ukraine avec la création d'une taxe conjointe sur les services numériques et une accélération de la trajectoire de baisse de l'impôt sur leurs sociétés exportatrices.