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Billet de blog 13 juillet 2023

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Quelle économie et quelle alliance en France pour un climat vivable ?

Plusieurs partis politiques en France revendiquent l'écosocialisme comme une réponse alternative au capitalisme vert. Ne faut-il pas abandonner les idées irréalistes de l'écosocialisme et aller plutôt vers une nouvelle économie écosociale pour éviter les pires scénarios ?

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L'écosocialisme est un courant de pensée qui associe idéaux écologistes et socialistes. Pour les écosocialistes, les solutions prédominantes en Europe sont incompatibles avec les exigences de sauvegarde de l'environnement naturel, car elles ne remettent pas en cause les modes de production et de consommation. L'expansion des profits et une croissance infinie sont inconciliables avec des ressources limitées de la terre.

Le capitalisme vert existe-il ? Sommes-nous entrés dans une nouvelle économie capitaliste contraints par les crises climatiques et la raréfaction des ressources naturelles ? "Le capitalisme vert, c'est la continuation d'un système qui dans son principe est destructeur de l'environnement et qui, dans sa dernière phase, s'est traduit par une expansion extraordinaire des inégalités…" Hervé Kempf - 2009

Les écosocialistes : en France, il y a la gauche écosocialiste (GES), fondée en 2022 et fait partie aujourd'hui du groupe les insoumis. Il y a le nouveau parti anticapitaliste NPA : "l’écosocialisme, qui est une philosophie, un système économique, une organisation sociale, porte notre projet révolutionnaire émancipateur". Il y a le Président du groupe socialiste qui a été inspiré par le Président du parti socialiste Belge auteur du "manifeste écosocialiste". Le parti socialiste ajoute sur son logo la mention "social-écologie" et souhaite affirmer une doctrine écosocialiste : sociale, écologique et républicaine. Mais la social-écologie a déjà eu son candidat à l'élection présidentielle en 2017 avec B. Hamon qui récolta 6% des voix. Aujourd'hui les Nupes préfèrent le terme écosocialisme. La maire de Paris (1,7% à l'élection présidentielle de 2022) et EELV cherchent encore la formule de l’écosocialisme (4,63% La maire de Paris (1,7% à l'élection présidentielle de 2022) . A gauche l'écosocialisme va-t-il s'imposer comme une force politique pour les prochaines élections présidentielles ?

Si cette démarche se veut héritière du socialisme français traditionnel, elle doit condamner en même temps les thèses marxistes en se libérant de ses scories productivistes et les thèses de décroissance ou d'écologie punitive. En d'autres termes aller vers une économie écosociale.

Vers une économie écosociale pour sortir des crises. Dans l’histoire contemporaine de l’Europe, différents modèles de développement économiques ont vu le jour. Aucun de ces modèles n’a permis d'atteindre un équilibre entre notre planète et l’homme.

Le modèle écosocial est un modèle qui crée un équilibre entre une économie performante, la solidarité sociale et la protection de l’environnement. Il est basé sur des investissements citoyens via des établissements de crédit publics, dans un cadre d’égalité et de liberté. C’est une économie sociale, écologique, durable, solidaire et citoyenne.

L'économie écosociale pour se libérer des scories productivistes et des thèses de décroissance ou d'écologie punitive.

Il faut de la croissance pour les besoins essentiels : vivre, être en bonne santé, …, décarboner les transports, les bâtiments, l'agriculture, etc. Il faut de la décroissance (réduire la taille de l'économie) pour réduire l'impact de l'homme sur la nature : consommer moins d'énergie, réduire les besoins illusoires, etc. Il est donc nécessaire de dépasser le productivisme actuel en se posant la question : quoi et comment produire ? L’augmentation de la production et des revenus est au cœur de nos préoccupations et de nos objectifs, faut-il allez au-delà d'une société post-croissance ou peut-on prospérer sans attendre le retour de la croissance ?

Il faut commencer par adapter le droit et l'économie libérale pour permettre au citoyen de lutter contre le changement climatique :

Adapter le code du capital. "La capacité qu'ont les capitalistes de s'enrichir ou de nuire au bien commun ne tient qu'à un ... code", Katharina Pistor Seuil.

Sortir du capitalisme financiarisé. La loi de 3 janvier 1973 a annoncé l'émancipation de la Banque centrale du pouvoir politique mais elle a fixé le début d'une "économie de marchés financiers". Tout en restant indépendante, la Banque centrale européenne doit donc prêter directement à la France via des établissements public de crédits. "Il n'existe aucune barrière juridique à un prêt de la BCE à un établissement public de crédit Français". C’est l’article 123-2 traité de Lisbonne.

Retour aux fondamentaux du programme du Conseil national de la résistance. Il y a 80 ans, le Conseil national de la Résistance (CNR) conduisait à la mise en œuvre d’une grande partie des acquis sociaux actuels comme la Sécurité sociale, la retraite ou l’instruction pour tous les enfants. Ce programme a constitué l'architecture politique, économique et sociale de la France jusqu'aux années 1980. Époque où le grand souffle libéral a changé la donne sur le plan économique. Il faut revenir sur plusieurs lois liberticides ou climaticides comme la loi LFSS sur la sécurité sociale adopté en 1995 donnant les pouvoirs au Parlement en matière de finances sociales, les lois sur les pouvoirs d'achats, de l'agriculture, etc.

Une meilleure redistribution des revenus et de la richesse. À titre de comparaison, en 2022 les sociétés du CAC 40 ont distribué 67,5 milliards d'euros de dividendes et 25 milliards d'euros en rachat d'actions. Dans la même année, l'impôt total récolté sur les sociétés en France était de 59,8 milliards et la collecte brute de l'épargne salariale et retraite s'est élevée à 19 milliards d'euros. Une harmonisation est nécessaire suivant une règle des 4/4 : 25% en impôts sociétés, 25% en distribution de dividendes pour le capital, 25% en distribution en épargne salariale ou partage de la valeur (dividende salariale), le solde 25% doit aller obligatoirement pour la décarbonation de l'industrie et zéro émission nette.

Les inégalités des niveaux de vie continuent à augmenter. Il faut une meilleure redistribution, mais y-a-t-il une majorité pour imposer plus les plus riches ou aider plus les plus pauvres ? En 1960 les prélèvements obligatoires étaient à 30,3% du PIB, ils sont à 45,4% en 2022. Les dépenses augmentent toujours plus, mais l'argent ne va ni à la nature, ni aux hôpitaux, ni aux écoles.

Laissons le citoyen et personne d'autre décider de l'affectation de son épargne. Il faut drainer tous les ans 180 milliards d'euros de l'épargne des ménages d'un total de 6 000 milliards d'euros pour les affecter à une répartition équilibrée et innovante afin d'améliorer l'avenir du citoyen et protéger la nature. C'est la création de plusieurs fonds d'investissements sous la forme de livrets réglementés pour la nature, la santé, la dépendance, etc. Les avantages sont multiples. Un fonds citoyen ne crée pas de liquidités nouvelles donc pas d'inflation par excès de création monétaire. Il permet de réduire la dette et le déficit public par une croissance saine due au multiplicateur budgétaire. Il permet de réduire les dépenses de l'État par l'augmentation des recettes fiscales et diminuer les prélèvements obligatoires, etc.

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