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Billet de blog 15 janvier 2020

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Covid-19 ou pas, Ehpad et établissements spécialisés, les oubliés de l'Etat.

Il y a une urgence de traiter de manière digne et humaine les personnes âgées privées d’autonomie et les personnes handicapées. Il faut un investissement citoyen de 400 Milliards d’euros sur 10 ans et la création d’environ 480 000 emplois par an sur 2 ans.

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Pour financer les retraites ou la dépendance, le gouvernent n’a pas d’alternative. La seule solution toujours proposée est de garder les Français plus longtemps au travail.

Travailler plus longtemps pour que le fruit de ce travail finance la prise en charge de la perte d’autonomie. C'est l'une des pistes envisagées par le gouvernement pour alléger la facture des personnes dépendantes. Âge de départ à la retraite, hausse de la durée de cotisation, nouvelles journées de solidarité... plusieurs options sont sur la table de l’exécutif pour financer la prise en charge du grand âge et de la perte d’autonomie. Dans toutes ces options il n'y a pas l'investissement citoyen pour la dépendance, ou même des investissements citoyens séniors.

Pour le handicap, le budget n'est pas suffisant. Le budget du handicap est d'environ 40 Mds€ dont la moitié est versée par la Sécurité sociale. En Belgique 6 500 adultes et 1 500 enfants handicapés Français sont hébergés dans des établissements spécialisés. Les annonces du Président le 11 Février 2020, pour le recrutement de 11 500 AESH et la création de 1 000 places supplémentaires vont dans le bon sens mais restent largement insuffisantes. Il y a beaucoup de progrès à faire [1]. Les congés aidants ne sont pas là pour pallier le manque du budget de l’Etat.

Quel financement pour la dépendance et le handicap. Il faut éviter les scandales profitables des trois possibilités suivantes autres que les investissements citoyens pour le développement des EHPAD et les établissements spécialisés :

  • les business Angels qui sont des individus qui investissent leur propre argent en prenant un grand risque en contribuant au capital d’une entreprise,
  • le capital risque qui consiste pour un investisseur, à prendre une participation au capital d’une start-up, en vue de la céder ultérieurement et de réaliser une plus-value,
  • les fonds spéculatifs dont la stratégie d'investissement repose sur des prises de risques élevées et donc des espérances de gain élevées.

Les investissements citoyens pour nous sont les économies des ménages français, sécurisées et rémunérées par l’état, qui seront utilisées pour le développement de l’écosociale durable.

Les choix actuels alourdissent la fiscalité sur le Plan d’épargne logement PEL et réduisent le taux des livrets A à 0,5%. Ils permettent aussi aux compagnies d’assurance vie d’intégrer la provision pour participation aux bénéfices dans le calcul de leur ratio de solvabilité etc. Le gouvernement doit au contraire faciliter l’épargne des Français en utilisant les disponibilités du PEL (276 Mds€), de l’assurance vie euro (1 788 Mds€), du livret LDDS (111 Mds€) etc., et réduire l’appétit des banques.[2]

Il Faut immédiatement investir, sans attendre la loi sur la perte de l’autonomie. Cette urgence est due à un demi-siècle de politiques inabouties à cause du coût de financement difficile à intégrer au budget de l’Etat (aujourd’hui 30 Milliards à comparer aux 314 Milliards (13,8% du PIB) des dépenses des retraites.[3]

Explications et calcul : Il faut investir la somme de 400 Mds€ sur 10 ans en partenariat avec l’État, les institutions associatives, les communes et les établissements de formation, pour :

  • le financement de la dépendance par la création d’habitats à but non lucratif partagés, sécurisés avec accompagnement. C'est un type d'habitat entre les résidences et les EHPAD intégrant des micro-crèches et des services de soins Infirmiers.
  • le financement de la dépendance par la création des maisons de répits médicalisés à but non lucratif,
  • le financement des EHPAD spécialisés à but non lucratif,
  • le financement du handicap et la création d’établissements spécialisés à but non lucratif et embauches d’accompagnants.

Un milliard d’euros investi en construction et services pour les Ehpad créerait environ 12 000 emplois (explication dans billet zéro chômage, ce n’est pas une utopie). L’investissement des 40 Milliards par an devrait réduire le nombre de chômeurs de 480 000 par an bien sûr sur les deux premières années uniquement.

Comment financer ce fonds. Le financement peut venir des retours des placements des français à l’étranger et en Europe 2 150 Mds€ (43% du Pactole des Français de 5 000 Mds€) plus rentables aujourd’hui que nos livrets A, LDDS, LEP ou des placements à risques proposés par les banques privées.

Il peut également venir des 276 Mds€ du PEL (5% de l’épargne des Français) qui n’est plus attractif.(Rigidité à court terme, pas de rentabilité à long terme, taux de rendement inférieur au livret A après prélèvement forfaitaire unique de 30%, taux crédit marché plus compétitif pour les prêts immobiliers, bloqué 4 ans).

Il reste encore beaucoup de chômeurs avec un coût estimé à 20 000 € par chômeur. A partir du 1 Janvier 2020, d’après pôle emploi, le nombre de demandeurs d’emploi en catégories A, B, C diminue uniquement de 2,9%.

En prenant les dépenses directes, les allocations chômages, le RSA, l’AAH, l’APL, les dépenses indirectes et le manque à gagner en impôts et cotisations, les dépenses de réintégration, les dépenses administratifs, et les dépenses de santé, on peut estimer un coût moyen de 20 000,00€ par chômeur.

On peut faire un calcul simple 480 000 x 20 000,00€ = 9,6 Mds€ de réduction du coût public, pour la formation c'est 4 800€ x 480 000 = 2.3 Mds€

L’Etat emprunte aujourd’hui à des taux négatifs. Les émissions des obligations assimilables (OAT) du trésor à 30 ans se font à des taux approchant les 0,45%. La prévision du taux d’inflation 2020 est de 1,57% à comparer à 2% souhaitée par la commission européenne

De 2020 à 2024, l'étude montre une création de 960 000 d’emplois, une réduction du coût public de 9,6 Mds€, une entrée pour l’Etat de 120 Mds€ (200 Mds€*0,60), un coût d’emprunt de 0,07 Mds€ et un coût de formation des chômeurs de 2.3 Mds€.

Le fonds doit être géré par un établissement de crédit public. Il est dirigé par un conseil d’administration paritaire composé des représentants des partenaires sociaux, des organisations patronales (25%) et syndicales (25%), des représentants des ministères concernés (30%) et des citoyens qualifiés (20%).

Billet extrait du livre vert mettre la finance citoyenne au service de l'économie écosociale

[1].https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/02/11/places-d-hebergement-assistants-scolaires-emmanuel-macron-annonce-des-mesures-pour-les-personnes-handicapees_6029188_3224.html

[2] http://www.leparisien.fr/economie/epargne-plus-de-410-milliards-d-euros-places-sur-le-livret-a-et-le-ldds-nouveau-record-21-01-2020-8241093.php

[3] https://www.logement-seniors.com/actualite-autonomie-le-nouveau-projet-de-loi-2019-870.html

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