"La valeur de l’euro est un taux de conversion et non un taux de change fixée au 1er janvier 1999 par 11 pays d’Europe. Cette valeur a été calculée avec un système de pondération en fonction de l’importance du poids des pays membres de l’ Union Économique et Monétaire (UEM) multiplié par le taux de change international des différentes monnaies des pays concernées au 1er janvier 1999, avec une pondération des cours des monnaies en fonction du cours du Dollar Américain." [1]
Le temps use les objets et les hommes. Or depuis 1999 le temps passe et est effacé dans la transformation du travail acheté en euro. Les crises sont une conséquence de la rupture entre la réalité de la richesse du travail qui est instantanée, et l’euro qui représente la richesse, mais qui ne subit pas les affres du temps qui passe. L’inflation est en grande partie le résultat de la baisse de la valeur de l’euro en regard de ce qui est produit. L’exemple le plus frappant c’est le système des retraites par capitalisation qui est vu par les néolibéraux comme un moyen plus efficace pour financer les retraites que notre modèle français par répartition.
Le régime par répartition en France est né avec la publication de l’ordonnance du 19 Octobre 1945 Les cotisations versées par les actifs serviraient à payer les pensions des retraités. Donc si en France en 1945 on avait choisi le système par capitalisation, les pensions distribuées aujourd’hui seraient bien plus faibles que notre régime actuel par répartition.
"Dans le nouveau régime à point c'est la CNRU (nouvelle création) qui déterminera chaque année combien d'euros de cotisations sont nécessaires pour acquérir un point (valeur d'achat du point), et à combien d'euros de pension donne droit un point au moment de la liquidation de la retraite (valeur de service du point). La double revalorisation annuelle du point s'effectuera en janvier. Elle ne suivra plus l'inflation, mais l'évolution annuelle du salaire ou "revenu moyen par tête", un nouvel indicateur à définir par décret. La CNRU gérée par les partenaires sociaux, proposera d’ajuster les paramètres afin d'assurer le respect de la règle d'or d'équilibre des retraites". "Si la délibération du conseil d'administration ne respecte pas ces conditions d'équilibre, la loi de financement de la Sécurité sociale de l'année fixe une nouvelle trajectoire", dis la proposition de loi".[2]
Un petit rappel sur la loi de financement de la Sécurité sociale. L’implication de l’État dans la direction de la Sécurité sociale s’est renforcée avec la révision constitutionnelle du 22 février 1996 qui prévoit le vote annuel d’une loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS). L’institution de cette loi spéciale traduisait un accroissement des compétences du Parlement en matière de finances sociales et, plus largement, une plus grande intervention de l’État ; revenant en cela partiellement sur l’autonomie des partenaires sociaux dans la gestion des régimes de Sécurité sociale. Jusqu’alors, la gouvernance financière de la Sécurité sociale relevait, en effet, conjointement de l’État et, conformément au principe originel de leur financement, des cotisants (salariés et employeurs) ou, plus exactement, de leurs représentants.
Depuis la révision constitutionnelle du 22 février 1996 et la loi de financement de la Sécurité sociale nous remarquons une privatisation de la Sécurité sociale et un accroissement important des parts des mutuelles dans le régime maladie. En effet, en 1996 avec un PIB de 1 259 Mds€, le budget de la Sécurité sociale santé s’élevait à 791 638 Millions de FF soit environ 120,68 Mds€ et 9,5% du PIB. Chose étrange, en 2018 le budget de la Sécurité sociale santé atteint 212,3 Mds€ avec un PIB de 2 353 Mds€, le pourcentage du PIB chute à 9%, mais ceci sans compter le montant total des cotisations versées aux mutuelles de santé de 60,3Mds€. En ajoutant les deux montants on arrive à 272,6 Mds€ et un pourcentage du PIB de 11,6%.[3]
La loi pacte épargne-retraite du 11 avril 2019 et le nouveau régime à points, avec le risque d’utilisation de la loi de financement de la Sécurité sociale par l’État, n’ouvrent-t-ils pas la porte à la réduction du budget des retraites du régime par répartition et au développent des épargnes retraites par capitalisation ?
Les générations des années d’après-guerre ont accumulé un capital pendant une période où la France était un pays productif avec des actifs plus nombreux que les retraités. Cependant depuis, la pyramide des âges a changé et la France s’est désindustrialisée. Le pouvoir d’achat s’est dégradé et va l’être encore plus dans les années à venir lorsque l’euro tombera à la suite des crises monétaires tout en provoquant une inflation massive.
L’euro pourrait éclater si le taux de conversion n’est pas réajusté au temps et à la réalité du poids de chaque pays dans la zone euro.
Les experts qui ont analysé la sortie de la France de la zone euro arrivent tous à une même conclusion : le franc se dévaluerait vis-à-vis de quatre devises (DEM Allemagne, IEP Irlande, NLG pays bas et LUF Luxembourg) mais s’apprécierait vis-à-vis des autres pays de la zone euro.
En tenant compte aujourd’hui de plusieurs éléments tel que différence de productivité, poids dans les échanges, ou l’importance économique des pays membres de l’Union Economique et Monétaire (UEM) et la position euro dollar, les spécialistes peuvent calculer aujourd’hui de manière équitable les valeurs monétaires nationales pour les pays concernés de la zone euro.
Alors pour rétablir l’équité entre les pays de la zone euro, pourquoi pas sortir de l’euro et y rentrer immédiatement : l’euro est mort vive l’euro. L'avantage de ce mécanisme, pour le pays qui a dévalué son euro (euro Francs), c’est de rendre les produits moins chers à l'exportation que les autres pays de la zone euro qui réévaluent leurs monnaies (euro DEM). Ainsi les euros rentrent et les importations par rapport à l’exportation sont réduites comme l'endettement et la dépendance de l’extérieur. L’inconvénient c'est de rendre plus chers les produits indispensables importés hors zone euro comme les hydrocarbures, et tout ce qu'on ne produit pas soit même si in fine le taux de change de l’euro par rapport au dollar diminue (aujourd’hui environ 1,11). Dans ce cas uniquement seul les banques devront réagir rapidement sur leurs placements en dollars.
Billet extrait du livre vert mettre la finance citoyenne au service de l'économie écosociale
[1] https://www.culture-generale.fr/economie/91-comment-a-ete-fixe-la-valeur-de-leuro
[2] https://www.lesechos.fr/economie-france/social/retraite-universelle-comment-ca-marche-1162191
[3]https://fr.wikipedia.org/wiki/Comptes_de_la_S%C3%A9curit%C3%A9_sociale_en_France