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Billet de blog 18 avril 2023

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Inflation, chômage, retraite, productivité, comment va l'économie française ?

Depuis 2017, le bilan économique et social peut se résumer en quatre indicateurs-clés : une inflation élevée, une flambée des réformes structurelles, un essoufflement de la productivité et des inégalités sociales persistantes. Un bilan auquel il faut ajouter une explosion des dettes et des déficits publics.

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L'État profite-t-il de l'inflation ? Le ministre de l'Économie et des Finances a beau répéter "nous n'augmenterons pas les impôts", la hausse de l'inflation non maitrisée induit bien une hausse cachée des impôts. En 2022, le taux d''inflation a atteint 5,2% après un taux d'inflation de 1% en 2017. Pour privilégier l'activité économique et la soutenabilité de la dette publique, la Banque centrale européenne BCE a trop attendu pour lutter contre l'inflation. Face à cette situation, le gouvernement français devait choisir la lutte contre l'inflation ou les réformes structurelles (chômage, retraite, etc.). Il a choisi les réformes structurelles. En effet, avec des recettes fiscales en très forte hausse, notamment la TVA et l’impôt sur le revenu, l’État profite à plein de l’inflation.

La France a-t-elle besoin des réformes structurelles ? Pour faciliter l'intégration, l'Europe a introduit plusieurs contraintes budgétaires, des réformes issues des critères de convergences établis lors du traité de Maastricht. Des fonds de soutien seront payés en contrepartie d'une réduction drastique des dépenses publiques, d'une baisse du coût du travail et d'une ouverture à la concurrence des secteurs protégés. Cette rigueur budgétaire a été suspendue depuis le début de la crise sanitaire en mars 2020 et ne sera de retour qu'au début 2024. Aujourd'hui les pays de la zone euro peuvent dépasser un déficit public annuel fixé à 3% de leur PIB. Ils peuvent avoir une dette publique supérieure à 60% du PIB et un taux d'inflation non contrôlé. De même, avec la guerre à la porte de l'Europe et la flambée des prix de l'énergie, il paraît aujourd'hui très difficile de réduire les dépenses publiques et de limiter la hausse des salaires. Il reste la réforme de l'assurance chômage, la réforme des retraites, la réforme du travail, etc.

Réformes de l'assurance chômage nécessaires ou inégalitaires ? En moyenne sur 2017, le taux de chômage s'établit à 9,4% (2,8 millions de personnes) de la population active en France (hors Mayotte). Ce taux passe à 7,2% (2,2 millions de personnes) au quatrième trimestre 2022 en dépit d'une croissance faible. Ce résultat est-il dû aux réformes ou à la conjoncture ? Pour les réformes le site de ses.ens explique bien les étapes de la réforme de l’assurance-chômage entre mars 2017 et novembre 2022. L'idée est désormais que les règles d'indemnisation soient davantage modulées en fonction de la conjoncture, il est trop tôt pour évaluer les résultats des nouvelles réformes. Ce bon résultat vient essentiellement de la hausse du nombre d'apprentis et des seniors plus nombreux et beaucoup plus souvent en emploi. La population active a augmenté d'environ 620 000 personnes entre 2017 et 2022. Fin décembre 2022, on compte 979 500 apprentis, ce qui fait passer des milliers d'étudiants du statut d'inactif au statut salarié. L'essor de l'apprentissage explique une grande part de la baisse du chômage en France d'après l'OFCE. Pour les seniors le taux de chômage était de 6,6% en 2017 et passe à 6,3% en 2021 puis chute à 5% en 2022 pour les 50 ans et plus d'après l'Insee. En prenant le nombre de seniors en emploi en 2017 (7 902 milliers) et 2022 (8 528 milliers), le nombre d'emploi des seniors augmente (environ 100 000 personnes), en même temps le nombre de retraités diminue à la suite des réformes des retraites. Enfin la tendance de fond qui était déjà pressentie pendant la pandémie du Covid se confirme, le rapport au travail des Français a changé.

Réforme des retraites nécessaire ou injuste ? En 2017, les Français partent plus tard en retraite à 62 ans et 1 mois. On atteint 16,2 millions de retraité(e)s, avec une pension moyenne de 1 496 euros selon DREES. La dernière édition de 2022 pour l'année 2020 donne 16,9 millions de retraité(e)s, avec une pension moyenne de 1 509 euros. "Avec la réforme des retraites, il y a de quoi faire sauter plusieurs gouvernements" Michel Rocard premier ministre en 1991. Le Sénat relate la chronologie des différentes réformes le 22 décembre 2022. Aujourd'hui il faut attendre la fin du séisme actuel pour comprendre ce qui pourrait changer. Cette dernière réforme est révélatrice de la crise du rapport à la productivité du travail. Dans tous les cas, les inégalités présentes dans le système devraient perdurer.

La productivité, cette grande oubliée de la réforme des retraites. La productivité du travail a progressé de manière régulière d'environ 1,3% de 1990 à la crise de 2008-2009. Elle a connu une chute inédite pendant la crise économique de 2,6 points. Pour la période 2010-2016, la productivité a recommencé à croître mais à un rythme de 0,9% inférieur à celui d’avant crise. Avant la nouvelle crise sanitaire, de 2016 à 2019, les entreprises françaises accumulent une productivité de +3,8%, 1,7% de cette productivité sera perdue en 2020. Depuis la crise sanitaire, d'après Dares, le niveau de productivité au travail continue de diminuer. En 2022 elle a baissé de 3% par rapport à 2019. In fine, de 1990 à 2022 la France a gagné en 33 ans en moyenne 0,85% par an. L'essoufflement de la productivité du travail s'explique par le vieillissement de la population active, la hausse du nombre d'alternants, la difficulté des entreprises à recruter, le boom des emplois non qualifiés et le rapport des français au travail.

L’explosion des inégalités. Les six dernières années (pandémie, guerre en Ukraine, réformes, etc.) ont exacerbé les inégalités sociales trop souvent invisibilisées. Les inégalités sociales restent importantes : "la situation récente est empreinte d'incertitude avec un ralentissement de la croissance économique, une inflation élevée et des taux d’intérêts qui montent… Le tissu économique reste encore fragilisé et des interrogations restantes sur les niveaux d’endettement (le déficit public fin 2022 s'est élevé à 4,7% du PIB La dette publique a été stabilisée à 111,6% du PIB). Sur le marché du travail, la reprise postpandémie se caractérise par des évolutions d’ampleur inédite telles que les démissions en masse et les difficultés à recruter dans certains secteursLe niveau de pauvreté reste élevé... Une situation alarmante concernant l’alimentation... Une hausse des dépenses contraintes et pré-engagées, etc." Rapport annuel sur l'état de la France, le Conseil Économique Social et Environnemental (CESE).

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