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Billet de blog 28 novembre 2025

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COP30 : 45 Md$ pour sauver l’humanité, 1 600 Md$ pour la détruire

Les États‑Unis, Chine, Inde, UE‑27 pourraient financer à eux seuls l’aide climatique aux pays pauvres de 1 300 Md$ par an pour seulement 45,5 Md$ de charges d’intérêts. Mais ils dépensent plus de 1 600 Md$ dans l’armement : des milliards pour la guerre, des miettes pour la vie.

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En 2024, les États‑Unis, la Chine, l’Inde et l’UE-27 cumulent 260% de dette par rapport à leur PIB et concentrent 55% des émissions mondiales. Pourtant, ils ne consacrent que 0,07% de leur PIB annuel à aider les pays pauvres face au climat. À la COP30, l’écart entre dette, émissions et solidarité atteint son paroxysme.

Le niveau global de la dette mondiale reste supérieur à 235% du PIB mondial

En 2024, la dette mondiale a atteint 251 000 Md$, soit plus de 235% du PIB mondial, selon le FMI. Tandis que la dette publique reste élevée à 93% du PIB, portée par des déficits persistants et des coûts post-pandémie, la dette privée a reculé à son plus bas niveau depuis 2015, représentant 143% du PIB. Les États-Unis et la Chine affichent des niveaux de dette publique et privée particulièrement élevés, tandis que les économies émergentes montrent des trajectoires contrastées.

260%, c’est le niveau global de la dette des États-Unis, Chine, Inde et UE-27.

Pour 2024, la dette totale agrégée (publique + privée) des États‑Unis, de l’UE‑27, de la Chine et de l’Inde s’élève à environ 185 000 Md$, pour un PIB total d’environ 72 250 Md$, soit un ratio dette totale / PIB agrégé d’environ 260%. Ce niveau dépasse le ratio mondial de 235% communiqué par le FMI et traduit la plus forte financiarisation et l’importance relative des dettes - publiques et privées - dans ces grandes économies. Un ratio élevé accroît leur vulnérabilité aux chocs financiers mondiaux tout en reflétant la taille et l’intégration de leurs marchés de crédit. (Sources : FMI (Global Debt Database / GFSR), Banque des Règlements Internationaux, Eurostat).

Ces quatre pays concentrent près de 55% des émissions des gaz à effet de serres.

Selon EDGAR, la répartition mondiale des émissions montre une réalité simple et marquante. Les pays riches et occidentaux pèsent aujourd'hui environ 20 à 25% des émissions territoriales annuelles. À l'autre extrémité, quatre grands émetteurs — la Chine, les États‑Unis, l'Inde et l'UE-27 — concentrent près de 55% des émissions directes mondiales. Autrement dit, un peu plus de la moitié des gaz à effet de serre provient de ces quatre acteurs, tandis qu'ensemble les pays occidentaux riches représentent seulement autour d'un cinquième à un quart du total. Cette double lecture - part annuelle territoriale et concentration par grands émetteurs - éclaire pourquoi les politiques climatiques doivent combiner responsabilités historiques, réduction rapide des émissions et transformations profondes des modes de consommation.

Les pays les plus pauvres subissent déjà les pires conséquences climatiques tout en ayant contribué le moins aux émissions historiques ; ils supportent des coûts humains et économiques lourds - pertes agricoles, déplacements, santé - et dépendent souvent de financements internationaux qui restent insuffisants et mal ciblés pour compenser ces inégalités.

Il faut 1 300 Md$ pour sauver les pays pauvres et la planète.

Les pays riches présents ou non à la COP30 freinent l’action climatique pour les pays pauvres. Ils détournent les financements vers des prêts et des mécanismes privés plutôt que des dons. Le fonds promettant 100 Md$ par an reste largement non tenu. Pendant ce temps, les États vulnérables subissent inondations, sécheresses et pertes économiques croissantes. Les mécanismes de "pertes et dommages" sont sous‑financés et assortis de conditions qui accroissent la dette des pays pauvres. Les négociations favorisent les intérêts des prêteurs et des marchés financiers au détriment des besoins immédiats de résilience et d’adaptation. Les pays en développement réclament des financements publics nouveaux, prévisibles et non conditionnels ; plus de dons que de prêts ; des transferts technologiques sans entraves ; l’accès facilité aux fonds d’adaptation ; et des réparations financières pour les pertes historiques. Sans cela, la COP risque de n’être qu’une scène de promesses creuses.

Les besoins globaux sont bien plus élevés : les estimations varient, mais il faut aujourd’hui plusieurs centaines de milliards à plusieurs milliers de milliards USD par an selon les choix (adaptation seule vs mitigation + transition), souvent chiffrés entre ~1 000 et 4 000 Md$ annuels.

Résultat : l’écart entre promesses, financements réellement non conditionnels et besoins réels reste énorme.

À rappeler que les pays riches se sont engagés à augmenter massivement les flux vers les pays en développement. La COP29 (texte CMA.6) fixe un objectif global visant à mobiliser au moins 1 300 Md$ par an pour le financement climatique des pays en développement d’ici 2035, tous canaux confondus.

Les quatre pays industrialisés dépensent uniquement 49,75 Md$ à l’aide climatique internationale.

L’UE-27 consacre près de 0,2% de son PIB à l’aide climatique internationale, les États-Unis et la Chine autour de 0,02-0,04%, l’Inde moins de 0,01%. La moyenne pondérée pour les quatre entités est de 0,07% du PIB pour un total de 49,75 Md$, très loin des besoins estimés pour respecter l’Accord de Paris (sources OCDE, CCNUCC, FMI, Climate Policy Initiative, etc.)

Si les quatre pays empruntent, ils ne dépenseront que 0,06% de leur PIB par an pour financer 1 300 Md$ d’aides aux pays pauvres.

Les taux effectifs moyens d’endettement utilisés pour 2024 sont : États‑Unis 3,5% ; UE‑27 2,5% ; Chine 3,0% ; Inde 6,0%. Ensemble, ces quatre économies paient en moyenne ~ 3–3,5% du stock de leur dette chaque année ; l’Inde supporte le coût moyen le plus élevé et l’UE le plus bas. Pour un engagement climatique total de 1 300 Md$, le coût d’intérêt annuel pour ces quatre pays serait d’environ 45,5 Md$, soit ~0,06% de leur PIB agrégé. à comparer aux dépenses militaires en 2024 : environ 1 600 Md$ par an pour les quatre ensembles (États‑Unis ≈ 890 Md$ ; Chine ≈ 310 Md$ ; UE‑27 (agrégé) ≈ 320 Md$; Inde ≈ 80 Md$).

Réduire l’investissement militaire et accroître celui pour le climat, c’est trouver le juste équilibre entre sécurité, santé, bien‑être et avenir de la planète.

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