Le projet de loi de finances 2026 vise à ramener le déficit public à 4,7% du PIB en 2026, puis à moins de 3% en 2029, sur la base d’une croissance estimée à +1% du PIB. Pour atteindre ces objectifs, l’État s’appuie sur une double trajectoire : maîtriser deux tiers de l’effort par la réduction des dépenses publiques — pilotage rigoureux de la masse salariale, recentrage des aides aux entreprises et révision des projets d’investissement — et renforcer les priorités stratégiques à hauteur de +10,5 Mds€ (défense, transition écologique, éducation, justice). Les collectivités territoriales limiteront leur hausse de fonctionnement à +2,4 Mds€ en 2026. Ce plan concilie restauration des marges de manœuvre budgétaires, préservation du modèle social et soutien de la confiance économique face aux aléas internationaux.
L’État n’a pas retenu les conseils du comité d’évaluation du plan France Relance. Le rapport final du Comité d’évaluation du plan France Relance (100 Md€ lancé en 2020) livre une évaluation indépendante de son impact macroéconomique et sectoriel. Il montre que les premiers ajustements budgétaires — réduction des dépenses, hausse de recettes ou « année blanche » — ont permis de stabiliser les comptes publics et de relancer l’activité en 2021-2022. Toutefois, pour bâtir une croissance réelle et soutenable, le rapport recommande dès 2023 d’orienter massivement les financements vers des investissements citoyens à fort effet de levier : rénovation énergétique des logements privés et publics, infrastructures numériques et écologiques, renforcement de la formation professionnelle et dispositifs d’innovation sociale. Ce basculement d’une stratégie conjoncturelle d’austérité vers des projets structurants est jugé indispensable pour créer un moteur de croissance à court et long terme.
Le PLF 2026 cristallise le débat : dans le débat sur les orientations budgétaires et économiques, chaque formation politique avance ses propres priorités et leviers d’action. L’ancien gouvernement soutenu par le MoDem visait une réduction du déficit à 4,6 % du PIB en misant sur 15 milliards d’euros d’économies, principalement par une baisse des dépenses publiques et une modération salariale, avec pour objectif une stabilité du pouvoir d’achat et une croissance modérée. Les Républicains, plus ambitieux, projettent 20 milliards d’euros d’économies pour atteindre un déficit de 3,5 %, en s’appuyant sur une baisse de l’impôt sur les sociétés, une réforme des retraites et une réduction des effectifs publics, espérant ainsi relancer l’investissement privé tout en préservant le revenu disponible. Le Rassemblement national propose une trajectoire encore plus rigoureuse avec un objectif de 3 % de déficit et 25 milliards d’euros d’économies, fondée sur un protectionnisme fiscal, une réduction de l’immigration et une relance industrielle, visant à renforcer le pouvoir d’achat national et à contenir l’inflation. Le Parti socialiste, plus modéré, envisage 10 milliards d’euros d’économies pour un déficit à 4 %, en renforçant les services publics, en augmentant la fiscalité sur les plus riches et en réformant la politique de l’offre, dans l’espoir de soutenir le pouvoir d’achat des classes moyennes et de favoriser une croissance verte. La France insoumise, quant à elle, propose une relance par la consommation avec seulement 5 milliards d’euros d’économies et un déficit à 5 %, misant sur une hausse des salaires, des investissements publics et écologiques massifs, et une taxation accrue des hauts revenus pour accélérer la transition énergétique. Enfin, EELV défend une approche écologique avec 8 milliards d’euros d’économies et un déficit à 4,5 %, en investissant dans les énergies renouvelables, en instaurant une taxe carbone et en développant les transports en commun, dans le but de promouvoir une croissance verte et d’améliorer la qualité de vie urbaine.
Ce décryptage met en lumière les forces et les limites des six trajectoires. Pour imaginer une sortie de crise durable, il faudra dépasser les seuls ajustements comptables et mobiliser l’intelligence collective de chaque citoyen :
- Investir pour relancer la croissance
La chute nette de la TVA (de 149 Md€ en 2017 à 101 Md€ en 2025) illustre le ralentissement économique. Le déficit public atteint 5,8% du PIB, la dette 113%. Une TVA sociale pourrait compenser mais risquerait de pénaliser le pouvoir d’achat si les entreprises n’en répercutent pas les effets sur les prix. Pour stimuler l’économie, des livrets réglementés spécialisés (santé, sécurité, écologie…) gérés par des établissements publics pourraient être créés. Avec un taux d’épargne élevé (18,2%), ces livrets offriraient flexibilité, sécurité et rendement. Un investissement annuel de 47 Md€ générerait 20 Md€ de recettes fiscales supplémentaires grâce à un multiplicateur budgétaire de 1.
- Provisionner les retraites des fonctionnaires
Inspiré du modèle québécois, le projet vise à provisionner les pensions via un redimensionnement du Fonds de réserve pour les retraites (FRR). Celui-ci serait alimenté par des bons du Trésor à taux fixe, exonérés d’impôts et garantis par l’État. Placés dans un établissement public, ces fonds contribueraient au développement économique. Un concours citoyen de 600 Md€ (équivalent à l’encours du Livret A et LDDS) permettrait de générer une richesse nette de 10 Md€ d’ici 2060, en combinant rendement financier et baisse des dépenses publiques.
- Réduire l’endettement extérieur
Le programme de financement 2025 prévoit 300 Md€ d’émissions nettes. Pour alléger l’engagement financier de l’État, la mobilisation de l’épargne nationale via des livrets réglementés et des bons du Trésor, et l’emprunt direct à la BCE via un établissement de crédit public serait une solution rentable. Juridiquement, cela est possible selon l’article 123-2 du traité de Lisbonne, qui autorise les banques centrales à traiter les établissements publics comme les privés. Cette stratégie permettrait de limiter l’endettement extérieur tout en finançant les investissements publics.
- Repenser la politique de l’offre et créer 700 000 entreprises
Malgré les aides massives (211 Md€ d’après le Sénat), la productivité française stagne (0,85 %/an entre 1990 et 2022). Une réduction de 10 Md€/an sur 5 ans est facilement envisageable en ciblant mieux les subventions : soutien à la R&D, conditionnées au chiffre d’affaires réalisé en France, financement des ETI via la Bourse. Un fonds unique pour les PME/PMI attribuerait des prêts à taux zéro pour créer 700 000 entreprises innovantes par an, favorisant un développement régional équilibré.
Un Fonds régional de développement durable (FRDD) de 80 milliards d’euros sur dix ans permettrait de créer un million d’emplois dans 96 % des 34 449 communes de moins de 9 000 habitants. Activer cette épargne citoyenne via le LDDS mobiliserait en moyenne 8 Md€ par an pour financer la transformation industrielle et le recyclage local, la réhabilitation de logements insalubres et l’implantation de centres de vie intercommunaux (santé, mobilités douces, commerces, services publics). Chaque milliard investi dans ces infrastructures générerait 12 000 emplois directs dans la construction et les services. Pour préserver la confiance des épargnants, un comité de suivi indépendant instaurerait un rapport annuel détaillant les projets soutenus, leurs bénéficiaires et les indicateurs d’impact. Géré par un établissement public à gouvernance paritaire associant citoyens, élus, partenaires sociaux et ministères, le FRDD incarnerait une nouvelle alliance entre acteurs publics et privés, transformant l’épargne populaire en moteur d’emploi durable, de cohésion sociale et de transition écologique, tout en réalisant des économies pour les finances publiques et redonnant vie aux territoires oubliés.
En conclusion. Il vaut mieux mobiliser l’excédent de l’épargne des ménages pour répondre aux défis des budgets 2026 et suivants, via une politique écosociale — écologique, sociale et citoyenne — que recourir à des emprunts bancaires ou à des réductions de dépenses injustes. Cette approche renforce la cohésion nationale, stimule l’économie et respecte les priorités des citoyens.