La Lituanie a été éliminée en demi-finale des championnats du monde par les Etats-Unis, hier soir, en Turquie.
Je ne vais pas développer ici un résumé de la rencontre, n'étant pas un spécialiste, ni un amateur d'ailleurs, de basket. Dans ce pays d'un peu moins de 4 millions, le basketball est roi. Tous les Lituaniens regardent leur équipe nationale,et tous avaient donc les yeux rivés sur leur petit écran, hier soir. Il suffit d'imaginer les rues désertes, y compris dans la capitale - Vilnius, un silence pesant, lié à la tension du résultat, afin d' illustrer leur passion pour ce sport ! L'an dernier, pendant les championnats d'Europe, la Lituanie était passé à côté, terminant à une peu glorieuse onzième place, allant même jusqu'à perdre contre la Pologne, ce qui, foi de lituanien, est une honte absolue ! Hier les Lituaniens les plus optimistes rêvaient sans doute d'écraser les USA, qui pratiquent un basket mêlant show et vitesse, alors qu'eux prônent une rigueur tactique, une discipline et un esprit collectif aux antipodes du jeu pratiqué en NBA. Deux mondes différents. Des valeurs différentes. Ainsi, terrasser l'ogre américain (450 millions d'habitants) aurait été un joli pied de nez. Cela n'est resté finalement qu'un fantasme un peu fou.
Ce n'est pas la première fois que le basket Lituanien se hisse aussi haut dans la hierarchie mondiale. Mais jusqu' à lors, leurs exploits, ils les avaient réalisé aux Jeux Olympiques (qui pour le basket sont d'un niveau encore plus élevé que les championnats du monde). Le premier intervient en 1988, alors que la Lituanie est encore sous le joug de la domination soviétique, même si celle-ci commence à s'effriter. Cette année là se forme le mouvement d'opposition Sajudis ( le "mouvement"), qui devient très vite populaire et se radicalise rapidement. C'est donc dans un contexte d'envie d'indépendance et de sursaut nationaliste (qui se manifeste plus ou moins dans tous les pays de l'est) que l'équipe d'URSS se présente aux JO à Séoul. Dans le cinq majeur, on trouve Arvydas Sabonis, Valdemaras Chomicius, Sarunas Marciulonis, ou encore Rimas Kiurtonis, soit quatre "lituaniens" citoyens de l'URSS. Ils remportent l'épreuve, et ce succès est en grande partie du au talent de ce petit pays balte pour le grand ballon rond. Tous les Lituaniens s'approprient le succès avec fierté, en précisant avec un brin de malice et de provocation que c'est la Lituanie qui a gagné, par l'Empire Soviétique.
Quatre ans plus tard, c'est cette fois-ci la Lituanie indépendante qui se vient défier les plus grandes nations de basket à Barcelone. Ils accèdent en demi-finale avant de perdre contre l'intouchable dream team des Etats-Unis, composée entre-autres de Michael Jordan et de Magic Jonhson. Mais les Lituaniens décrochent finalement la médaille de bronze et leur talent éclate aux yeux du monde entier. Pour les citoyens, la joie est immense, décuplée. C'est la première fois qu'on parle de la Lituanie dans le monde entier avec autant d'éloges !
Dans une période de capitalisme sauvage, de crise économique, ou tout change, ce succès de l'équipe nationale est important. En 1996 et en 2000 ils finiront encore et toujours à la troisième place ! Vainqueurs du championnat d'Europe en 2003, c'est à ce jour leur seul succès international. Mais en 2011, la Lituanie accueille l'Euro de Basket, à domicile. Les Européens pourront se rendre compte que cette nation respire le basket : tous les stades seront remplis, la ferveur sera immense, la vodka coulera à flots. Et les Lituaniens risquent bien d'être injouables !