Non ce n’est pas de la flagornerie. C’est juste. J’ai travaillé pour une revue trimestrielle associative pendant des décennies… J’ai assuré le tirage sur une ronéo à encre (la même que sur cette image, choisie exprès pour le contexte – dans mon association nous faisions de la résistance contre l’exclusion) au milieu des années 80 avant que la revue ne soit imprimée chez un imprimeur et tirée jusqu’à 12 000 exemplaires…. J’en ai assuré le secrétariat de rédaction pendant des années, j’ai écrit des articles, eu ma chronique trimestrielle…. Tout ça en plus de mon travail… Nous étions des militants sociaux et forcément politiques -tout est politique- et nous occupions de milliers de laissés pour compte. L’association avait créé une douzaine de services, d’hébergement et aussi des Ateliers pour permettre aux gens de travailler, un service d’aide aux victimes etc. Nous organisions des conférences mensuelles, un colloque annuel où sont venus des philosophes ou des politiques connus, et des manifestations dans les rues, contre l’extrême droite, contre le racisme ou pour soutenir des causes qui nous importaient… Et cette revue nous permettait de faire connaître notre travail jusque dans les plus hautes sphères de l’Etat, nos revendication aussi, pour plus de justice et de fraternité. Les services du premier ministre de Sarkozy nous avaient supprimé l’exonération du paiement de l’envoi par la Poste et nous avions dû réduire le tirage aux seuls abonnés et donateurs, environ 8000 quand même… C’est dire aussi à quel point nous dérangions… Tout ça parce que nous critiquions sa manière de gouverner, comme nous le faisions pour tous les présidents tout en reconnaissant les avancées, rares, quand il y en avait.
Tout ça pour dire que je sais ce que c’est que de se battre avec des mots quand on est un journal. Nous étions de gauche, en tous les cas nos convictions l’étaient dans une région ancrée à droite… Nous étions fort critiqués politiquement. Nous étions également fort soutenus même si peu de nos lecteurs l’exprimaient clairement -quand on est content et satisfaits on le dit trop rarement- et quand ça arrivait, nous nous en réjouissions. Nous savions alors pourquoi nous prenions des risques.
C’est pour ça que j’écris ça. Que je souhaite à Mediapart et à ses journalistes de garder leur courage, de dire la réalité, de ne pas avoir peur de la dire, de le faire avec professionnalisme parce que ça suppose aussi, parfois -et j’en sais quelque chose- de mettre un mouchoir sur ses convictions personnelles pour respecter tous les lecteurs et le media. Merci d’être à contre-courant des media dits grands et qui sont parfois si petits. Mediapart nous informe. Parfois Mediapart nous saoule… Parfois Mediapart nous crispe. Ça prouve juste que Mediapart est vivant et que nous le sommes aussi. Et c’est quand même le seul journal qui permet à ses lecteurs d’ouvrir un blog pour y déposer des billets et de leur donner de la visibilité en marge des articles de la Rédaction.
Hier soir, comme tous les soirs, le ciel était magnifique. Une promesse pour tous, et pour chacun…
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