« (…)
J’ai les larmes aux yeux de ne pouvoir fournir à mon fils que le strict minimum.
En même temps, je m’estime chanceux que mon fils puisse avoir un bout de pain et une assiette de lentilles. Contrairement à beaucoup d’enfants à peine plus âgés que lui, Walid n’a pas à faire le tour du quartier, une casserole ou une assiette à la main, pour mendier de la nourriture, ni faire la queue devant une des dernières tekiya, les cuisines communautaires, ni devant un point de distribution d’eau, un jerrican ou un sceau à la main. Des dizaines de milliers d’enfants le font tous les jours. C’est cela, une famine.
Il faut que le mot sorte de la bouche d’un Occidental pour que les gens bougent. Je remercie l’Agence France-Presse, c’est grâce à sa tribune que le monde s’est mobilisé. Car, quand c’est un Gazaoui qui le dit, ça ne compte pas. Parce que nous, les Gazaouis, nous ne pouvons pas être journalistes, n’est-ce pas. Ou bien nous sommes pro-Hamas, ou bien nous sommes intimidés par le Hamas — et, de toute façon, on fait de la propagande. Mais quand c’est une agence internationale, c’est fiable. La tribune de l’AFP a lancé le mouvement, et puis il y a eu ces photos d’enfants squelettiques qui ont commencé à circuler. Mais la propagande israélienne continue. Elle inverse toujours la réalité : « Il n’y a pas de famine, c’est le Hamas qui détourne l’aide. » D’ailleurs, tout ce qu’il se passe à Gaza, c’est le fait du Hamas. C’est le Hamas qui tue les gens qui viennent chercher de l’aide aux points de distribution. On n’y distribue pas de l’aide, on y distribue la mort.
Malgré tout, des gens, des médias, continuent à avoir peur d’employer le mot de famine. Il faut leur dire qu’on ne doit pas attendre que tout le monde meure pour dire que la famine est là. C’est la même polémique qu’avec le mot « génocide ». Faut-il attendre que tout le monde soit mort à Gaza pour le prononcer ? (…) » Rami Abou Jamous, Fondateur de GazaPress sur Orient XXI in « La faim justifie tous les moyens »

Agrandissement : Illustration 1

ni les Palestiniens de Gaza ni les otages israéliens ne lisent la presse internationale.
« (…) ni les Palestiniens de Gaza ni les otages israéliens ne lisent la presse internationale. Ils ne savent rien de votre geste. Ils ne savent pas non plus que l’écrivain israélien David Grossman a qualifié de « génocide », la situation à Gaza. (…) « Monsieur le Président, si des sanctions immédiates ne sont pas imposées à Israël, vous finirez par reconnaître un cimetière. Il faut agir maintenant pour que la nourriture et les soins puissent entrer massivement à Gaza. Le 1er août, la France a largué par avion 40 tonnes de nourriture. Quarante tonnes, l’équivalent d’un seul camion, alors qu’il en faudrait 500 tous les jours pendant plusieurs semaines pour casser la dynamique exponentielle de la famine. Ces largages par avion sont dérisoires, humiliants et dangereux.
Vous le savez, seules des sanctions immédiates et concrètes pèseront sur l’opinion publique israélienne et donc sur le gouvernement israélien, pour modifier vraiment la situation. Pour faire cesser la famine, pour un cessez-le-feu permanent, pour la libération de tous les otages, pour la protection des Palestiniens de Cisjordanie, pour sauver Israël contre lui-même.
Dans le Guardian du 29 juillet, 31 personnalités israéliennes (ancien procureur général, ancien président de l’Agence juive, plusieurs Prix Israël…) demandent des sanctions immédiates et « paralysantes » sur Israël. Des sanctions « paralysantes », le mot est fort. Sont-ils « antisémites » ? Sont-ils même « antisionistes » ? Non, ce sont des patriotes, mais ils savent que les gesticulations diplomatiques ne servent à rien face à un gouvernement fasciste qui ne comprend que la force. (…) » Elie Barnavi et Vincent Lemire dans une Tribune sur Le Monde, extrait