« Face à la commission d’enquête anti-LFI, leçon d’histoire de la pensée républicaine ! »
Et pour les sourds et les malentendants… Et parce que c’est fameux… Merci Monsieur.
La laïcité
12’37 « Il faut travailler avec vigilance à l’unité du peuple français. La loi de 1905. C’est notre tâche permanente. L’unité du peuple français. C’est pour ça qu’existe la loi laïque de 1905 qui nous revient à tous, quel que soit notre parti, de la faire vivre dans son intelligence spécifique. La loi de 1905, redisons-le pour ceux qui nous écoutent, ce n’est pas un athéisme d’Etat. La laïcité, ce n’est pas l’interdiction de ceci ou cela. C’est une loi de liberté. Et d’où vient-elle ? De la bataille qui est immédiatement commencée entre catholiques et protestants puisque le roi venait de dieu et de sa décision alors, de laquelle des deux religions procédait de son autorité ? Très vite les rois comprennent qu’ils ne sortiront pas indemnes de cette histoire. Et ils disent « nous sommes les rois de tous les sujets ». Non. Il a fallu le cheminement de deux siècles et dix neufs ans. (…) Pour vous dire que le problème n’est pas nouveau et nous devons tenir compte des enseignements du passé, ayant pour objectif l’unité des Français. (…) »
16’31 « Votre commission a déjà produit les documents qui nous innocentent absolument. Qui ? Les responsables des renseignements du pays que vous avez entendus. J’ai lu les comptes-rendus. Aucun ne dit qu’il y a des liens entre nous et les islamistes. Ils disent même le contraire. (…)
34’ 41 A propos de « l’entrisme islamiste » supposé de LFI et de la vigilance nécessaire à son encontre…
Je commence par balayer les incertitudes. Vous avez donné des exemples d’entrisme, vous appelez ça comme ça, pourquoi pas, aucun ne nous concerne et ne concerne le mouvement insoumis. Et je voudrais que vous compreniez pourquoi ça me paraît difficilement possible que cela ait lieu avec les Insoumis. Il faut comprendre la matrice intellectuelle du mouvement insoumis. Sa matrice essentielle, c’est l’humanisme qui dit que l’être humain est l’auteur de son histoire ; que sur ce plan il a une interconnexion facile avec la pensée de ceux qui croient. Pourquoi ? Parce que les religions attribuent un libre arbitre à l’être humain, disent que c’est par sa décision qu’il fait le bien ou le mal. Dans l’Islam on dit que ce n’est pas dieu qui a fabriqué le mal, ce sont les êtres humains qui font le mal. On dit quelque chose de similaire dans le christianisme, quoique on n’identifie la personne du diable comme un acteur de cette aventure spirituelle. Pour ceux qui n’ont pas de foi religieuse on dira que la conformité avec les principes de la morale qu’on s’assigne crée le bien ou le mal. Donc sur ce plan, on a un terrain commun.
Après on passe à autre chose. C’est l’égalité et la similitude absolue des êtres humains, entre eux. Et là commencent toutes sortes de discussions politiques sur l’étendue des droits et des devoirs de chacun, le principal devoir étant celui de respecter le droit des autres.
C’est la raison pour laquelle le mouvement insoumis, dans ses formations initiales, comme dans celles qu’il fait au fil de l’année, a toujours un compartiment anti raciste et laïque.
Nous avons une école de formation avec des stages régionaux, des stages nationaux, l’un étant un stage national qui dure six mois, dans lequel on vient tous les quinze jours, à une rencontre nationale où le mouvement prend en charge les frais que cela déclenche pour ceux qui y viennent. Dans la formation de base, pour toutes les promotions, toutes, sans exception, les cours sur le racisme et sur la laïcité de l'Etat. (...)
38’29 La question de la laïcité de l’Etat est fondatrice pour nous, pour éviter qu’on vienne à réclamer à l’Etat des mesures qui protègent telle ou telle chose. Nous passons notre temps à expliquer que la liberté républicaine est une liberté absolue. Par exemple : il y a dans notre pays, la liberté d’interruption de grossesse, mais personne n’est obligé d’avorter. Personne. Mais celles qui veulent le faire peuvent le faire, parce que la loi le permet. (…)
L’islamophobie
59’ Ceux qui se font un nœud au cerveau en disant que combattre l’islamophobie mène à l’antisémitisme, pardon, ce sont des gens vraiment très préoccupés dont je respecte la complexité de pensée, mais je ne vois pas le lien entre les deux. Par contre ce que je peux vous dire c’est que le mot « islamophobie » est un mot international qui donne lieu, tous les ans, à l’initiative de l’ONU à une journée de lutte contre l’islamophobie. Le 25 mars. Par conséquent, je me sens libre de l’utiliser. Et je l’ai utilisé bien avant de m’apercevoir que l’ONU l’utilisait, parce que dans « la haine des Musulmans »… Pour ma part je hais les nazis. Et je n’ai pas l’intention de changer d’avis Je pense que la plupart d’entre nous en sommes au même point. Je hais les nazis, c’est une haine que je trouve saine et que j’essaie de transmettre à d’autres. Le mot haine n’est pas bon. Islamophobie, ça parle bien. Parce qu’il y a islam et il y a phobie. Phobie, c’est quelque chose qui échappe à la raison. Qui est de l’ordre de la déraison. (…)
1h01 Récemment il a été décidé que ceux qui étaient contre le sionisme seraient des antisémites. Ça n’a rien à voir. Pour plein de gens, le sionisme est un point de vue politique et l’antisémitisme est un point de vue raciste. Donc ça n’a rien à voir. On peut être antisioniste sans être raciste. On peut être sioniste, sans être pour autant anti ceci ou anti cela. (…)
L’antisémitisme est une réalité à combattre. De même que l’islamophobie est une réalité à combattre. »
1h07 « On m’avait fait un reproche similaire, au moment de la manifestation du 10 novembre. Il y a eu une attaque, à la mosquée de Bordeaux, deux pauvres papés qui sortaient de la mosquée se prennent des coups de fusil, et que se passe-t-il ? Rien. C’est à cire pas la moindre trace de mobilisation. Des organisations décider d’appeler à une marche, et après moultes discussion pour savoir si on y va ou pas, qui appelle ou pas, on décide d’y appeler parce que on se sent en sympathie et en adhésion avec la masse considérable de gens qui s’est révélée présente le jour de cette manifestation le 10 novembre. Et comme il s’est trouvé dans la manifestation il y a quelqu’un qui a crié un slogan qu’est-ce qu’on y pouvait. Une personne crie « dieu est grand », ma foi… Déjà c’est un problème d’aller lui dire qu’on n’est pas d’accord, parce qu’il en a en effet qui pensent que dieu est grand, et peu importe la langue dans laquelle on le dit et d’autres qui pensent que ce n’est pas le moment... Bref. On n’en finirait plus. Je veux en finir. On me l’a reproché des dizaines de fois. Pourquoi ne l’a-t-on pas reproché aux autres appelants : ATTAC, la CGT, FSU, la Ligue des Droits de l’Homme, NPA, Europe Ecologie les Verts. Pourquoi ? Parce que c’est absurde. Nous étions tous là. Nous sommes tus de gauche, laïcs. Et à la fin on chanta la Marseillaise, sur la place. Et moi je regrette de ne pas être resté jusqu’à la place. » (…)
L’antisémitisme
1h11 J’ai une vie qui témoigne pour moi. Vous n’étiez pas née que j’étais déjà en train d’aider des Juifs à quitter l’URSS. Alors que j’étais pro communiste. J’ai passé mon existence à mener ces batailles-là. (contre l’antisémitisme ndlr). Ce n’est pas le sujet de la Commission. Invitez-moi et je viendrai vous expliquer en quoi consiste la bataille contre l’antisémitisme que nous menons. Car nous la menons. Les statistiques ont une grande importance et c’est pour ça que j’aimerais que l’Etat, le ministère de l’Intérieur, établisse des statistiques. Et pas les organisations associatives liées aux différentes communautés. Nous avons besoin de savoir exactement où nous en sommes. S’il n’y avait qu’un seul crime, on serait contre. Lorsque Madame Mireille Knoll a été assassinée dans les conditions dont vous vous souvenez sans doute, nous (j’étais président du groupe) appelâmes à la marche qui devait se faire. Tous les groupes ont signé. Nous nous y sommes rendus. Nous avons téléphoné la veille, pour prendre nos précautions, auprès du CRIF pour leur demander d’assurer notre sécurité. Il nous a dit qu’il ne pouvait pas le faire Nous sommes venus quand même. Nous avons été agressés par une organisation juive qui est considérée comme terroriste en Israël comme à New York. E qui a couvert d’insultes les femmes qui étaient parmi nous. Et qui nous a agressés. Personne ne nous a défendu ce jour-là. Qu’ai-je dit à la sortie ?
Je ne confonds pas quarante illuminés et je veux que chaque juif, du plus modeste village de ce pays sache que s’il a un problème, il aura des Insoumis à ses côtés pour le défendre.
Nous n’avons aucune raison de faire quelle que concession que ce soit.
J’ai vu qu’on dit que ce serait par clientélisme… Qu’est-ce que cette histoire ? Vous vous figurez que les Musulmans sont clients de politique antisémite ? C’est une vision raciste des Musulmans. Non, ça n’existe pas. Et croyez-vous qu’ils soient sensibles à autre chose quand ils m’écoutent, -part mon art de parler- Ce sont des gens munis d’un cerveau et ils entendent des revendications sociales avec lesquelles ils se retrouvent. Pourquoi ? Parce qu’il se trouve que les Musulmans, à cette étape de notre histoire font partie des catégories sociales qui ont commencé à la première marche et maintenant ils sont en train de monter à toute vitesse. Gloire au peuple français ainsi composé. » (…)
1h16 « Il y a une liberté universitaire depuis Robert de Sorbon, ça date du 6ème siècle. C’est vous dire que ça fait un moment que dans ce pays, dans les Université, on raconte ce qu’on veut. J’exagère peut-être un peu avec la date de Robert de Sorbon, mais c’est comme ça. Je vous dis ça parce que M. Théry c’est un enseignant. Et voici qu’on a trouvé une porte d’entrée pour commencer la chasse d’un enseignant du Supérieur que l’on prendrait en défaut. Qu’est-ce qu’il a fait. Il a pris une liste de gens qui ont signé une tribune et il cite les signataires. Il y a aussi un curé. Comme Juif on fait mieux qu’un curé. Et il dit que ceux-là, il faudrait se rappeler qu’ils soutiennent le génocide. Est-ce que c’est une bonne idée de faire ça ; il n’a pas été prudent. Parce qu’aujourd’hui il suffirait de citer un seul nom pour que ça déclenche une affaire… Il a critiqué une tribune et j’ai défendu cet homme. Et je vous préviens, je vais défendre tous ceux qui à l’Université, auront des points de vue iconoclastes. Cet enseignant n’est pas antisémite. Ne l’a jamais été et ne le sera jamais. Si vous me prouvez le contraire, je serai le premier à vous donner raison et à aller lui dire que je change d’avis. » (…) Jean-Luc Mélenchon
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