C’est un roman tout en étant une petite encyclopédie politique, ou un très gros résumé, comme on veut. Ou encore une boîte à outils... Et surtout un appel à la résistance. Moi j’ai appris des choses, même si c’est un roman. Ailleurs que dans ce roman, je n’aurais pas appris tout ça… Il y a du suspense, beaucoup, jusqu’au bout. La vraie vie aussi, avec un homme qui doute voire qui désespère et renaît, à mon avis pas seulement grâce à son engagement politique… Mais bon, ce n’est que mon opinion.
L’histoire commence le 15 mars 2025 et se termine au 1er mai… Le prochain mai 25 qui sentirai bon 68 ?
Je ne connaissais pas l’auteur, Michel Levy, je n’avais rien lu de lui. Dans le livre il s’appelle Viktor qui dit qu’il a écrit dans un autre livre et je cite : «
« Mes récits s’inscrivaient dans la réalité, celle de l’humanité sur laquelle une classe et ses commis, fraction infime en nombre, régnaient de droit et de fait, perpétuant leur pouvoir par tous les moyens, corruption, tromperie, propagande, violence – y compris tortures et exécutions arbitraires perpétrées par des gouvernants se prévalant de démocratie. J’avais évoqué la possible construction d’une résistance conduite par tous ceux qui, de langues et de cultures diverses, plus ou moins instruits, plus ou moins intelligents, plus ou moins courageux, ne renonceraient jamais à établir une société réellement humaine où la vie de chacun vaudrait autant que toute autre. Je me concédais le mérite minuscule d’avoir, dans mon étroit domaine, agi comme je devais, même si j’avais déguerpi devant les dangers, affaiblissant là même la portée éventuelle de mon effort.
Mon dernier roman avait été un peu plus qu’une fiction, même si le mot de manifeste dans le titre relevait de la licence poétique. Le récit traçait implicitement les contours et la carte, grossière encore, d’un territoire où nos aspirations communes se retrouveraient, et évoquait la bataille pour un avenir dont l’accès avait été barricadé, interdit, et le resterait jusqu’à ce que les forces de l’humanité ouvrent le passage. Je conservais la certitude que l’idée collectiviste et le tropisme vers une telle société étaient innés en l’homme et indéracinables, que cette aspiration participait du caractère unique de notre espèce qui avait depuis des millénaires cherché par la solidarité à s’émanciper de ses instincts prédateurs. Même si après plusieurs siècles d’usurpation et de mensonges certains mots semblaient vidés de leur contenu, leur sens réel demeurait. Mes personnages se battaient, tiraient et tuaient, sans autre recours contre un adversaire disproportionné qui sans aucun scrupule, au mépris des lois et des vies humaines, écrasaient les résistants. L’enjeu, la rançon du sang versé, était de refuser à tout jamais qu’un seul homme mourût de privations aux portes des palais où d’autres festoient et se gorgent de richesses. » in « Sonia ou L’avant-garde », p161.
Perso je ne militerai jamais dans aucun parti politique de gauche, je l’ai déjà écrit. Les partis politiques sont des organisations humaines, donc imparfaites. En plus elles ont des chefs. Et si j’ai bien compris, quand on est dans un parti, on lui est fidèle. Au parti ? Au chef ? Je n’ai jamais supporté les chefs. Les sans rien, les sans papier, les sans grade, les sans seront à tout jamais mes seuls chefs, les seules personnes que j’aime servir. Du concret, la vraie vie des gens comme exemples, pour jeter les mots importants à la tête de ceux qui ont le pouvoir et ne font rien. C’est comme ça que moi j’aime résister. Plus que jamais la gauche doit s’unir pour être plus forte que tous les autres. Ce sera ça, comme aux dernières législatives, ou rien.
Le livre de Michel Levy est bien plus qu’un livre. C’est un appel aux humains pour qu’ils se rassemblent, pour qu’ils résistent ensemble, à ce qui se prépare. Ceux qui décident, nous l’avons tous compris, se fichent bien du sort des peuples. Et encore plus de ceux qui n’ont même plus la force de se défendre… Nos sorts sont liés.
Dans son livre il y a aussi le beau texte tout à fait actuel, que Bertholt Brecht adresse
«
Aux hésitants
Tu dis :
Pour nous les choses prennent un mauvais pli.
Les ténèbres montent. Les forces diminuent.
Maintenant, après toutes ces années de travail,
Nous sommes dans une situation plus difficile qu’au début.
Et l’ennemi se dresse plus fort qu’autrefois
On dirait que ses forces ont grandi. Il paraît désormais invincible.
Nous avons commis des erreurs, nous ne pouvons plus le nier.
Nous sommes moins nombreux.
Nos mots sont en désordre. Une partie de nos paroles
L’ennemi les a tordues jusqu’à les rendre méconnaissables.
Qu’est-ce qui est faux dans ce que nous avons dit,
Une partie ou bien le tout ?
Sur qui pouvons-nous compter ?
(Sommes-nous des rescapés, rejetés
d’un fleuve plein de vie ? Serons-nous dépassés
ne comprenant plus le monde et n’étant plus compris de lui ?)
Aurons-nous besoin de chance ?
Voilà ce que tu demandes. N’attends
pas d’autre réponse que la tienne. » B.B. 1933
J’ai mis les trois lignes entre parenthèses puisque l’auteur ne les a carrément pas publiés et je me suis demandé pourquoi, parce que j ‘ai bien compris après avoir lu le livre, que l’auteur décide et assume tout ce qu’il publie… Et s’il les a laissées de côté, c’est qu’il sait lui -et pas moi- pourquoi.
Qu’est-ce qu’on attend pour l’inviter aux micros pour qu’il parle à tous de sa vision de la résistance quand le péril est imminent ?
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