« — Papa regarde, il y a un hélicoptère au-dessus de nous
— Oui, Walid, j’ai vu. C’est joli.
— Non, papa, c’est pas pour les parachutes, c’est pour les tartifices [feux d’artifice].
— Oui, mais même les tartifices, c’est joli, non ?
— Papa, ces tartifices font mal. Ils détruisent des maisons. Regarde ce qu’ils ont fait la dernière fois. Ils ont détruit des maisons.
— Mais non Walid, là, ce n’est pas des destructions de maisons, c’est des feux d’artifice. C’est une erreur.
— Non, papa, je vais appeler la police. Il faut qu’ils arrêtent les tartifices.
Voilà l’échange que j’ai eu avec mon fils Walid l’autre jour. Depuis quelque temps, des drones et des hélicoptères tournent au-dessus de nous, on les voit très bien de notre neuvième étage du centre de Gaza-ville, un des rares immeubles à être restés debout. Alors qu’on discutait, un missile était parti d’un des hélicoptères dans un sifflement. Nous l’avons vu détruire une partie d’un immeuble à quelques centaines de mètres du nôtre.
C’est ce que Walid appelle, dans son français enfantin, des « tartifices ». Depuis le début de la guerre, je lui ai fait croire que les missiles et les bombes n’étaient que des feux d’artifice. Mais à l’approche de ses quatre ans, il commence à comprendre que ces « feux d’artifice » peuvent être dangereux, et que les hélicoptères ne sont pas là pour parachuter de l’aide humanitaire, comme l’avaient fait des avions au début de l’invasion israélienne. C’est pour cela qu’il voulait appeler la police : cet hélicoptère n’utilisait pas bien les feux d’artifice, il s’en servait pour détruire des maisons. Walid sort petit à petit du monde imaginaire que j’avais créé pour lui, pour lui éviter la réalité mortelle que nous sommes en train de vivre. (…) Rami Abou Jamous -Journal de bord de Gaza- Lire la suite sur ORIENT XXI

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