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Billet de blog 10 octobre 2021

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Théorie de l'Intertexte (au-delà du roman)

Barthes disait, avec ironie, que "la critique est la seule forme connue en France d'une théorie de la littérature". Et Althusser affirmait que "la littérature ne peut pas supporter l'idée d'une théorie de la littérature (c'est-à-dire, d'une connaissance objective) capable de changer sa pratique conventionnelle". Voici une suite possible à leurs réflexions.

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Illustration 1
Couverture

En cette nouvelle rentrée littéraire 2021, aussi romanesque que toujours  (plus de cinq cents romans), peu de place est accordée à la réflexion sur la littérature elle-même. Pourtant, elle est indispensable.

Si nous laissons de côté le formalisme russe, c'est en France que nous trouvons les mouvements les plus  importants pour critiquer et tenter de dépasser le roman comme forme narrative. Le surréalisme, le Nouveau Roman et le roman Tel Quel montrent l'intérêt des écrivains français pour le renouveau d'un genre littéraire qui, selon la formule du théoricien russe Mikhaïl Bakhtine, s'impose en maître sur tous les autres genres depuis des siècles. La force de son influence dans la littérature narrative pourrait être comparée à l'influence de la théorie de la gravitation universelle dans la physique classique. Ou à celle de la psychanalyse dans la psychologie contemporaine. Ou, encore, à celle du capitalisme en tant qu'organisation économique fondamentale de notre société. Comment expliquer cette puissance séculaire ? C'est très simple : notre fonctionnement psychique est romanesque, notre civilisation est romanesque. Le roman n'est que le produit de notre psyché dans son état actuel de développement, dialectiquement en phase avec notre civilisation.  Et cela explique en même temps son magnétisme et l'immense difficulté de son dépassement.

En effet, toutes les tentatives pour aller au-delà de sa forme ont échoué. Le roman surréaliste à la Breton (Nadja), le nouveau roman à la Robbe-Grillet (Les Gommes) ou le roman telquelien à la Sollers (Nombres) correspondent à de nouvelles modalités romanesques, certes, mais ces modalités restent toutes à l'intérieur des limites du roman. Même Roland Barthes, qui en rédigeant sa Théorie du texte montre le chemin pour sortir du romanesque, n'arrive pas à franchir définitivement ses limites. Bien entendu, cela est dû non à des maladresses scripturales ou à des faiblesses de l'intellect, mais aux positions et aux perspectives prises par la conscience des écrivains, inéluctablement conditionnée par l'époque où ils sont nés. 

En ce début du troisième millénaire, plusieurs phénomènes ouvrent de nouvelles perspectives dans le monde des lettres. La révolution cybernétique, l'avènement de l'écriture électronique et d'Internet sont en train de changer la littérature, en particulier la littérature narrative, tributaire de l'imprimerie jusqu'à la fin du XXe siècle. Car le lien entre la littérature et la technique qui la soutient est indiscutable. C'est ce que j'essaye de démontrer, parmi d'autres faits décisifs, dans la Théorie de l'Intertexte. Pour cela, suivant la pensée de Bakhtine et celle de Barthes, j'ai recours non à la présentation conventionnelle d'une théorie lisse, monotone, uniformément divisée en chapitres, sous chapitres, incises, etc., et encadrée dans des normes plutôt scolastiques et ennuyeuses, mais au discours fragmenté, souvent parodique, ironique, parfois en apparence décalé, elliptique par rapport au sujet principal. Et aussi à la fiction (Barthes parlait de "l'essai-roman"). Ceci est d'autant plus justifié que l'Intertexte n'est, en tant que genre narratif post-romanesque, que la suite… du roman.

 Ce qui me différencie des théoriciens du roman comme Bakhtine, Wolfang Kayser, Barthes, etc. (strictement "théoriciens", sauf Barthes) c’est  que toute ma démarche théorique est postérieure à mon œuvre de fiction, qui la précède comme "matière à théoriser". Ma théorie est une conséquence, un produit de la fiction en action dans la pentalogie Les Phases de la Guérison et dans le cycle socio-politique de mon travail (Œdipe Rouge, Madre/Montaña /Jazmín, etc.), cycles de plusieurs milliers de pages développés tout au long de cinquante ans d'écriture,  principalement en français et en espagnol et ouverts au plurilinguisme.

Question qu'on me pose souvent : c'est quoi l'Intertexte? La réponse, multiforme, est détaillée dans la Théorie de l'Intertexte. Essentiellement : dans le roman,  la conscience se soumet à la fiction, avec toutes les déconvenues que cela implique. Dans l'Intertexte, la fiction se soumet à la conscience...

(Théorie de l'Intertexte. Introduction.)

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