Depuis la venue de l’ambassadeur de Cuba à Guingamp pour rencontrer les élus locaux démunis face à la casse de l’hôpital public le déploiement éventuel de médecins cubains à l’hôpital de Guingamp est un sujet de débats passionnés.
Beaucoup d’encre a coulé, et notre hôpital public a été replacé ainsi au cœur du débat.
Cependant, malgré les démarches du Président de l’Agglomération de Guingamp-Paimpol Vincent Le Meaux, le gouvernement garde le silence, ou ne se prononce pas concrètement sur cette question-là.
Pourtant pas une semaine ne se passe sans qu’une commune de Bretagne ou d’autres zones de tension sanitaire viennent vers les élus Guingampais pour en savoir plus sur un déploiement éventuel de médecins cubains. Par trois fois des députés ont interrogé le gouvernement sur cette possibilité. Ces questions sont passées inaperçues et restent sans réponse.
Leurs interventions s’appuient sur l’expérience qui a permis de faire venir en Guadeloupe, Martinique ou Guyane des médecins de Cuba en 2020, pendant la crise du COVID 19, à un moment où le système de santé français était dépassé. L’idée est que l’article L. 4131-5 du code de santé public ayant permis la venue des médecins cubains et qui est valable jusqu’en décembre 2025 soit utilisable en métropole.
Cette dernière information est importante : l'article L. 4131-5 du code de la santé publique prévoit un dispositif dérogatoire de recrutement de praticiens ne remplissant pas les conditions de nationalité et de diplômes normalement applicables (et Cuba n’est pas dans la liste des nationalités normalement applicables à l’article Article 4111-1 ou figurent ces conditions), dans les territoires spécifiques de Guyane, Martinique, Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy et à Saint-Pierre-et-Miquelon. Il y est écrit en toutes lettres que les autres territoires en sont exclus.
Modifier le code de santé publique ? Oui, voila comment il faut faire.
Il suffit donc dans le décret d'application de cet article L. 4131-5 d'étendre cette possibilité en métropole dans des zones sous tensions sanitaires à définir sur la base de critères sociaux objectifs (nombre de médecins généralistes par habitant, taux de chômage, nombre de bénéficiaires des minimas sociaux, de suicides, de familles monoparentales, revenu moyen, ruralité, éloignement des services publics, peu d'accès à la mobilité, nombre de logements indignes) et le tour sera joué. Guingamp-Ville la plus pauvre de la Région Bretagne- et son territoire cocheront forcément toutes les cases.
Ces procédés sont utilisés pour déterminer les quartiers prioritaires en politique de la ville, pour les classer en « territoires de veille active », ou encore pour déterminer des biais de régulation différenciées sur la politique de logement (les fameuses « zones tendues »).
Il faut savoir être à la fois humble et innovant pour garantir l’accès au soins pour tous et toutes. Pourquoi ne pas définir des Zones de Tensions Sanitaires et y déployer des médecins cubains pendant 5-7 ans pour empêcher la fermeture des services publics qui serait définitive ? Le taux de rémunération des médecins cubains déployés en Calabre (dans l’Union Européenne dans une collectivité gérée par la droite !) en ce moment même n’est pas sensiblement différent de celui des milliers de médecins PADHUE (Praticiens à Diplôme Hors Union Europénne) œuvrant avec des contrats très précaires dans les hôpitaux de l’Hexagone.
De nombreuses collectivités locales de Bretagne et de France ont noués des partenariats de coopération avec Cuba dans de nombreux domaines. La France s’associe à l’ONU à toutes les demandes de levées des sanctions que subit Cuba.
Ce serait simple et pragmatique, 5 à 7 ans c’est le temps prévu pour que le nombre de médecins formés dans l’Hexagone reparte à la hausse.
Gael Roblin Conseiller Municipal de la Ville de Guingamp le 28 mars 2024.