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Billet de blog 9 octobre 2015

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Pour en finir avec les raisonnements simplistes sur les Blancs, les Noirs et l’identité "raciale"

La sortie de Nadine Morano au sujet d’une France de « race blanche » ne sera pas passée inaperçue. Les réactions ont en effet été nombreuses depuis que la députée européenne a explicité sa représentation obsolète de l’identité française, tout en s’empressant, pour légitimer ses propos,  d’en attribuer la paternité au général de Gaulle. Cette sortie relance non seulement la question lancinante de l’identité nationale, mais elle invite également à redire que l’angle de la race n’est manifestement pas le plus judicieux pour l’appréhender.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La sortie de Nadine Morano au sujet d’une France de « race blanche » ne sera pas passée inaperçue. Les réactions ont en effet été nombreuses depuis que la députée européenne a explicité sa représentation obsolète de l’identité française, tout en s’empressant, pour légitimer ses propos,  d’en attribuer la paternité au général de Gaulle. Cette sortie relance non seulement la question lancinante de l’identité nationale, mais elle invite également à redire que l’angle de la race n’est manifestement pas le plus judicieux pour l’appréhender.

Dans cette tribune, je rappelle comme d’autres avant moi que le concept d’identité raciale est peu fondé d’un point de vue biologique et apparaît avant tout comme une construction socioculturelle. Je souligne en outre que si l’identité raciale a une réalité quelconque, elle désigne une dimension complexe et plastique de l’identité personnelle, se jouant selon plusieurs composantes et pouvant évoluer au fil d’une existence. Dans ce contexte, je soutiens que de nombreuses personnes perçues comme noires ou blanches par les « analystes » comme Nadine Morano affichent en réalité un profil « transracial » ou « transethnique », présentant des caractéristiques – génétiques, morphologiques et culturelles – qui les rattachent à des groupes «ethnico raciaux » distincts.

Pour mieux défendre cette idée, je reviens sur l’affaire Rachel Dolezal qui a récemment mis l’Amérique en émoi et a invité les intellectuels à s’interroger, une fois de plus, sur les fondements d’une identité « raciale » singulière, à savoir l’identité noire. Le détour par un autre pays et une autre « race » permettra de mieux appréhender l’indigence de toute analyse racialisante et simpliste à l’heure de penser les individus complexes qui constituent une nation.

Retour sur l’affaire Rachel Dolezal, et sur la supposée coupure radicale entre Noirs et Blancs

En juin dernier, de nombreux journaux consacraient des articles retentissants à l’histoire de Rachel Dolezal, une jeune femme blanche s’étant longtemps fait passer pour une Noire, et étant devenue, au fil des années, une ardente militante pour les droits des Noirs dans l’Etat de Washington, aux Etats-Unis. Si les parents de Rachel, qui avaient dénoncé leur fille, considéraient manifestement que celle-ci avait fait quelque chose de mal – d’après un article paru dans LeFigaro.fr (12 juin 2015), ils étaient « soucieux de rétablir la vérité » – les réactions outre-Atlantique paraissaient mitigées. Selon Tamara Winfrey Harris, auteure d’un article publié dans l’édition électronique du New York Times (16 juin 2015), certains se seraient saisis du fait divers pour rappeler l’absence de fondement du concept de race. D’autres, pourtant, auraient reproché à Rachel d’avoir usurpé l’identité d’une autre et de s’être par conséquent rendue coupable d’une supercherie irrévérencieuse.

Les personnes pensant qu’il existe une différence nette entre les Noirs et les Blancs auront sans doute considéré que les errances identitaires de Rachel Dolezal étaient au mieux particulièrement préoccupantes, au pire absolument scandaleuses. Les plus indulgentes auront en effet pensé que la jeune femme souffrait de graves troubles psychiatriques ; les plus intransigeantes auront condamné sans détour une malhonnêteté viscérale qui s’était traduite, au fil des années, par une série de mensonges éhontés. Pour ces dernières, la distinction entre Noirs et Blancs est si claire, si limpide, que la Rachel qui prétendait être noire n’était qu’une affabulatrice ayant le front d’imiter les membres d’une communauté dont elle ne fait objectivement pas partie.

Les personnes pensant que le concept de « race » est hautement problématique, voire résolument archaïque, auront pour leur part sans doute été interpelées par le comportement de Rachel. Au lieu de crier à la duperie ou de se désoler du supposé déséquilibre psychologique de la jeune femme, un peu comme on condamnerait ou plaindrait un individu voulant changer de sexe, ces personnes auront vraisemblablement trouvé dans cette histoire une formidable opportunité de s’interroger sur l’épineuse question de l’identité dite « raciale » et sur ses fondements.[1]

Le conflit entre identité « raciale » vécue et identité « raciale » perçue 

Dans un article paru sur le site LeMonde.fr (17 juin 2015), on peut lire que Rachel s’identifie à une personne noire depuis sa plus tendre enfance : « Je dirais que cela a commencé vers l’âge de 5 ans. Je me dessinais avec un crayon marron, pas un crayon couleur pêche, avec des cheveux noirs bouclés. » Lorsque l’interviewer lui présente une photo d’elle à 16 ans, cheveux blonds et peau claire, elle concède que la jeune fille sur le cliché est « identifiable en tant que blanche par ceux qui la voient ».

Ces quelques commentaires, pour peu que l’on prête un soupçon de sincérité à Rachel, apparaissent comme les indices flagrants d’une identité ambivalente. Ils suggèrent en effet l’existence d’un hiatus entre l’identité « raciale » vécue de Rachel et celle qui lui est assignée par le reste du monde. Autrement dit, si la jeune femme est classée sans difficulté dans la catégorie des Blancs par la société tout entière, elle se représente quant à elle comme une femme noire. Comment expliquer ce décalage a priori saugrenu entre identité vécue et identité perçue ? Que suggère-t-il concernant les fondements l’ « identité raciale » ?

L’ambivalence identitaire prêtée à Rachel n’est en réalité pas étrangère aux Américains qui, étant nés dans des familles noires, ont la peau si claire qu’ils sont rangés sans détour par les personnes qui les rencontrent dans la catégorie des Blancs. L’existence de ces Noirs-dans-des-peaux-de-Blancs, aux Etats-Unis, résulte de la politique du « one drop », en vertu de laquelle une personne ayant des ancêtres afro-américains, principalement arrivés en Amérique en tant qu’esclaves, est automatiquement considérée comme noire. Une telle politique ne peut mener, dans les faits, qu’au développement d’une communauté noire dont les membres offrent tout un nuancier de couleurs ; elle ne peut aboutir qu’à l’existence d’une communauté noire dont le nom ne reflète que très partiellement les traits distinctifs des personnes qu’elle rassemble.

Les arts offrent de nombreux exemples de conflits identitaires trouvant leur fondement dans l’inadéquation entre une combinaison de traits et des origines « raciales ». Dans J’irai cracher sur vos tombes, Boris Vian met en scène un personnage à l’identité ambiguë. Né de parents afro-américains, Lee Anderson se vit comme un Noir tandis que sa couleur claire lui vaut d’être perçu par le reste du monde comme un Blanc. Le réalisateur Douglas Sirk, dans le Mirage de la vie, aborde également le sujet des Noirs-dans-des-peaux-de-Blancs à travers le personnage de Sarah-Jane. Sarah-Jane, dont la tendre maman est noire, apparaît comme une jeune femme blanche à ceux qui croisent son chemin. Au-delà de la fiction, des cas comme ceux de l’écrivain John P. Davis ou de Walter F. White attestent de la réalité des Noirs à la peau claire aux Etats-Unis. En France, on trouve également de nombreuses personnes dont les origines africaines ou caribéennes sont devenues imperceptibles compte tenu de la diversité de leur ascendance.

S’il est généralement admis que l’identité raciale est une identité perçue, les cas évoqués montrent que cette perception est susceptible de varier d’un individu à l’autre, d’être différente pour l’individu considéré et pour ceux qui posent leur regard sur lui. Comment statuer, dès lors, sur l’identité raciale des Noirs-dans-des-peaux-de-Blancs ? Ces personnages à l’identité ambiguë sont-ils noirs ou blancs ? Répondre à cette question n’est manifestement pas une affaire aisée…

Cependant, d’aucuns objecteront que tous les cas évoqués ici ne sont pas équivalents. Ils affirmeront que l’histoire de Rachel n’a rien de commun avec celle de Lee Anderson ou de Walter F. White.  Ils feront valoir que contrairement à ces derniers, Rachel n’est pas née de parents noirs et qu’elle n’a par conséquent aucune raison légitime d’avoir le sentiment d’appartenir à la communauté noire. Ils feront valoir, en d’autres termes, que l’ambivalence entre identité vécue et identité perçue est dénuée de tout fondement chez la jeune femme, dès lors que cette dernière ne peut se prévaloir d’aucune ascendance africaine.

Les fragiles fondements biologiques de l’identité « raciale »

Un tel raisonnement repose sur la thèse selon laquelle l’identité « raciale » est une propriété essentielle et permanente, une propriété conférée par le lignage des ascendants et immune au contexte dans lequel un individu évolue. Il repose, en d’autres termes, sur la thèse selon laquelle l’identité raciale est avant tout une identité biologique qui serait déterminée par la possession de quelques gènes et qui s’exprimerait, la plupart du temps, dans un ensemble de traits (couleur de peau, etc.). De même que l’on naît homme ou femme, on naît noir ou blanc et l’identité raciale, comme l’identité sexuelle, est inscrite de façon indélébile dans quelques marqueurs biologiques.

Pourtant, les fondements biologiques de l’identité raciale apparaissent, et cela de longue date, comme particulièrement fragiles. Tout d’abord, il est douteux que les membres du groupe auquel Rachel a prétendu appartenir soient indentifiables, dans leur intégralité, par un ensemble de traits distinctifs. Le cas des Noirs-dans-des-peaux-de-Blancs illustre l’ineptie d’une croyance dans l’existence de traits partagés par l’ensemble des membres d’une communauté, y compris lorsque le nom de cette communauté renvoie à l’un de ces traits, à savoir le taux de mélanine présent dans la peau. Si les différences entre les Noirs et les Blancs ont été bien décrites par les artisans des théories raciales du XIXe siècle (voir notamment Gobineau), on sait aujourd’hui que les mélanges de populations, qui sont très anciens, sapent les fondements d’une catégorisation phénotypique décisive.

Par ailleurs, et plus généralement, on connaît les limites de l’exercice qui consiste à classer les individus en vertu d’une certaine combinaison de traits ou de gènes statistiquement associés à ces traits. En effet, s’il est tout à fait possible de faire apparaître un groupe de Noirs en sélectionnant un ensemble particulier de marqueurs, il est également aisé de constituer de nombreux autres groupes en retenant une combinaison différente. Dans un ouvrage faisant l’Eloge de la différence, le généticien Albert Jacquard écrit au sujet la classification biologique des êtres humains :

« L’accumulation de données nouvelles de plus en plus précises, leur traitement par des procédés de plus en plus complexes n’aboutissent qu’à rendre plus difficile le classement des diverses populations composant notre espèce. La vision si claire des  géographies de  notre enfance, les Blancs, les Jaunes, les Noirs, est maintenant brouillée ; aucune ligne directrice ne se dégage plus.» (p. 107)

Pour rendre son propos plus concret, le généticien présente l’exemple de deux traits statistiquement corrélés à des gènes particuliers – la couleur de la peau et les systèmes sanguins – et indique que ces traits ne permettent pas de dessiner les mêmes groupes humains.

« Bien sûr, mon ami Lampa, paysan Bedick du Sénégal est très noir et je suis à peu près blanc, mais certains de ses systèmes sanguins sont peut-être plus proches des miens que ceux de mon voisin de palier, M. Dupont. Selon le critère de comparaison que je retiendrai (nous soulignons), la distance entre Lampa et moi sera plus grande ou plus petite que la distance entre M. Dupont et moi. » (p.108)

On entrevoit alors l’obsolescence manifeste d’un concept d’identité « raciale » principalement fondé sur des considérations biologiques, des considérations de « bon sens », selon certains. S’il est vrai que les personnes originaires d’un même lieu géographique partagent parfois quelques marqueurs génotypiques ou phénotypiques, considérer que ces marqueurs sont plus légitimes que d’autres pour dessiner des groupes humains absolument plus pertinents que d’autres – notamment des groupes « raciaux » – relève manifestement de l’arbitraire.  

Finalement, si l’identité « raciale » a une réalité quelconque, elle ne peut reposer avant tout sur des considérations biologiques. L’adjectif « racial », avec ses allures biologisantes, paraît trompeur à l’heure de réfléchir sur l’identité noire qui aurait été usurpée par Rachel, ou, pour revenir au cas français, sur l’identité blanche qui serait la quintessence de la nation française. Dans ce contexte, il paraît plus raisonnable de réfléchir en termes d’identité « ethnique », sachant que cette dernière englobe, au-delà de l’aspect biologique, une dimension socioculturelle, dimension que l’on sait déterminante dans la construction de tous les aspects de l’identité personnelle.

Des gènes à la culture, en passant par les traits : les trois composantes d’une identité «ethnique » complexe et plastique

Les éléments développés jusqu’ici invitent à penser qu’une identité « ethnique » telle que l’identité noire ne peut se résumer à la possession de quelques gènes et de quelques traits, et que la classification des individus dans des groupes distincts ne peut être une question de « bon sens ». Ils invitent plus précisément à considérer que la construction de l’identité « ethnique » est un processus complexe qui se joue selon plusieurs composantes, et à se demander si ces composantes sont nécessairement réunies chez un individu donné, aux Etats-Unis comme en France.

La première composante de l’identité ethnique est génétique, chaque individu possédant un ensemble de gènes qui confèrent des indices sur l’origine géographique de ses ancêtres. La seconde est phénotypique ; elle ne concerne que les traits physiologiques et morphologiques observables chez tout un chacun. Enfin, le contexte culturel et social joue indubitablement un rôle prépondérant dans la constitution de l’identité « ethnique », si l’on admet que cette dernière, comme toutes les facettes de l’identité personnelle (de genre, sociale, etc.), englobe une forte dimension culturelle.

Il arrive certes que des personnes présentant des gènes traduisant des origines africaines aient la peau foncée et soient nées dans une famille de culture afro (valeurs, croyances, comportements stéréotypés, etc.). Pour ces personnes, les trois composantes de l’identité « ethnique » mentionnées ci-dessus s’accorderont parfaitement et viendront valider la pertinence des catégories auxquelles tout un chacun a spontanément recours pour classer ses congénères. Cependant, il est des individus pour lesquels ces trois facettes ne coïncident pas.

L’existence des Noirs-dans-des-peaux-de-Blancs suggère en effet que les dimensions de l’identité « ethnique » ne sont pas forcément réunies chez un individu donné : si ces personnes possèdent des gènes (et une culture) qui invitent à les classer dans la catégorie des Noirs, leurs traits les rattachent au groupe des Blancs. On peut également penser au cas encore plus complexe, mais non moins réel, d’une personne dont les gènes traduisent des origines africaines et européennes, présentant des traits qui lui valent d’être systématiquement classée dans la catégorie des Asiatiques (des Jaunes ?), et qui de surcroit a grandi dans un monde européen, et donc actuellement[2] majoritairement blanc, dont elle a épousé la culture à l’instar de ses camarades au physique caucasien. Ceux qui la verront sur un cliché n’auront aucun doute sur son identité asiatique, voire sur sa « race », et ils y associeront peut-être les clichés les plus éculés (assiduité au travail, etc.). Pourtant, cette personne aura vraisemblablement une tout autre représentation d’elle-même…

Ces cas indiquent que la concordance des composantes de l’identité « ethnique », chez un individu particulier, ne relève pas tant de la nécessité mais bien plutôt de la contingence. Ils suggèrent qu’un individu peut ne pas être noir, ou blanc, à tous points de vue, qu’il peut ne pas être noir, ou blanc, selon toutes les composantes mentionnées ci-dessus.

Il importe en outre de souligner que les marqueurs socioculturels sont plus flexibles que les marqueurs biologiques. De ce point de vue, l’identité ethnique doit non seulement être envisagée comme une identité complexe, mais elle doit également être considérée comme une identité plastique, susceptible de changer au fil d’une existence. En effet, si une telle identité se joue pour une part non négligeable dans culture particulière, alors elle n’est pas une identité figée et inscrite dans quelques marqueurs biologiques indélébiles : elle est peut-être avant tout une identité relationnelle qui se construit progressivement dans un environnement socioculturel particulier, une identité qui se joue principalement dans une relation à la communauté socioculturelle dans laquelle un individu évolue.

Des catégories poreuses, des identités complexes et fluctuantes

Dans ce contexte, on ne voit pas comment les individus pourraient être classés, de façon simpliste, dans des catégories étanches. Plus précisément, on ne voit pas pourquoi l’identité noire, ou blanche, serait inaccessible à ceux qui n’en présenteraient pas toutes les composantes ; on ne voit pas à quel titre ceux qui ne sont pas génétiquement ou phénotypiquement noirs, ou blancs, mais qui se représentent comme tels, devraient, comme Rachel Dolezal aux Etats-Unis, susciter la circonspection de leurs compatriotes ou être appréhendés comme des exceptions. Finalement, on ne voit pas au nom de quoi une distinction « ethnico raciale » stricte pourrait être établie entre des individus qui constituent une nation, aux Etats-Unis comme en France. Si l’on a beaucoup insisté sur les propos caricaturaux de Nadine Morano concernant la « race blanche », il serait intéressant de savoir comment une institution comme le CRAN[3], en France, définit l’appartenance à la communauté noire.

Le concept de « transrace » – qu’il faudrait sans doute reformuler en « transethnie »  –  a été proposé pour caractériser le cas de Rachel Dolezal, en écho au concept de « transgenre » mobilisé pour décrire des personnes présentant une identité de genre ambiguë. A l’instar de l’identité ethnique, l’identité de genre est en effet déterminée par des dimensions à la fois biologiques (chromosomiques, morphologiques) et socioculturelles (comportements stéréotypés masculins ou féminins, etc.), et il arrive qu’un individu ne soit pas homme, ou femme, à tous points de vue.  Dans le cas de l’ethnie comme dans celui du genre, le préfixe trans, qui renvoie à l’idée d’un passage, paraît opportun pour saisir la situation des personnes chez qui les différentes composantes d’une partie de l’identité personnelle ne concordent pas. Dans un cas comme dans l’autre, il paraît opportun pour appréhender la complexité d’identités que l’on a trop tendance à résumer à leurs composantes biologiques.

Non, faire le tri entre les Noirs, les Blancs et les autres n’est pas une question de bon sens ! Le bon sens, à l’heure de réfléchir aux divers aspects de l’identité personnelle, est sans doute l’option la plus indigente, humainement parlant. N’en déplaise à ceux qui aiment que les choses restent à leur place, les identités « trans », qu’elles soient de genre ou ethniques, sont une réalité que le XXIe siècle ne peut plus continuer d’ignorer. Ces considérations ne doivent évidemment pas nous exonérer d’une réflexion sur les discriminations dont sont victimes les personnes perçues comme noires, en France comme aux Etats-Unis, sachant la condition subie des Noirs américains pourrait avoir été le socle de l’indignation suscitée par l’affaire Rachel Dolezal outre-Atlantique. Cette condition, d'ailleurs, est peut-être la quatrième composante de l'identité ethnique, une composante qui mérite sans doute quelques développements dans un prochain article.


[1] Les informations qui circulent sur Rachel Dolezal étant souvent imprécises et controversées – certains lui reprochent d’avoir falsifié son identité pour obtenir des « privilèges » réservés à la communauté afro-américaine, notamment un poste d’enseignante à l’université de Washington (Eastern Washington University) – il ne s’agira pas ici de se livrer à une plaidoirie en faveur de l’accusée. L’histoire de Rachel sera simplement envisagée comme un cas d’école pour réfléchir aux fondements de l’identité raciale, aux Etats-Unis comme ailleurs.

[2] C’est-à-dire non essentiellement

[3] Conseil Représentatif des Associations Noires de France

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